Anonyme [1652], RESPONSE DV ROY, SERVANT DE REPLIQVE, A LA DERNIERE LETTRE DE SON ALTESSE ROYALE. ARTICLE PAR ARTICLE Les Desseruices que les Mazarins ont rendu à sa Majesté, Le changement qu’ils ont faict en ses Conseils, Auec les Moyens de preuenir leurs mauuais desseins. , françaisRéférence RIM : M0_3441. Cote locale : B_2_15.
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RESPONSE
DV ROY SERVANT DE REPLIQUE
à la derniere Lettre de son Altesse
Royale.

Article par article.

LE siecle est auiour d’huy tellement peruerty
& corrompu que les meschans & criminels
veulent estre passez pour innocens & gens de
bien, & tiennent ceux qui ont tousiours vescu dans
l’integrité d’vne vie innocente & sans reproche
pour seditieux, ennemis du Roy & de l’Estat,
pour ne vouloir approuuer la mauuaise administration
du Cardinal Mazarin, mais l’en sçait assez
que ceux qui décrient les actions des bons
François & fidelles seruiteurs de sa Majesté sont
ceux là mesme qui sont traistres à leur patrie, en
deffendant la conduite d’vn estranger, que tout
le monde cognoist estre le veritable autheur de
tous les maux que la France a souffert dans son
Ministere ; C’est la croyance de tous les peuples,
c’est vne verité si cogneuë & vn mal si sensible, que
les estrangers mesmes en sont scandalisez & blasment
les François d’auoir si long-temps souffert

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vn tel Ministre (qui semble estre enuoyé du
Ciel comme vn fleau de Dieu pour chastier nos
crimes comme vn autre à trilla) sans s’en deffaire
comme ils eussent fait tant de fois s’ils eussent esté
plus amateurs de leur repos qu’ils ne sont, & se
fussent liberez d’vne telle peste qui a corrompu
tous les ordres du Royaume.

 

Ceux qui flattent ces maluersations & veulent
que l’on croyẽt que Mazarin a rendu de grands &
fidelles seruices au Roy & à l’Estat, sont obligez
à cela pour auoir auec luy profité de la ruine du
peuple, & ont esté par luy admis en des employs
pour effectuer ses mauuais desseins, tant en France
qu’és païs estrangers, & les connoist par leurs
noms & surnoms, & par leurs actions infames,
scandaleuses & preiudiciables, non seulement à
la France, mais à toute la Chrestienté. Les nations
estrãgeres qui ont eu affaire à eux les ont cogneus
pour des fourbes manifestes, & les ont declarez
tels, tant par leurs agens que par les escrits qu’ils
ont faits contr’eux, tant en Allemagne qu’aux
Pays-bas, en tous lesquels païs où Mazarin les a
enuoyez pour executer ses ordres, ils y ont semé
la zizanie pour y entretenir la guerre & le trouble,
comme vn Ange de tenebres, auquel la lumiere
de la verité déplaist, veritable ennemy de
la paix qui ne sçauroit viure sans mal faire, & qui
n’a autre pensée que pour ruiner les vns & les
autres.

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Cela se void assez par la response faicte au nom
& sous l’authorité du Roy (sans que sa Maiesté y
aye donné aucun consentement) à la lettre que
Monsieur le Duc d’Orleans a escrite à sa Maiesté
pleine de ciuilitez & de submissions, pour luy
faire entendre comme ces meschans Conseillers
ont fait parler le papier, & publier des choses ausquelles
on ne croit pas que le Roy ait iamais pensé,
estant toutes contre son inclination portée à
regner plustost dans le cœur de ses peuples qu’au
regne auquel la Diuine bonté l’a appellé, l’aage ne
luy permet de penetrer encores les forberies, les
artifices, & les inuentions malicieuses de telles
gens, qui tendent à ruyner & diuiser la Maison
Royale, & mettre les Princes du Sang en mauuais
ordre parmy le peuple, n’y ayant à leur compte
aucun qui soit plus fidele & necessaire que
Mazarin pour son grand esprit, & la parfaicte cognoissance
qu’il a des affaires. Cela seroit à insinuër
aux esprits foibles, simples & ignorans, qui
ne peuuent pas penetrer la subtilité de semblables
traistres & imposteurs, qui ont bien d’autres
pensées que ce qu’ils font publier par leurs imprimez,
pour dupper la populace : mais les plus
clair-voyans & les personnes d’esprit qui ne sont
portez de passion ny d’interest qu à seruir le Roy
& procurer le repos à l’Estat en iugent bien autrement,
& voyent bien le but où ils tendent, & le

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meschant dessein qu’ils ont de se maintenir dans
les troubles, & mettre la diuision & la dissention
entre tous les ordres de France, par ceux qu’ils
reçoiuent tous les iours de Mazarin, qui n’ignore
rien de ce qui se passe au Royaume, cõme estant
assez soigneux de l’informer de tout, & pour cela
ils tirent de grosses pensions & de bons appointemens
de luy, & ont les premieres charges au
Conseil du Roy.

 

Ce discours est comme vn auant-propos des
Memoires suiuans, qui seruiront de Replique à la
Response publiée fous le nom du Roy à la lettre
de son Altesse Royale escrite à la Maiesté.

Pour le premier article de la Response du Roy,
où l’on faict aussi parler sa Majesté. On attaque les
Ministres, & on descrie la conduitte des affaires,
comme vous faites aujourd’huy, vous voulez me
faire croire que le retour de mon cousin le Cardinal
Mazarin est la cause de la prise des armes, & ne
voulez pas vous souuenir qu’il estoit bien auant
dans l’Allemagne, & bien esloigné de reuenir dãs
mon Royaume comme on a commencé de les
prendre : vous sçauez tres-bien qu’il ne se parloit
point de sa venüe, quand au mois d’Octobre dernier
la mauuaise conduite des Princes de Condé
& de Conty qui s’estoient retirez de ma Cour,
faisans les mescontens & sans prendre congé de
moy m’obligea d’aller en personne dans ma Prouince
de [1 mot ill.]

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Replique. La ville de Paris receut auec joye la
nouuelle de la sortie du Cardinal Mazarin, elle
est rauie de voir que par son propre faict il a facilité
sa perte, & que son esloignement volontaire
auoit preuenu les maux que son obstination eust
pû apporter : Mais cette joye estoit accompagnée
de crainte, se doutant bien qu’il ne s’estoit éloigné
que pour changer la conjoncture des affaires
& donner vne meilleure face à sa fortune : elle apprehendoit
que venant à reüssir dans ses desseins
il n’exerçast de cruelles vengeances contre ses
Habitans, elle craignoit que cette retraitte precipitée
ne fut suiuie de celle du Roy & de la Reyne,
comme elle fut, & qu’il ne fust sorty de Paris
que pour leur en monstrer l’exemple. Le Parlement
prit part à cette joye, il n’estoit pas encore
asseuré si cette seconde tentation pour le chasser
auroit son succez, la premiere n’ayant pas reüssi
laquelle luy donnoit vne ouuerture toute entiere
non seulement de l’exclure pour iamais des Conseils
du Roy, mais de le pousser hors du Royaume
sans esperance de retour, car iugeant qu’il
croiroit auoir satisfait à l’Arrest que de s’estre absenté
de la Cour & des Conseils du Roy pour
quelque temps, & son intention estant de deliurer
pour tousiours l’Estat de cét Estranger & malheureux
Ministre, le Parlement se resout de poursuiure
sa sortie hors du Royaume sans retour.

