Bourbon, Louis de [signé] [1652], LETTRE DE MONSEIGNEVR LE PRINCE DE CONDÉ, Escrite à Son Altesse Royale sur le sujet de la Paix. Ensemble les trahisons du Cardinal Mazarin découvertes par ledit Prince de Condé. , françaisRéférence RIM : M0_2008. Cote locale : D_1_56.
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LETTRE
DE MONSEIGNEVR
LE PRINCE DE CONDÉ,
Escrite à Son Altesse Royale sur
le sujet de la Paix.

Ensemble les trahisons du Cardinal Mazarin
découvertes par ledit Prince
de Condé.

A PARIS,
Sur l’Imprimé, Chez la Vefve IEAN GVILLEMOT, ruë des Marmouzets,

M. DC. LII.

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Avssi tost que Vineüil fut arriué auprés de
Moy de la part de vostre Altesse Royale,
ie fis partir vn Courier pour répondre à la Lettre
qu’elle m’auoit fait l’honneur de m’escrire, & comme
i’avois veu qu’on n’auoit eu aucun respect pour
le passeports de vostre Altesse Royale à Poictiers,
& qu’on auoit ouuert les Lettres & les malles de
Vineüil en retournant, qu’on l’auoit arresté en allant,
enfin qu’on ne gardoit en façon quelconque
la foy publique qui est sacrée auec les Nations mesmes
les plus barbares. Ie me resolus de l’addresser à
Monsieur de Brienne, & le prier de le faire passer iusques
à Vostre Altesse Royale croyant qu’apres cette
deference, en sçachant qu’il vous alloit trouuer &
que c’estoit pour la Paix : & par consequent pour le
repos de la France, & de la Chrestienté, on ne l’empescheroit
pas de passer, & aller iusqu’à vous. Mais
au lieu de cela, Monsieur de Brienne l’a t’enuoyé &
m’a mandé que sa Maiesté n’approuuoit pas que ie
vous enuoyasse personne, que pour mes Lettres il
vous les feroit tenir si ie voulois. Iugez Monseigneur
de ce procedé. Et vous qui n’ignorez pas non
plus que Moy qu’on ouure tous les paquets depuis
dix ans ; Vous iugerez bien que ie n’ay garde de
vous faire sçauoir toutes mes pensées par la voye de
mes ennemis, & toute la France iugera facilement

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auec vous, que ce n’est pas vouloir la paix de bonne
foy, que d’empescher que ie ne vous puisse faire sçauoir
mes pensées, presser cependant de donner contre
moy vne Declaration, & vous refuser quinze
iours en ce temps cy, comme on vous en a refusé
deux au commencement de ces affaires. Il est constant,
MONSEIGNEVR, que personne au monde
ne souhaitte la paix si ardamment que moy, & que
ie donnerois mon sang & ma vie pour voir l’Estat
dans la tranquilité où il deuroit estre, si les personnes
qui l’ont gouuerné & qui le gouuernent encore,
auoient eu d’aussi bonnes intentions que vous.
Mais ceux qui ont vsurpé l’authorité Royale, & qui
s’en seruent auec insolence pour persecuter vne
branche de la Maison Royale qui n’a pas esté tout a
fait invtile à l’Estat, & qui peut encore luy rendre
des seruices assez considerables, s’estans vnis auec le
Cardinal Mazarin, & sçachans bien que tant que ie
seray dans les bonnes graces de sa Majesté & dans
les vostres, ie ne souffriray iamais le retour de ce
Ministre, n’y qu’ils abusent du nom du Roy pour
establir leur tirannie, & pour empescher la paix qui
est si necessaire, ce qui ne peut estre que par vne
vnion veritable de toute la Maison Royale, n’oublient
aucuns artifices pour m’en esloigner : Ie ne
doute point que Vostre Altesse Royale connoissant
leur mauuaise volonté, & voyant d’ailleurs la necessité
qu’il y a de procurer cette vnion qui est si necessaire
ne face connoistre à sa Maiesté ce qui l’empesche,

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& ce qui trouble son Royaume, & si elle a encore
la bonté de sçauoir plus particulierement mes
sentimens sur l’estat present des affaires, qu’elle
m’enuoye vne seureté veritable pour vne personne
que ie luy enuoyeray, en sorte qu’elle ne soit ny
foüillée ny arrestée, vous protestant cependant,
MONSEIGNEVR, que ie ne souhaitte rien auec
plus d’ardeur qu’vne paix asseurée dedans, & dehors
le Royaume, que i’y contribueray tousiours de mon
sang, & de ma vie, i’exposeray tousiours l’vn &
l’autre pour vous tesmoigner que ie suis.

 

MONSEIGNEVR,

De Vostre Altesse Royale ; tres-humble,
& tres-obeyssans
seruitur,

LOVIS DE BOVRBON :

Du Camp de la Bergerie,
le 29 Decembre 1651.

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Bourbon, Louis de [signé] [1652], LETTRE DE MONSEIGNEVR LE PRINCE DE CONDÉ, Escrite à Son Altesse Royale sur le sujet de la Paix. Ensemble les trahisons du Cardinal Mazarin découvertes par ledit Prince de Condé. , françaisRéférence RIM : M0_2008. Cote locale : D_1_56.