Anonyme [1649], RECVEIL GENERAL, De toutes les Chansons mazarinistes. ET AVEC PLVSIEVRS QVI N’ONT point estées chantées. , françaisRéférence RIM : M0_3055. Cote locale : C_8_44.
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Les Adieux qu’à fait Monsieur de
Chastillon auant que de mourir,
à sa Mere & à sa Femme : Sur le
chant, O ! mort, tres-rigoureuse
mort, &c.

 


A Dieu, ma chere mere adieu,
A dieu donc ma bien aymée femme,
Il me faut quitter ce bas lieu,
Pour à Dieu rendre ma pauure ame,
Si en mourant i’ay vn regret
I’en ay vn tres-iuste sujet.

 

 


Ce n’est pas que ie crains la mort,
Car ie sçay qu’il faut que ie meure,
Mais c’est que i’ay vn grand remort,
Que l’on m’en a aduencée I’heure,
Dans vn Combat où i’ay esté
N’en n’ayant pas la volonté.

 

 


Helas ! ce fut à Charanton,
Où on donna vne Bataille,
Qu’à cette iniuste occasion,
Que i’ay trouué mes funerailles,

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Mais de mon funeste trepas,
Ha ! coupable ie ne suis pas.

 

 


Car le seul sujet principal,
De la Bataille mal-heureuse,
Ce fut le meschant Cardinal,
Dont l’ame trop embitieuse,
Commanda sans nul raison
Qu’on alla prendre Charanton.

 

 


C’estoit le Prince de Condé,
Qui estoit Chef de l’entreprise,
A moy il me viens commandé
De me trouuer à cette prise,
Dieu sçayt que mon intention
N’estoit point à cette action.

 

 


Car en mon cœur ie connoisois,
Que c’estoit vne grande follie,
De faire la guerre aux François
Estans tous de mesme patrie,
Ce Combat ie ne pouuois fuïr
Car il me saloit obeïr.

 

 


Adieu donc puissant Roy Louys
Adieu Monarque débonnaire,
Dieu vueille vn iour en Paradis
Ie vous voye aussi vostre Frere,
Si i’ay vn regret de mourir
C’est ne vous pouuant plus seruir.

 

 


Si mon trespas j’eus rencontré
Dedans vne occasion bonne,
Ie prendrois la mort plus à gré
Que pour vne prise poltronne,
Que le Cardinal Mazarin,
Vouloit auoir à perte ou gain.

 

 


Ma grande consolation,
Quittant cette vie terrienne,
C’est que i’ay la Religion
Qui est la meilleur & certaine,
Où on peut son salut trouuer
Et auec elle se sauuer.

 

 


Ie ne serois plus prolonger
Car il faut que mon ame expire,
Ie prie Dieu me vouloir loger
Là haut dans son Celeste Empire
Ie meurs bien resout & contant,
De tous mes pechez repentant.

 

 


Ie vous presente mes adieux,
Ma Femme & Mere bien aymée
Dieu vueille qu’vn iour dans les
Cieux,
Que nos trois ames soient placés,
Pour le loüer incessamment
Plein d’vn parfaict contentement.

 

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Anonyme [1649], RECVEIL GENERAL, De toutes les Chansons mazarinistes. ET AVEC PLVSIEVRS QVI N’ONT point estées chantées. , françaisRéférence RIM : M0_3055. Cote locale : C_8_44.