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L’aduis de cét Arrest surprend plus que iamais
la Reyne, elle s’estonne de voir qu’on ne se contente
pas de l’esloignement du Cardinal Mazarin
hors de la Cour, qu’on demande encore sa
sortie hors du Royaume, c’est à dire, vn bannissement
perpetuel.

La Reyne au contraire donnant audiance au
Parlement qui l’alloit remercier de l’esloignement
du Cardinal Mazarin, dit, qu’il n’estoit sorty
de la Cour que pour affaires importantes à
l’Estat. On recogneut par cette response de la
Reyne veritable ce qu’on auoit pense, que le Cardinal
Mazarin pretẽdoit ne s’estre retiré que pour
quelque temps, & que la Reine n’auoit consenti
son éloignement, que pour lui donner moyen de
parer le coup duquel il estoit menacé : cette consideration
fait prendre vne genereuse & derniere
resolution au Parlement, il ordonne que le Cardinal
Mazarin vuideroit hors du Royaume & des
terres de l’obeyssance du Roy dans quinzaine, sinon
& à faute de ce faire, ledit temps passé, seroit
procedé contre luy extraordinairement, & permis
aux communes & autres luy courir sus.

Mais tant s’en faut qu’il se fust retiré hors de
France pour n’y plus retourner, & éloigné des
Conseils du Roy, qu’au contraire auant sa sortie
hors de France, dans la conference tenuë entre
les Deputez de la Reyne & de Monsieur le Duc

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d’Orleans pour la liberté de Monsieur le Prince.
Le Cardinal Mazarin, qui auoit aduis de
tout, furent en cette conference & par son
conseil arrestez quelques articles proposez
pour la liberté de Messieurs les Princes. Sçauoir,
Que presentement seroient expediez les
ordres necessaires pour leur sortie. Qu’estant
en liberté ils seroient remis dans leurs charges
& Gouuernemens, mais n’y pourront donner
aucun ordre de deux ans, & ne seront restablis
dans la possession des places fortes, desquelles
le Roy leur auoit conferé la garde, que dans
quatre ans. Que toutes les charges de la Maison
du Roy & suruiuances accordées à diuers
particuliers pendant la detention de Monsieur
le Prince, seroient confirmées, & que le Chasteau
de Mouron seroit mis dans huict iours
du iour de sa liberté, entre les mains du Roy &
de la Reyne, pour luy estre restitué dans quatre
ans. La fuitte fait voir que le Cardinal Mazarin
fit proposer ces conditions en apparence sous
couleur de chercher des seuretez pour le repos
de l’Estat : mais pour en tirer aduantage
afin de subsister contre la poursuitte du Parlement
& le party de Monsieur le Duc d’Orleans.

 

Il sort donc hors du Royaume, il se rend à
Bonne pres Cologne ville appartenant à l’Archeuesque

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& Eslecteur de Cologne, mais sous
esperance de repasser la mesme année en France :
car plus de trois mois deuant, il auoit fait
bailler au Comte de Noüant cinq cents mille
liures pour leuer vn Regiment de Caualerie &
vn d’infanterie, il en fit aussi deliurer au Mareschal
d’Oquincourt, & au Comte de Quinsay,
pour faire des troupes au sieur Faber Gouuerneur
de Sedan, pour mettre vn Regiment sur
pied, & estant à Bonne, il achepta les troupes
Allemandes, de l’Electeur de Brandebourg,
qu’il auoit leuez pour la guerre qui estoit entre
luy & le Duc de Neubourg, & qui estoit
terminée par la Paix qui se fit entr’eux. Il fit
aussi faire des recruës au General Maior Rose,
tout cela pour retourner en France auec armes
comme il fit le 25. Decembre iour de Noël
qu’il se rendit à Sedan.

 

Pendant lequel temps de trois ou quatre
mois Monsieur le Prince apres sa sortie du Havre,
ne treuuant seureté en Court se retira auec
le Prince de Conty son frere, Madame la Princesse
sa femme, & le Duc d’Anguien son fils en
Berry, où par les conseils du Cardinal Mazarin
la Reyne mena le Roy en Berry, osta la ville
& la grosse Tour de Bourges au Prince de
Conty, & enuoya le Comte de Palluau auec
armes assieger le Chasteau de Moúron, pendant

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que Monsieur ie Prince estoit allé en Guyenne
prendre possession de son Gouuernemẽt,
où voyant qu’on luy auoit declaré la guerre, il
leua quelques troupes de gens de guerre pour
sa defense, & que l’on considere si le Cardinal
Mazarin estant en Allemagne bien éloigné
de reuenir en France, comme porte la Respõse
du Roy, ne donna-il pas tous les ordres necessaires
pour y repasser comme il fit auec armes.

 

La mesme Response porte, Pendant que son
frere commençoit de faire ouuertement la
guerre dans la Guyenne, quand apres auoir
pourueu à la seureté du Berry & des Prouinces
voisines, ie m’aduançay iusques à Poictiers,
& fus contraint de faire marcher mes trouppes
en diligence pour secourir Cognac ; peut-on
dire que le retour de mon Cousin le Cardinal
qui ne bougeoit des enuirons de Cologne, où
il auoit estably son sejour, eust fait attaquer
cette place ? eust faict declarer Taillebourg,
surprendre Xaintes, faire des leuées de gens de
guerre, saisir mes reuenus, & exercer des hostilitez
par tout, pendant que le Prince de Condé
allumoit ainsi le feu dans mon Royaume.

Replique. Trouuera on mauuais que Monsieur
le Prince se met en estat de se defendre &
s’emparer de la ville de Xaintes & d’autres
lieux pour sa seureté, contre l’armée qui est enuoyée

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contre luy sous la conduite du Comte
de Harcourt, auec ordre de le poursuiure, &
d’empescher la Guyenne de luy obeyr comme
elle deuoit puis qu’il en estoit Gouuerneur, &
qu’il y auoit dans la Prouince des adherans du
Duc d’Espernon qui leuoient, ce qui fut cause
que la ville de Bordeaux se declara pour
Monsieur le Prince, afin de se maintenir contre
les Emissaires du Cardinal Mazarin. Voyant
Monsieur le Prince qu’on ne se contentoit de
l’auoir despoüillé du Gouuernement de Berry,
mais qu’on luy vouloit prendre son Chasteau
de Mouron, & que pour auoir armé contre ses
ennemis, on auoit porté le Roy à faire vne Declaration,
le rendant criminel de leze-Maiesté,
laquelle fut verifiée au Parlement de Paris par
les Officiers d’iceluy, qui tenoient le party Mazarin,
nonobstant l’opposition qu’y fit Monsieur
le Duc d’Orleans, considerant que les actions
de Monsieur le Prince n’estant point
contre le seruice du Roy, mais seulement pour
se defendre contre les Mazarins. Il ne deuoit
pour cela estre declaré criminel de leze-majesté.

 

Response. Lors que le Prince de Condé allumoit
ainsi le feu dans mon Royaume, si vous
eussiez affectionné le repos, ou mes interests,
autant que vous le tesmoignez, vous n’eussiez

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pas empesché dans Paris, comme vous faisiez,
qu’il fust declaré criminel de leze-Majesté, afin
qu’il peust impunément & sans obstacle executer
le traicté qu’il auoit fait auec les Espagnols
pour le demembrement de mon Estat. Il est vray
que vous auez tousiours fait parestre de l’horreur
contre de semblables desseins : mais vous
ne remarquez pas que c’est estre doublement
coulpable d’y prendre part, en mesme temps
que vous les condamnez, de vous associer par
des traictez particuliers auec le Prince de Condé,
qui les a formez, de l’appuyer en toutes ses
entreprises, & de joindre publiquement vos
trouppes auec les siennes, & celles d’Espagne
qui agissent conjointement contre moy.

