Bourbon, Louis de [signé] [faux] [1652], LETTRES DE MONSEIGNEVR LE PRINCE, ESCRITES A LA COVR DE PARLEMENT, ET CAPITOVLS DE TOLOSE: Sur la defaite des Troupes du Marquis de S. Luc à Miradoux. , françaisRéférence RIM : M0_2272. Cote locale : B_7_32.
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LETTRE DE MONSEIGNEVR
le Prince à Messieurs les Capitouls de Tolose.

MESSIEVRS,

Sur l’aduis que ie receus que les troupes du Cardinal Mazarin,
commandées par le sieur de S. Luc, rauageoient entieremẽt la haute
Guyenne, ie me resolus d’y venir en diligence, pour m’opposer
à tous ces desordres, & tascher à restablir le commerce entre Tolose
& Bordeaux, qu’elles auoient interrompu : & comme il a pleu
à Dieu de benir les armes du Roy, que ie commande, en sorte que
toute l’armée dudit sieur de S. Luc a esté entierement defaite à Miradoux ;
i’ay creu vous en deuoir donner aduis, & vous prier par ces
lignes, de faire tout ce qui dépendra de vous, pour le restablissement
dudit cõmerce, qui contribuëra beaucoup à la tranquilité, & à l’auantage
reciproque de vostre Prouince, & de celle cy. Faites-moy
connoistre ce que vous croyez que ie puis apporter de mon authorité,
afin que ie m’y employe de mon costé. I’ay donné charge au
sieur Cheualier de Riuiere de prendre la dessus vos bons auis, de
vous asseurer de ma bonne volonté en toutes rencontres, & que ie
suis,

MESSIEVRS,

Vostre tres-affectionné à vous seruir, LOVIS DE BOVRBON.

Du camp deuant Miradoux,
ce 25. Feurier 1652.

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Sur le mesme sujet.

SONNET.

 


Prince dont le merite épuiseroit mes Vers ;
Si Paris outragé ne m’imposoit silence,
Ie croy connoistre assez dans ce fameux reuers
La cause de son mal, & de ta violence.

 

 


Quel qu’eust esté l’éclat de mille exploits diuers
Quand de nos ennemis tu domptois l’insolence,
Condé ne seroit pas craint de tout l’Vniuers,
Si sa foy mieux gardée en exceptoit la France.

 

 


Si c’est pour ce motif que ton bras est armé
Contre le seul repos de son peuple allarmé,
Souuien-toy que ton ame en veut à ta Patrie ;

 

 


Et que si cet orage a pour toy des appas,
On pourra voir ta gloire également flestrie
Par le malheur de vaincre ou de ne vaincre pas.

 

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LA FRANCE IRRITÉE,
à Iule Mazarin.

 


Infame & noir Auteur de tout ce que ie souffre,
Démon que de l’Enfer Mont Gibel a vomy,
Retourne à ta patrie, & replonge en ce goufre
De l’estat que tu pers le plus lâche ennemy ;
Si ton esprit pourtant ne voit rien qui l’attire
Où la Terre & le Ciel veulent qu’il se retire,
Et s’il craint son retour en ce beau lieu natal
Rome, où tu peux aller, est vn séjour bien autre :
Filou qu’à mon repos i’éprouue si fatal
Vas-y voir tes Loüis & laisse nous le nostre.

 

Seruice rendu par Iule Mazarin
à la France.

 


Peuple que le seul nom d’vn Cardinal afflige
Lors que pour le loüer nous faisons quelque effort,
Que t’a fait Mazarin qui te fâche & t’oblige
A detester sa vie & souhaitter sa mort ?
Il a quelque raison, lors que ta haine éclatte,
De l’estimer injuste & la nommer ingratte
Puis que de ses beaux faits chacun voit la splendeur.
De tes ressentimens modere la saillie,
Et confesse auec moy qu’il aime ta grandeur
Si par luy tes Louys regnent en Italie.

 

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Responses de l’Echo de Charenton
aux plaintes de la France.

 


Qvelle des Nymphes de la seine
Dont les entretiens sont si doux
Me veut promettre de ma peine
La fin que i’implore à genoux ? Nous.
Deuineresse bocagere,
Que l’esperance est bien legere
Qui calme par fois mes ennuis ;
Et que c’est en vain que ie tâche
De faire en l’estat où ie suis
Qu’ils me donnent quelque relâche. Lâche

 

 


C’est l’estre en effet, pauure France,
D’auoir aux larmes ton recours,
Cours enfin à ta déliurance
Sans perdre le temps en discours. Cours.
Courons, puis qu’il nous est facile
De perdre vn monstre de Sicile :
Donnons sur ce lâche ennemy ;
Donnons, le Ciel nous l’abandonne,
Nostre courroux a trop dormy
Si ton oracle me l’ordonne. Donne.

 

 


Ouy ie vois mes François prests sans plus discourir
A releuer l’honneur de leur mere abbatuë :
Mais dois-je le chasser ou le faire mourir
Afin que pleinement ton ordre s’effectuë ? Tuë.

 

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A Monsieur le Duc de Beaufort.

Protecteur du Peuple outragé.

EPIGRAMME.

 


Illustre appuy dont la valeur
Peut rendre aux François tout facile,
Et d’où va naistre le mal-heur
De ce Monstre de la Sicile :
Vaillant de Beaufort, en ce ieu,
Epargnant le fer & le feu :
N’arme tes mains que d’eau beniste,
Et nous croirons touchant ce poinct,
Que s’il ne prend bien-tost la fuitte,
Les Diables ne la craignent point.

 

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Bourbon, Louis de [signé] [faux] [1652], LETTRES DE MONSEIGNEVR LE PRINCE, ESCRITES A LA COVR DE PARLEMENT, ET CAPITOVLS DE TOLOSE: Sur la defaite des Troupes du Marquis de S. Luc à Miradoux. , françaisRéférence RIM : M0_2272. Cote locale : B_7_32.