Bourbon-Condé, Louis II de (prince de Condé) [signé] [faux] [1652], LETTRE DE MONSEIGNEVR LE PRINCE DE CONDÉ ESCRITE AV C. MAZARIN. , françaisRéférence RIM : M0_2007. Cote locale : B_14_13.
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LETTRE
DE MONSEIGNEVR
LE PRINCE
DE
CONDÉ
ESCRITE AV C. MAZARIN.

Iouxte la coppie Imprimée à Bordeaux.

M. DC. LII.

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LETTRE
DE MONSEIGNEVR
LE PRINCE
DE
CONDÉ.

M...

Ie n’ay que trop enduré de vous
pendant le pouuoir que vous auoit
donné sa Majesté, vos desseins m’ont

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esté tousiours desaduantageux ; pourtant
la tyrannie seule que vous auez
exercé contre tout le peuple François
m’a fait armer pour m’opposer
à vostre retour, puis que tout seroit
perdu si vous gouuernies, & si vous
vous faisiez passer pour le pillier de
la France, comme vous auez esté autrefois.
Vous voicy de retour sous
ombre des volontez du Roy, vous
auez des troupes aguerries : mais souuenez
vous que si le sang des plus fidelles
qui sont auec moy, & qui ont
abandonné leur destructeur est respandu
pour satisfaire à vostre ambition.
Ce sera auec gloire, & il ne
vous en coustera rien moins que
vostre teste. Ie suis marry de vous
l’annoncer, & les cœurs genereux ne
se glorifient pas auant le combat ; la
iustice de ma cause m’authorise de
telle façon que ie me crois victorieux

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au premier choc pourueu que vous
y soyez ; ie louë Dieu le Souuerain
Autheur de toutes choses de ce qu’il
liure le Iudas des peuples à ceux qui
ont plus de sujet de se plaindre, & ie
me contente de mourir pourueu
que par vostre mort i’aye restably la
liberté publique, & la tranquilité
de l’Estat. Vous vous mocquez des
Arrests souuerains, vous vous riez
de la maison Royalle, vous faites
enfin vostre ioüet de toute la Noblesse :
si vous auez quelque deserteurs
de patrie, ce n’est que l’interest,
ou vos promesses qui les y portent :
vostre credit est abattu, & ie
pretends en nouueau Moyse de trauerser
les riuieres à pied sec, fendre
les montagnes, & vaincre sans donner
bataille, puisque Dieu est lassé
des abus que vos debordemens ont
causé. Vostre naissance, vostre merite,

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vostre fortune, vos actions,
vos victoires, & vos succez sont, ou
illegitimes, ou vils ou temeraires :
car si l’on considere vostre naissance,
elle est estrangere & de sort bas lieu,
vostre merite ne peut pas colorer
vos meschanceez puisque vos actions
n’ont esté iusqu’à present iniustes,
vostre fortune n’est que pour
vous accuser d’ingratitude de n’auoir
pas vsé du ministere selon l’equité,
& vos succez, & vos victoires
n’ont esté qu’au preiudice de la Couronne.
C’est ce qui m’oblige à vous
escrire : car de vous represẽter vostre
vie, vous la sçauez assez, & ie ne vois
que trop les troubles, & les malheurs
dont vous estes le motif, desquels ie
ne me plains que pour le peuple que
ie cheris. Ie vous conseille donc de
vous retirer, il ne sera pas temps lors
que ie vous auray entrepris, la bonté

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que i’ay de vous donner cét a duis
n’est autre que puisque i’ay seruy d’instrument
à vostre maintient, ie me repens
de la faute, & pour le souuenir
il me fascheroit de ruiner vos desseins
si ie ne m’y voyois obligé parla raison.
Si vous continuez dans vos opiniastretez,
ie vous declare que ie m’assureray
de vostre personne, à celle fin
que mes soldats vous exposent à la
teste des armées cõme Holopherne,
& ie ne perdray pas vn moment pour
le soulagemẽt de la Frãce, qui est ruinée
de tous costez par vos volleries.
Esuitez cét orage autrement ie vous
feray voir que ie suis & seray iusques
à la derniere goutte de mon
sang,

 

Vostre iuste ennemy,

LOVIS DE BOVRBON

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Bourbon-Condé, Louis II de (prince de Condé) [signé] [faux] [1652], LETTRE DE MONSEIGNEVR LE PRINCE DE CONDÉ ESCRITE AV C. MAZARIN. , françaisRéférence RIM : M0_2007. Cote locale : B_14_13.