 

Replique. Il faudroit estre sans esprit & iugement
de s’imaginer que son Altesse Royale
abandonne les Princes du Sang, & le grand subject
qu’il a de les maintenir, comme estant Monsieur
le Prince son bras droict, & qu’on ne le
peut pas ruyner sans qu’il en reçoiue le contrecoup.
C’est pourquoy il ne faut trouuer estrange
si sa mesme Altesse Royale a accepté son
alliance, & joint ses forces aux siennes, qui ne
sont que pour le seruice du Roy, contre les Mazarins
leurs ennemis, qui cherchent tous moyẽs
de le perdre, comme ils font Monsieur le Prince,

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& voyant Mazarin appellé à faire venir les Estrãgers
en France pour la ruyner, trouuera-on
mauuais si Messieurs les Princes ont acceptez
& receuë celles d’Espagne pour se deffendre
contre luy qui voudroit bien les voir desarmez
pour plus facilement les traicter à son plaisir,
comme il fait dire au Roy par l’Edict de son
Amnistie, que trois iours apres sa retraicte hors
de France, Messieurs les Princes poseront les
armes & renonceront à toutes ligues & associations
auec l’Espagnol. Que si sadite Altesse
n’eust pris la protection & la deffense de Monsieur
le Prince, le Cardinal Mazarin l’auroit
perdu. Mais que l’on iuge autrement de son Altesse
Royale, que iamais il ne se departira du seruice
& de l’obeïssance qu’il doit au Roy auec
iustice & raison, comme il a tousiours protesté
iusques à present. Que la guerre qu’il entreprend
n’est point contre son Souuerain ny pour contribuer
à la desolation du Royaume, comme il
est malicieusement accusé par cette Rẽsponse.
Au contraire il employe tout moyens pour
l’empescher de faire cesser la guerre & d’establir
la paix generale.

 

Response, Comment pouuez vous apres cela
persuader que vous desirez la gloire & la conseruation
de cette Monarchie, puis que vous trauaillez

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ouuertement à son abbaissement & que
vous occupez ses principales forces dans ses entrailles,
affin de donner moyen à ses anciens
ennemis de regaigner au dehors les auantages
qu’elle auoit acquis sur eux dans vne iuste
guerre, luy faisant faire des pertes que des
siecles entiers ne sont point capables de reparer.

 

Replique. Qui a plus grand interest de conseruer
l’Estat que son Altesse Royale en cette
qualité de Fils de France, & oncle du Roy, que
la nature oblige de deffendre l’heritage de son
Nepueu. Aussi les armes qu’elle a prises n’ont
esté que pour empescher l’agrandissement
qu’vn Estranger vouloit trouuer dans l’affoiblissement
& abbaissement de cette Monarchie
par la diuision qu’il a mise dãs la maison Royale
en la ruine des Princes du Sang & des Cours
Souueraines ? N’est ce pas le Cardinal Mazarin
qui a fait ruiner la Guyenne par le trouble ciuil
qu’il y a fait naistre, se seruant de l’authorité
& des armes du Duc d’Espernon qui fit son possible
pour perdre la ville de Bordeaux Capitale
de la Prouince, pendant qu’il en estoit Gouuerneur
& mettre la desolation par tout le
pays : Qu’est ce qui a employé les principales
forces du Royaume dans ses entrailles afin de

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donner moyen à ses anciens ennemis de regaigner
au dehors les auantages qu’elle auoit acquis
sur eux dans vne iuste guerre : Ceux qui
nous doiuent nous demandent, & ceux qui ont
le tort sont les premiers qui se plaignent. N’est-ce
pas cet Estranger Mazarin, qui a tiré les garnisons
Françoises qui estoient aux pays bas, en Italie,
& en Catalogne pour les faire entrer dans
les entrailles du Royaume, comme en la Guyẽne,
en Picardie, en Champagne, en Berry & au
Blocus de Paris, où Monsieur le Prince qui y fut
employé ne fit tout ce que la rage & la passion
de ce Cardinal luy auoit suggeré contre cette
ville tres fidelle & innocente, & seruit beaucoup
l’entremise de Monsieur le Duc d’Orleans
pour terminer heureusement ce trouble par vn
accommodement qui n’apporte aucun changement
à l’Estat ny à la ville de Paris. N’a il pas
desnué Grauelines, Hesdin, Bapaume, Bethune,
la Bassée d’vne bonne partie des garnisons qui
y estoient, pour venir fondre en France & penetrer
iusques dans ses entrailles. Et pour bloquer
Paris, ne fit il pas venir l’armée qui estoit en Catalogne,
en Italie & en Lorraine, qui a tiré le
Mareschal du Plessie Praslin qui commandoit
les armes du Roy en Piedmont & au Montferat
qui a fait perdre Piombino & Portolongone

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que nous auons pris & qui ont esté repris par
l’Espagnol à l’instance de toute l’Italie, dautant
que le Cardinal Mazarin les faisoit seruir de retraicte
aux pirates qui voloient & piratoient
les Marchands : Qui est cause que nous auons
perdu Courtray que ce Cardinal, qui en fit sortir
le Comte de Palluau & vne partie de la garnison
Françoise, & abandonna la place & sa Citadelle
aux ennemis : le mesme est il de Grauelines,
laquelle mal pourueuë de Soldats qu’il en
a tiré à faciliter son siege & la prise par l’Espagnol,
& de Dunquerque ayant laissé le sieur de
l’Estrade sans aucun moyen de payer sa garnison
& de la fournir de munitions necessaires,
de telle sorte que se voyant assiegé il s’est veu
contraint de rendre cette place si importante
& qui a tousiours entretenu la pyraterie sur nos
Marchands : Qu’elle perte cet Estranger n’a il
causé à la France par l’entretenement de la
guerre Ciuile qui a fait voir vn si grand nombre
de banqueroutiers entre les Marchands, volé
tant de tresors causé la mort à tant & de si vaillans
Capitaines, la ruine de tant de villes de
Bourgeois d’Eglises & de Monasteres reduit le
peuple des Prouinces à l’aumosne, tant de lieux
brullez s’accagez & pillez, sans parier d’vn si
grand nombre de vierges & de femmes violées,

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& Cours Souueraines mal traictées & interdictes
pour n’auoir peu endurer sa renommee &
sa violence, les Magistrats mis en danger de perdre
la vie, pour auoir espousé les interests par
argent & corruption, Il faudroit vn grand volume
pour auoir espousé les interests par argent
& corruption Il faudroit vn grand volume, pour
y particulariser les actions, les meschans conseils,
les perfidies & desloyautez qui sont infinies,
ie me contente d’en marquer les principales.

 

Ie commenceray donc sur la mesme Response
qui fait reproche à son Altesse Royale. Cependant
vous faictes esclater l’apprehension que
vous tesmoignez d’auoir subject de vous defendre
de l’oppression, afin d’ébloüir le peuple, &
de vous décharger sur ceux qui me seruent fidellement
des maux que mes ennemis estrangers
& domestiques font à mon Estat par l’assistance
que vous leur donnez.

Replique. Quels seruices fidels a rendu le Cardinal
Mazarin au Roy & à l’Estat, d’auoir dés le
commencement de son Ministere osté à sa Majesté
sa compagnie de Mousquetaires à cheual,
tous ieunes hommes François, que le defunct
Roy son pere auoit choisis pour sa meilleure &
plus seure garde, & ce pour mettre des Italiens,

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afin de disposer de sa personne sacrée comme il
luy plairoit : ce que le defunct Cardinal de Richelieu
n’auoit iamais voulu faire, pour monstrer
la hayne qu’il porte aux François, & ausquels
il ne se veut fier, qui est vn des mauuais
seruices qu’il a rendus au Roy, en ce qui regarde
la garde de sa personne.

 

Et pour le Conseil de sa Maiesté, le Cardinal
y a mis certaines personnes en la place de ceux
qu’il a chassez (qui estoient experimentez aux
affaires, & n’auoient plus grands interests que
de bien & fidellement seruir & conseiller) pour
ceux qu’il cognoissoit se conformer à ses fourberies :
c’estoit vn Trium-virat, mal heureux à
la France, lequel obligeoit le Roy d’attenter
aux Loix fondamentales de cét Estat, & de se
porter à des iniustices dont il faudroit estre plus
malicieux que les Conseils pretendus pour amuser
l’innocence de ce ieune Monarque, qui ne
peut estre coulpable, sinon que de n’estre point
capable de recognoistre encores les artifices de
ces ennemis veritables de son Estat.

Mais pour nous arrester au Conseil que le
Roy a maintenant, qui le tient comme obsedé &
captif. Conseil composé d’Estrangers, de trois
Anglois ennemis anciens de la France, & d’vn
Sauoyard auquel on a donné l’Office de Grand

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Escuyer de France, Office de la Couronne, qui
ne s’est iamais donné à des Estrangers, laquelle
a present le Prince Thomas & les Anglois, sçauoir
le Millord d’Igby, à qui l’on a donné le Gouuernement
de la Ville & Chasteau de Pontoise,
puis celuy de la ville de Mantes, qu’on a fait Capitaine
du Chasteau de Sainct Germain en Laye,
& Ministre d’Estat, comme les deux autres Milords
Germain & Montaigu, chose innouye en
France, de donner au Roy pour le Gouuernement
de sa personne & Ministre de son Estat
des Anglois, en vn temps auquel cette nation
nous declare la guerre, quelle a commencée par
la prise de nos Nauires, que le Duc de Vandosme
comme Admiral de France commandoit
deuant Calais, pour conduire vn secours à Dunquerque
pressé par l’Espagnol, depuis pris. Ce
sont Paradoxes que l’Histoire remarquera, & qui
sont selon le caprice du Cardinal Mazarin, lequel
auant sa retraitte a donné ce beau conseil
au Roy, se fiant dauantage aux Italiens, & aux
Anglois, qui ne nous peuuent aymer, qu’aux
François qui seuls doiuent estre admis à la garde
de leur Roy, & agir dans ses Conseils.

 

Pour le Prince Thomas, que le mesme Cardinal
a appelle en Cour pour s’en seruir en la retraitte
qu’il meditoit faire de là les Monts ; Il y a

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desia quelques temps, il eut mieux vallu qu’il
fust demeure aupres du Duc de Sauoye son Neueu,
que d’estre en France attaché aux volontez
de Mazarin homme de neant, indigne de luy qui
est Prince & Oncle d’vn Prince Souuerain, il eust
empesché & possible rompu le dessein de l’Espagnol
qui est d’auoir Casal, en vn temps auquel
il connoist que la France, empeschée en vne
guerre Ciuile, n’est pas à present en estat de la
secourir, tant que le mesme Cardinal depuis
trois ans a fait reuenir le Mareschal du Plessis
Praslin (qui commandoit l’armée du Roy au
Mont-ferrat) auec ses forces pour bloquer Paris,
& par ainsi a baillé jeu à l’Espagnol de se rendre
Maistre du Duché de Mont-ferrat, ayant déja
prins la forte ville de Trin, None, & pressé
fort Casal qui est aux abois, & pour pousser son
dessein plus outre, il a fait sommer le Duc de Sauoye
pour declarer le party qu’il veut tenir, &
ayant respondu qu’il vouloit garder la Neutralité
& viure paisiblement dans ses Estats, l’Espagnol
à moins que de prendre son party, luy a
declaré la guerre, ce que possible il n’eust fait si
le Prince Thomas eust esté à Thurin, pour defendre
le Duc son Nepueu, & son Estat qui est
en hazard d’estre assailly apres la prise de Casal
par l’Espagnol, qui ne trouue point de forcer en

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Piedmont ny au Mont-ferrat, pour empescher
ses desseins, c’est la faute ou plustost la malice
de ce Cardinal, d’auoir despourueu ainsi le Piedmont,
& le Mont-ferrat d’armes, & de Chefs,
pour les faire venir en France aux fins de la ruiner.

 

En l’an 1648. dans la campagne de Catalogne
il voulut faire perir Monsieur le Prince au siege
de Lerida, par la necessité de toutes choses, &
le grand nombre des ennemis accourut de toutes
parts par son intelligence pour l’opprimer :
Mais il sçeut sagement & par son courage se garentir
de l’vn & de l’autre, & nonobstant les incommandez
de l’armée qu’il commandoit, & la
force des ennemis, la prise de cette place considerable
en cette Prouince là, fut la fin de sa campagne.

Mais le Cardinal voulut sur la fin de la campagne
faire reüssir en Flandres le coup qu’il
auoit manqué en Catalogne, Monsieur le Prince
se vid auec de foibles trouppes en teste, vne
puissante armée des ennemis commandez par
l’Archiduc Leopold, obligé de fuir ou de combattre,
il creut que sa generosité luy feroit entreprendre
le dernier, & que dans ce combat
il periroit par la multitude des ennemis, du
moins que le succez luy en seroit desauãtageux,

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mais il se trouua trompe, Monsieur le Prince
remporta sur eux vne signalée Victoire.

 

Le Cardinal Mazarin ayant reconnu qu’il
auoit surmonté comme vn autre Hercule, les
trauaux qu’il luy auoit presentez, que les perils
dans lesquels il auoit voulu le ietter pour le perdre
auoient augmenté sa gloire, & que sa prudence
dans les exploits de guerre, laquelle il
croyoit luy manquer esgalloit son courage, &
que le bon-heur des armes du Roy estoit inseparable
de ses entreprises, il prit vn autre suiet
pour sa perte, & ne pouuant le vaincre par la force,
il y employa la ruse & l’artifice.

Et comme il iugeoit que l’amitié des peuples
pour Monsieur le Prince estoit sa conseruation,
& qu’il ne pouuoit rien entreprendre contre luy
s’ils continuoient de le cherir & l’aymer, le premier
traict de sa ruse sut de luy en faire perdre
l’amour. Pour cela ayant fait sortir le Roy & la
Reyne de la Ville de Paris, la nuict du 6. Ianuier
1649. pour la bloquer, & Monsieur le Prince
ayant suiuy leurs Majestez, il sçeut l’engager
dans ce blocus, luy ayant persuadé qu’il y alloit
de l’authorité & seruice du Roy, de traitter cette
Ville, quoy qu’innocente, comme rebelle &
ses Habitans. Ce meschant voulut mesme luy
faire croire, mais inutilement, que pour vanger

-- 24 --

l’authorité Royale offensee, il falloit reduire cette
grande Ville Capitale du Royaume par le
fer, le feu & la faim.

 

Dans cette occasion, en laquelle il obeït aux
ordres de leurs Majestez, & de Monsieur le Duc
d’Orleans, le Cardinal Mazarin pour rendre
coupable Monsieur le Prince de tous les maux &
desordres que ces mouuements causerent, &
complice des plus horribles crimes desquels la
licence du soldat est capable, il ne manqua pas
de faire courir le bruit dans Paris par ses emissaires
qu’il y auoit, que Monsieur le Prince estoit
seul autheur de la sortie du Roy, & de ce blocus,
il le fit mesme accuser des plus detestables impietez
& sacrileges, pour attirer sur luy la hayne
de tous les ordres de France. Mais le temps a fait
connoistre que le Cardinal Mazarin fut la seule
cause de ces deux mal-heurs & par consequent
de toutes les miseres qui accõpagnent ses mauuais
conseils, & que ces impietez desquels il le
vouloit charger, estoient vne pure Calomnie
qu’il auoit inuentée. Ce sont les bons seruices
que le Cardinal Mazarin & ses adherans ont
renduës au Roy, de vouloir faire ruiner sa Ville
Capitale, & perdre les Princes de son Sang.

Response. Le feu Roy mon pere (de glorieuse
memoire) a choisi auant son deceds, cet

-- 25 --

Estranger duquel vous vous plaignez, pour luy
donner l’Administration de mes affaires, apres
auoir esprouué sa suffisance & sa fidelité, en plusieurs
occasions importantes, vous l’auez autant
aymé pendant plusieurs années, que vous
tesmoignez maintenant de le haïr, vous l’auez
autant estimé & loüé, que vous faictes semblant
de le mespriser.

 

Replique. Chacun sçait que tant s’en faut
que le feu Roy l’eût choisi auant son deceds,
pour luy donner l’Administration de ses affaires,
que ce fut le deffunct Cardinal de Richelieu, lequel
estant malade pour mourir, le recommanda
à sa Majesté, & la pria de s’en seruir, sçachant
bien qu’il entretiendroit la guerre qu’il auoit cõmencée
par toute la Chrestienté : mais il ne preuoyoit
pas qu’il volleroit les Finances du Roy,
& qu’il les enuoyeroit aux banquiers Estrangers,
qu’il changeroit le Conseil de sa Majesté, & qu’il
establiroit la pyraterie en Italie, qu’il vendroit
les Benefices du Royaume, & qu’il rempliroit
la Cour & les armes du Roy d’Italiens Estrangers,
qu’il feroit la guerre aux Prouinces le Frãce,
comme en Guyenne pour perdre la Ville de
Bordeaux, & en Anjou pour ruiner Angers,
qu’il auroit des intelligences secrettes auec les
ennemis de l’Estat, qu’il laisseroit perdre les

-- 26 --

glorieuses conquestes du Roy, en Italie, en Catalogne
& en Flandres, qu’il entreprendroit à
ruiner la Ville de Paris, & mettroit de la diuision
dans la Maison Royale, & parmy les Parlements
du Royaume, qu’il interdiroit les Cours
Souueraines de Paris, & les obligeroit d’aller à
Pontoise, qu’il feroit entrer en France des armées
Estrangeres, composees d’Allemands, d’Italiens,
& de Polonois qui ont ruiné le Royaume,
qu’il feroit tenir le Roy d’apresent captif
entre les mains des Anglois, Italiens & Sauoyards.
Il le connoissoit pour estre sorty de la
lie du peuple, que sa premiere fortune estoit d’auoir
esté vn des derniers domestiques des Barberins,
porteur de pacquets & de lettres, & qui
auoit seruy long-temps de Bouffon au mesme
Cardinal de Richelieu, que ce qu’il amasseroit
de grands brens au pillage qu’il fait en France,
a ses pyrateries & à ses brigandages. Si le Cardinal
de Richelieu eut preueu cela, il se fut bien
gardé de le recommander au feu Roy, pour ad
ministrer ses affaires, il le connoissoit pour vn facteur
qui estoit capable de mettre de la diuision
entre les Princes d’Italie & le Pape, desquels il
sçauoit les affaires & les intrigues. C’est pour
cela qu’il prioit le defunct Roy des en seruir.

 

Pour Monsieur le Duc d’Orleans, qu’on dit

-- 27 --

l’auoir loüé & estimé, il est vray que son A. R.
durant le temps que le Cardinal Mazarin faisant
mine de vouloir entendre à la Paix generale, &
procurer vn repos stable à la France, elle approuuoit
sa bonne volonté, sa conseruation luy
estoit agreable ; Mais depuis ayant veu qu’il
changeoit d’humeur, qu’il vouloit troubler l’Estat,
perdre les Princes, ayant commencé par
l’emprisonnement du Duc de Beaufort, & ensuitte
fait emprisonner les Princes du Sang & le
Duc de Longueville, son Altesse ne la pû loüer
n’y l’aymer.

 

Response. Quoy qu’il en soit vous ne sçauriez
pretendre sans injustice, que quand vous prenez
des aduersions, ie sois obligé de les suiure, n’y
que vous ayez droit de faire entrer vn si grand
nombre d’Estrangers les armes à la main dans
mon Royaume pour le rauager, afin d’obtenir
l’esloignement d’vn seul Ministre, qui est naturalisé
par ses longs seruices, par l’Election du
feu Roy, & par les Declarations verifiées dans
mes Parlements, puis que la raison vous oblige
d’aduoüer que mondit Cousin le Cardinal ayãt
esté esloigné, chacun est obligé de rentrer en
son deuoir, ie ne voy pas ce qui peut empescher
que vous ne la faciez promptement, & que vous
n’y rameniez, tous ceux que vous en auez destournez

-- 28 --

pour vous seruir dans vn dessein iniuste.
Tous les delais sont d’vn preiudice irreparable
pour mes sujets, & il ne faut qu’executer de bonne
foy, tout ce que vous auez cy-deuant promis
sans chercher des subtilitez, qui ne sçauroient
vous dispenser de tenir vostre parole : car de dire
que les choses sont changée depuis que vous
auez fait vostre Declaration, & qu’il est arriué
des innouations ausquelles il faut pourueoir. Ce
sont considerations artificieusement recherchées,
que vous deuiez preuoir, auant que promettre
& qui ne peuuent pas vous permettre,
de demeurer armé au preiudice de vostre promesse,
apres que i’ay fait sans condition ce que
vous auez desiré de moy.

 

Replique. Monsieur le Duc d’Orleans n’a
point d’auersion que contre le Cardinal Mazarin
à cause qu’il veut tenir la maison Royale diuisée,
& cherche tous moyens pour perdre les
Princes du Sang, & les mettre en la haine du
peuple, sans croire que le Roy est obligé de les
suiure : au contraire, il est prest, comme il a tousiours
esté, de luy rendre les deuoirs de seruice
& d’obeyssance qu’il sçait luy appartenir : aussi
n’est-il arme que pour mettre sa Majesté en liberté,
& luy faire auoir vn Conseil porté au bien
de son Estat & au repos de ses peuples, & d’esloigner

-- 29 --

celuy que le Cardinal Mazarin luy a laissé.
Il est donc necessaire dans la conioncture des
affaires presentes, que son Altesse Royale, Messieurs
les Princes, & le Parlement, doiuent genereusement
s’opposer aux desseins d’vne personne
sans foy, sans retenuë, si suspecte, & si
parfaictement haye de la France pendant le
bas aage du Roy, qui est, graces à Dieu remply
de toutes les lumieres dont est capable vn
Prince de quatorze ans : mais qui manque de
cette science, qu’il ne peut acquerir que par vn
plus grand nombre d’années, où nous le verrons
vn iour approuuer la conduitte de son Altesse
Royale son Oncle, & condamner celle des personnes
qu’il le conseille de garder & retenir ce
mal-heureux proscrit : apres tout ce que i’ay rapporté
se pourra-il trouuer des esprits qui ne l’approuue,
& qui doutent de la iuste intention de
son Altesse Royale, de Messieurs les Princes,
des Parlemens, & des peuples qui leur obeyssent ?
Pourra-on trouuer la leuée des gens de
guerre qui s’est faicte en France & dans les pays
estrangers ? Condamnera-on l’armée qui est
venue de France sous la conduite du Duc de
Lorraine & du Duc de Vvitemberg par les ordres
de son Altesse Royale (que le Cardinal a
voulu gaigner pour entretenir la guerre en France
contre sadite Altesse & Messieurs les Princes)

-- 30 --

pour le veritable seruice du Roy & le soustient
de sa puissance contre ceux qui en abusent ? Aymera-on
mieux qu’vn homme si descrié parmy
nous, vn Proscript, & vn Tyran, demeure &
qu’il nous fasse sentir les derniers effets de sa tyrannie
& de sa vengeance, que de faire les nostres
pour l’empescher & l’esloigner du Royaume,
où sa presence a tousiours esté pernicieuse
& suspecte. Si l’on dit qu’il est naturalisé par ses
longs seruices, par l’eslection du feu Roy : On
respond à cela, que les Loix du Royaume n’admettent
point d’estranger dans l’administration
des affaires, quoy que naturalisé, elles le rejettent
& le rebuttent, & on dira que ses longs seruices
l’ont fait tel, mais plutost l’on doit dire,
que la longue suitte de sa perfidie & de sa tyrannie
l’en ont rendu indignes, ce n’est point le
Roy qui l’a appellé, & qui l’a esleu, mais le defunct
Cardinal de Richelieu qui l’a retenu & l’a
recommandé à sa Maiesté, pour estre vn autre
brandon à la France, & pour luy succeder à la
hayne qu’il a portée iusques à la mort à son Altesse
Royale, comme chacun sçait : Que si à
present on dit qu’il est esloigné ; qu’il n’est plus
de France, & partant qu’il faut poser les armes,
cela est à dire aux simples ignorans, & non aux
clair-voyans dans les affaires. Ce Cardinal est
à trois lieues de Sedan, en deux fois vingt-quatre

-- 31 --

heures on a de ses nouuelles en Cour, & sçait
ce qui s’y passe, & enuoye les conseils & les ordres
au Conseil qu’il a laissé aupres du Roy, pour
les instruire de ce qu’ils ont à faire. Il a arresté
dans Sedan toutes les armes qui sont aux magasins
des Armuriers. Il a achepté trois mille paires
de pistolets pour six mille caualiers, faisant
son compte de reuenir en France au mois d’Octobre
auec vne armée qu’il leue, ayant pour cét
effet emporté cinq cens mille liures auec luy. Ce
que voyant son Altesse Royale, & que le Mazarin
pretend de repasser ainsi armé, ne iuge pas
à propos de poser les armes, n’y ayant point
d’asseurance pour luy ny pour Messieurs les Princes,
tant que le Roy aura pour conseil trois Anglois,
vn Sauoyard, & vn Italien que Mazarin y
a laissez afin de receuoir & executer ce qu’il leur
ordonneroit.

 

Response. Il ne vous est pas permis de tenir mes
subjects dans l’oppression comme vous faites, de
retenir pres de vous les troupes d’Espagne & au
lieu de les renuoyer en Flandre, comme vous y
estes obligé, d’en faire approcher de Paris vn
plus grand nombre, ie ne sçay quelle excuse
vous pourrez trouuer à ce procedé qui scandalise
tous les gens de bien, & leur donne vne tres-mauuaise
preuue de vostre disposition à la
Paix.

-- 32 --

Replique. Pour l’oppression des peuples
qu’on attribuë à son Altesse Royale, chacun
sçait qu’au commencement de l’année presente
l’armée que le Cardinal Mazarin amena à son
retour en France, laissa des marques prodigieuses
des voleries, impietez & sacrileges qu’elle
laissa en tous les lieux où elle passa, contraignant
les vierges Religieuses d’abandõner leurs
Monasteres sur l’apprehension d’estre violées
par ses soldats, comme plusieurs auoient esté,
sans espargner le plus sacré & plus precieux gage
de nostre Religion, le Corps tres-adorable
du Fils de Dieu profané par ces impies, les
saincts Ciboires volez, les Ecclesiastiques outragez,
tuez & emprisonnez, les habitans de la
campagne tyrannisez, crucifiez, & inhumainement
tourmentez, apres auoir esté pillez, cõme
pres Saumur, Blois, Sologne, Isle-Adam, Lagny,
Ville-neufue S. Georges, & plusieurs autres
lieux, comme il s’est veu parmy leur bagage
pris en leur défaite en Gastinois par defunct le
Duc de Nemours, où quantité de Ciboires furent
trouuez. Pour les troupes d’Espagne, son
Altesse Royale voyant le Cardinal Mazarin auec
vne armée d’Allemans & estrangers jointe à
celle du Roy à dessein de luy faire la guerre & à
Messieurs les Princes, le voyant foible & n’auoir

-- 33 --

qu’une poignée de soldats qui ne [illisible]
[illisible]
qui fut employée en la defense d’[1 mot ill.],
assiegée par le Mareschal de Turenne, [1 mot ill.]
partie fut tuée, de sorte que ne luy restant qu’enuiron
trois mille hommes campez à saint Cloud
contre les armées des Mareschaux de Turenne &
de la Ferté Seneterre ; elle se vid contrainte de
se seruir des troupes du Duc de Lorraine & de
l’Archiduc Leopold, pour se defendre contre
les entreprises du Mazarin, & ne peut pas renuoyer
ces troupes qu’elle ne soit asseurée de la
Paix par l’esloignement du Conseil Mazarin qui
est pres la personne du Roy, ne voyant point
d’asseurance iusques à ce point, tant que les Mazarins
disposeront des affaires & de l’Estat comme
ils font.

 

Response. L’Amnistie que i’ay faict publier
est suffisante pour mettre chacun en seureté, elle
est conceuë aux termes ordinaires, ceux qui ont
les intentions droictes ne peuuent rien pretendre
d’auantage, & les causes que l’on y voudroit
faire adiouster pour fauoriser les criminels ne
peuuent estre pretenduës qu’à mauuaise fin.

-- 34 --

Replique. Si cette Amnistie estoit en la forme
& aux termes ordinaires, elle seroit sans condition
& sans exception, car en matiere d’abolitiõ
il y faut comprendre generalement tout ce qui
s’est passé durant les troubles, pendant lesquels
se commettent beaucoup de choses, qui en vn
autre temps seroient recherchées, & les autheurs
chastiez ; mais l’Amnistie qui veut dire
oubliance & pardon general de tout ce qui s’est
passe durant les troubles, n’admet aucune exception
ny condition, autremẽt elle ne seroit Amnistie
selon la forme ordinaire, telle qu’estoit
celle portée par l’Edict de Loudun l’an 1616. en
la Paix qui se fit auec defunct Monsieur le Prince
sans aucune exception : ce que ces nouueaux
Ministres d’Estat ne peuuent ignorer, ou s’ils le
font, c’est à mauuais dessein de faire apres le desarmement
de Messieurs les Princes, se vanger du
Parlement de Paris, & de ceux qu’ils voudront
qui seroit vne procedure cruelle & contre toutes
les loix de la guerre, joint que la verification n’en
a point esté faicte au Parlement de Paris, comme
les Princes le desirent pour leur seureté.

Response. La translation des Compagnies
n’a point aussi esté ordonnée comme vne peine,
n’y pour deserter Paris (comme vous dictes)
ce sont les violences qu’on y exerce, & l’espouuante

-- 35 --

que les iournées du 5. Iuin, & du 4. de
Iuillet ont donné a tout le monde, qui en ont
fait sortir depuis peu plus de cinquante mille
personnes, & vous ne deuez pas trouuer estrange
qu’on vueille retirer les Officiers d’vne ville
opprimée, ou les gens de guerre qu’on a tousiours
tenus aux Faux-bourgs, & la presence
des criminels qui ont assisté contre la coustume
à toutes les deliberations des Compagnies leur
ont osté la liberté de faire leurs charges, & d’opprimer
leurs veritable sentiment. Mon intention
n’a iamais esté de les establir ailleurs pour tousiours,
mais seulement d’attendre que les choses
ne passent plus dans ma bonne Ville de Paris
au gré des seditieux, & que les gens de bien y
soient deliurez des continuelles frayeurs qu’on
leur donne, quand ils veulent faire leur deuoir.

 

Replique. Cette translation des Compagnies
Souueraines n’a esté à autre dessein que pour se
vanger du Parlement de Paris, pour auoir proscript
le Cardinal Mazarin, auoir poursuiuy son
esloignement hors de France, pays & terres de
l’obeïssance du Roy sans esperance d’y retourner,
& pour auoir mis la teste au prix de cinquante
mille escus, à celuy ou à ceux qui l’apporteront,
où le tüeront, & ce à l’instance des Officiers
desdites Cours, qui ont tousiours tenu le

-- 36 --

party Mazarin, & qui se sont retirez crainte que
le peuple qui les reconnoist tels, ne les [1 mot ill.]
mal, l’on sçait ce qu’ils ont fait lors du combat
du Faux-bourgs S. Antoine, estant de l’intelligence
de ceux qui vouloient ruiner Paris, ce
que n’ayant pû faire, & le peuple estant animé
contre vn grand nombre de ce mesme party
s’en sont retirez pour euiter la fureur populaire
ce que n’ont point crû ces mesmes Officiers qui
ont tousiours esté pour le bien publicq, & se
sont roidis dans les deliberations contre ces suspects
Officiers, qui mettoient les compagnies
en mauuaise intelligence : S’il y a eu des emotions
populaires à l’Hostel de Ville & au Palais,
le Parlement a fait son possible de faire chastier
les autheurs d’icelle, & donné Arrests pour en
informer : mais quelque deuoir qu’elle en ait fait
il ne luy à esté possible de tirer raison d’vne multitude
de telles gens, à moins que d’esmouuoir
vne sedition dans Paris, il est vray que la Ville
de Paris s’est scandalisée de la translation qu’on
veut faire des Compagnies Souueraines, qui
entretiennent la pluspart des Habitans pour la
frequentation de quantité de forains qui s’y rendent
pour solliciter leurs proces, & n’y venant
plus la ville seroit comme vn desert, & n’y a subjet
qui porteroit plustost les Parisiens à vne sedition

-- 37 --

que cette Translation des Compagnies
Souueraines, ce qu’on a tousiours empesché
iusques a present.

 

Response. Ceux dont ie me sers dans mon
Conseil m’ont tousiours representé auec beaucoup
de sincerité, & qu’ils ont l’age vtile pour
le bien de mon Estat, sans craindre les attaques
ny les menaces qui leur ont este faictes, aussi auront-ils
l’auantage de laisser à la posterité vne
reputation sans tache, & d’auoir fait parestre vne
fidelité inesbranlable dans vn temps si plein de
corruption que celuy-cy, où ils se trouuerent
des gens qui osent [1 mot ill.] gloire de la trahison &
de l’infidelité ce demeure d’accord auec vous
qu’vne Paix pour estre seure, doit estre honneste :
mais vous m’aduoüerez que pour estre honneste,
il faut que chacun rentre dans ce qu’il luy
appartient legitimement, & que par consequent
tenir vn Estat Monarchique, le Souuerain doit
rentrer dans le pouuoir que Dieu luy a donné
de commander, & les suiets dans l’obeyssance
qu’il leurs a laissée pour leurs partages, sans cela
toutes chose demeureroient dans la confusion,
& tandis qu’on ne se contentera pas (pour restablir
la Paix) que la rebellion soit oubliée, que
ses crimes soient pardonnez, & qu’on voudra

-- 38 --

faire obtenir aux coupables des recompenses qui
sont deuës au seruice & fidelité des bons seruiteurs
on fera clairement connoistre qu’au lieu
de vouloir iouïr des effects de la Paix, on veut
conseruer les moyens & la facilité de recommencer
la guerre.

 

Replique. On demeure d’accord qu’il faut que
le Souuerain rentre dans le pouuoir que Dieu
luy donne de commander, & les suiets dans l’obeyssance
personne n’y contredit. Messieurs les
Princes, le Parlement, ny le Peuple n’ont iamais
refusé d’obeïr au Roy, nul d’eux ne s’est
porté dans la rebellion, si ce n’est qu’on vueille
nommer rebellion, vne iuste deffense contre
les mauuais desseins des Mazarins qui est legitime
à des Princes qu’ils veulent perdre, & declarer
pour crime d’auoir pris les armes, pour
resister par la force à la force & à la violence, &
qu’elle recompense à on demandée sinon la
Paix, & les asseurances contre des ennemis du
Roy, des Princes & de son Estat, ce sont les recompenses
que l’on demande, & que toutes
choses soient remises en leur premier estat, ce
qui est raisonnable, & sans quoy on ne se peut
promettre vne Paix seure & de durée, à moins
qu’il ne restes tousiours des mescontent, pour

-- 39 --

ne se voir restablir en l’estat où ils estoient auparauant
ces troubles.

 

Response. Car en demandant comme vous
faictes, que toutes choses soient remises en leur
premier Estat, si vous entendez qu’vn infame
deserteur comme Marsin, soit renuoyé auec les,
pouuoir de Vice Roy en Catalogne, qu’il a voulu
liurer aux Espagnols, que d’Oignon estant
remis dans ses vsurpations, & que ses tyrannie
ayent vn tiltre nouueau qui luy permette de la
continuer impunement, que chacun s’attribuë
la licence de contredie, & de censurer les resolutions
qui se prennent dans mes Conseils, &
de n’obeïr aux ordres publicqs, que quand on
commandera des choses agreables à ceux qui
les doiuent executer, il n’y aura personne qui
ne descouure auec qu’elle intention vous pretendez
des conditions de cette nature.

Replique. Pour le Marquis de Marsin chacun
sçait que se voyant seul de Chef en Catalogne
pour commander les armée du Roy, il auoit
raison de demander le pouuoir de Vice-Roy en
Catalogne, que tous les autres Generaux auant
luy auoient euës, & que se voyant sans forces contre
des ennemis puissans, & ne pouuant leur
resister, il s’est retiré & ietté dans le seruice de

-- 40 --

Monsieur le Prince qu’il auoit seruy en Catalogne,
& pour cela on ne le peut declarer deserteur :
il n’y a que la hayne qu’on luy porte, d’auoir
pris party en Guyenne pour Monsieur le
Prince, qui le fait appeller deserteur. Pour le
Comte d’Oignon sera-il appellé vsurpateur &
Tyran pour auoir fortifié Broüage, pourueu ce
port important de Nauires & de Vaisseaux pour
le conseruer au Roy, qu’il luy a confie vne telle
place, & qui a tousiours couru sur les corsaires
& pyrates de Barbarie & d’Angleterre, & n’a
iamais voulu obeïr aux Gouuerneurs de la Rochelle,
qui luy ont fait la guerre pour le despoüiller
de ce lieu, qu’il ne tient que de la bonté
du Roy, & n’a iamais rien attenté contre son
seruice. Il est bien vray que publiquement on
desaprouue les resolutions qui se prennent dans
les Conseils du Roy, lors qu’ils tendent à la
continuation des troubles, & à executer les ordres
& les volontez du Cardinal Mazarin, & non
ceux qui vont au seruice du Roy, bien au repos
de son peuple, qui serõt tousiours obseruées par
son Altesse Royale, comme il le promet par ses
Declarations.

 

Response. Pour restablir solidement la tranquilité
publique, il faut seulement que les Ordonnances

-- 41 --

de mon Royaume soyent obseruées,
& nommement celles qui ayant sa seureté pour
principal objet, defendant aux sujets les associations,
les leuées de gens de guerre, les
saisies des deniers publicqs, & autres semblables
entreprises, qui causent souuent le bouleuersement
des Estats, il faut que les Magistrats
& les particuliers soient obligez, de demeurer
dans les bornes qui leur sont prescrites pour
leurs fonctions, sans se mesler de ce qu’ils ne
leur appartient pas.

 

Replique. Pour obseruer exactement les Ordonnances
du Royaume, il faut faire executer
ceux qui ne veulent admettre des Estrangers
quoy que naturalisez aux charges de l’Eglise,
n’y de l’Estat, ce qui est defendu mesme par les
Arrests du Parlement de Paris, l’an 1617, & par
l’Edict de Paix de Loudun, faict en faueur de
la tranquillité publique, auec deffunct Monsieur
le Prince, chasser & esloigner des Conseils,
les Anglois, les Italiens, & les Sauoyards que
le Cardinal Mazarin Estranger, y a introduits
pour s’en seruir dans l’execution de ses desseins
& qui est ce qui a donné lieu au trouble [1 mot ill.]
que nous auons en France, pour [1 mot ill.] de
telle p[1 lettre ill.]ste, & que pour luy resister & empescher

-- 42 --

la ruine de la Maison Royale, celle des Princes,
des Parlement [illisible] Public, & seruir le Roy
auec seureté, [illisible] des forces auxiliaires,
[illisible] & capables
de [illisible] deniers
publics, pour [illisible] de Messieurs
les Princes, qui ne font que pour mettre
le Roy en liberté, l’Estat en repos, & esloigner
de France ces Estrangers, qui nous obligent à
venir à des extrémitez necessaires, pour preuenir
leurs tyrannies, ce qu’autrement il estoit impossible
faire pour les Magistrats, les Cours
Souueraines n’ont point esté empeschées de
demeurer dans les bornes qui leurs sont prescrites
par leurs fonctions : mais comme les Mazarins
auoient gaigné quantité d’Officiers des
Compagnies Souueraines, & corrompu [1 lettre ill.]es
Magistrats, telles corruptions les a empesché de
faire leur deuoir en l’Administration de la Iustice,
en la deffense du public, n’y exercer
leurs fonctions en gens de bien, & lesquels se
sont assez declarez, [illisible]
mais leurs seuls interests les a obligez de s’absẽter,
lors qu’il s’agissoit d’esloigner du Royaume
le Cardinal Mazarin & ses adherans.

 

Response. Quant aux passe-ports que vous

-- 43 --

demandez pour vos Deputez, & pour ceux des
Compagnies, & de l’Hostel de Ville, [illisible]

-- 44 --

du Parlement de Paris ne se sont voulu joindre,
ny quitter Paris, où est le premier Parlement
de France en sa splendeur & où l’authorité du
Roy est puissamment maintenuë contre les
Grands & les Petits, & qu’elle ne veut estre
dans ce petit abbregé du Parlement de Pontoise,
qui n’est composé que de seize Officiers, &
qui n’a que seize ou dix huict Clercs du Palais
de Paris pour Procureurs postulans, lesquels
par Arrest de la Cour sont interdits à tousiours
de ne plus hanter le Palais, ny admis à la Chambre
de la Basoche. Les Passe-ports n’ont point
esté refusez au Clergé, puis que celuy qui en
estoit le Chef est entierement attaché au party
du Cardinal Mazarin : Et pour les Corps des
Marchands, la plus part sont obligez à ses interests,
& ne sont point tombez dans la desobeïssance
à ses volontez, puis qu’ils ont refusé d’entrer
en l’vnion de Messieurs les Princes & du
Parlement estably pour la defense de la Ville &
de ses habitans, & n’ont point esté forcez d’y
entrer par aucune sorte de violence. Que pour
ceux des Officiers du Parlement, & qui ont esté
interdits pour n’auoir voulu estre du Corps du
Parlement de Pontoise, & qui sont demeurez
sceant au Temple sacré de la Iustice, qui est en

-- 45 --

son lustre au Palais de Paris, & qui n’ont voulu
sacrifier Baal, sans se departir du seruice du Roy,
duquel ils se recognoissent Officiers & protecteurs
de son autorité Royale. C est vn maigre
subject d’auoir ainsi interdits sans le tenir
tels, puis que l’on sçait que le Roy n’agit point
& qu’il est comme force à signer les choses
qu’on luy presente, & sont les Conseillers Mazarins
qui [illisible], & qui [1 lettre ill.]ont les Roys, &
veulent donner la loy à son Altesse Royale, &
aux Princes du Sang, contre toute sorte de raison.
Et pour ce qui est les Officiers principaux
de l’Hostel de Ville, tels qu’estoient le Mareschal
de l’Hospital Gouuerneur de Paris, & le
sieur le Fevre Preuost des Marchands, ce sont
eux qui ont esté cause du trouble & de l’émotion
populaire qui s’est faicte à Paris, pour n’auoir
voulu signer l’Vnion auec Messieurs les
Princes & le Parlement, pour la defense de la
Ville, & pour ceux qui ont esté substituez en
leur place, comme le Duc de Beaufort, qui represente
son Altesse Royale au Gouuernement
de la ville de Paris & Monsieur de Broussel
faict Preuost des Marchands, au lieu du Mareschal
de l’Hospital, & de Monsieur le Fev[illisible]

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Ce sont personnes, qui pour auoir defendu la
cause publique contre les Mazarins, & liberé le
peuple de Paris d’oppression & de violence,
sont taxez de crime de rebellion, si l’on appelle
rebellion la protection & la defense d’vne Ville
innocente, sans déroger au seruice du Roy,
qu’ils ont tousiours maintenu en toutes leurs
actions & procedures.

 

FIN.

SubSect précédent(e)


Anonyme [1652], RESPONSE DV ROY, SERVANT DE REPLIQVE, A LA DERNIERE LETTRE DE SON ALTESSE ROYALE. ARTICLE PAR ARTICLE Les Desseruices que les Mazarins ont rendu à sa Majesté, Le changement qu’ils ont faict en ses Conseils, Auec les Moyens de preuenir leurs mauuais desseins. , françaisRéférence RIM : M0_3441. Cote locale : B_2_15.