Anonyme [1649], RECVEIL GENERAL, De toutes les Chansons mazarinistes. ET AVEC PLVSIEVRS QVI N’ONT point estées chantées. , françaisRéférence RIM : M0_3055. Cote locale : C_8_44.
RECVEIL GENERAL, De toutes les Chansons Mazarinistes. ET AVEC PLVSIEVRS QVI N’ONT A PARIS, M. DC. XLIX.
Arrest de la Cour de Parlement, donné contre Iules Mazarin : Sur le chant, Le Roy d’Hongrie & l’Empereur, &c.
Enfin tous les Parisiens, Seront hors de souffrance, Puisque tous les Italiens, Sortiront hors de France, Le Bonnet Rouge est tout confus Ses Benefices sont perdus Ce Cardinal, ce Cardinal, Ne nous fera plus tant de mal.
Il a tiré l’or & l’argent, Par des notables sommes Pour se rendre riche & puissant Dans la ville de Rome, Y faisant bastir des Palais, S’est enrichy pour tout jamais, Ce Cardinal, &c.
Il a fait patir en tous lieux, Le peuple de la France, Comme vn meschant pernicieux Les mettant en souffrance Ne le pouuant plus supporter Le Diable le puisse emporter, Le Cardinal, &c.
Il a contre Dieu & la Loy, D’vne mauuaise sorte La nuict enleué nostre Roy, Pour luy seruir d’escorte Paris à voulu affamer, Mais il luy faut se retirer, Ce Cardinal, &c.
Enfin Messieurs du Parlement, Ont dressé sa Sentence, Qu’il faloit dans huict jours de temps Qu’il sortit hors de France, Où qu’il seroit assassiné, Ainsi comme il a merité Le Cardinal, &c.
Les Partisans sont hors d’espoir, Et ont tous pris la fuitte Le Cardinal au desespoir, S’en ira à leur suitte, Les Monopoleurs sont à cu, Eussent-ils tous le col rompu, Le Cardinal, &c.
Si dans Paris on le tenoit, On luy feroit grand Feste, Chacun son corps deschireroit Et les autres sa teste, Le Marquis d’Ancre n’eust esté, Iamais si-bien que luy traitté Ce Cardinal, &c.
Prions Dieu pour le Roy Louys, Et les Princes de France, Qu’ils le rameine dans Paris, En grande réjoüyssance, Et pour Messieurs du Parlement, Qui ont dressé le Iugement, Au Cardinal, au Cardinal, Qui nous auoit fait tant de mal. FIN.
LA MENACE DV TRES-FIDELLE peuple de Paris, faites à Mazarin : Sur le chant, Thoinon la belle Iardiniere, &c.
IE croy que ta couleur est pasle, Et que ton cœur est bien chagrin, Car à present tout chacun parle,
Retourne t’en en Italie, Mal-heureux d’où tu est venu, Car de mal ton ame est remplie Mais ton dessein est reconnu, Si jamais dans Paris tu rentre On te fera cõme au Marquis d’Ancre.
Tu pensois bien ruyner la France, Afin de nous faire perir Mais on te dresse ta Sentence, Pour toy mesme faire mourir : Si iamais dans Paris tu rentre &c.
Tu estois bien tenté du Diable, De nous faire tant endurer Mais faut que le malheur t’accable, Croit que tu peux bien esperer, Que si dedans Paris tu entre, &c.
La populace est si esmeuë, Contre toy mauuais Cardinal, Si on te voyoit dans les ruës On te feroit beaucoup de mal, Si iamais, &c.
Tous chacun jure ta ruyne, Et le peuple Parisien, Ensemble se fasche & mutine Contre toy pauure Italien, Si iamais, &c.
Il faut que tu retourne à Rome, [illisible] que tu ne trouue ta fin, [illisible]rend garde qu’on ne t’assomme [illisible]te rencontre en chemin, [illisible], &c.
[illisible] que tu change ta vie, Songe donc à estre meilleur Crainte qu’elle ne soit suiuie De quelque sinistre mal-heur, Car tu nous a trop fait la nique, Par ton conseil tres tiranique. FIN.
LES QV’EN DIRA-T’ON des Monopoleurs, &c.
Vous Partisans engance trop maudite, Chacun vous hait comme peste & poison, Vous estes en fuitte Mais nous dirons Que si on vous pend cõme des Larons Qu’en dira-t’on ?
Que fussiez tous au profond des abismes Pour seruir de Compagnie à Pluton, Et pour vos crimes Nous esperons, Dedans ces lieux seruirez de tisons Qu’en dira-t’on ?
Car Lucifer & sa trouppe damnée, Vous fera fort-belle reception, Bien ordonnée, De Marmitons, Pour vous traitter à grands coups de bastons, Qu’en dira-t’on ?
Allez, allez dedans ces fosses noires Vous meritez cette punition, Ils nous faut croire Que tout de bon, Que vous serez noire comme charbon Qu’en dira-t’on ?
Iudas, Cain, Barabas & Pilate, Cayhe auecque l’Empereur Neron, Viendront en haste, D’affection Vous receuoir cõme leurs Cõpagõns ; Qu’en dira-t’on ?
Vousne ferez jamais de Monopoles Traistres remplis d’abomination, Car nos pistoles, Et nos Doublons : Vous nous auez enleué à foison Qu’en dira-t’on ?
Monopoleurs le Diable vous entraisne, Car de bon cœur tous nous le souhaitons, Que dans la Seyne, Fussiez au fond Et noyez tous comme fut Pharaon :
La pauure France sera deliurée, Et ne sera plus dans l’opression Tiranisée, Par ces Desmons, Qui seront tous mis en destruction, Qu’en dira-t’on ? FIN.
CHANSON D’VN BON garçon, qui boy de réjoüyssance sur la fuitte des Monopoleurs : Sur vn chant qui coure, &c.
IE dépite, ie dépite, Qu’aucun boiue plus que moy, Les Maltotiers sont en fuitte, I’en suis joyeux & j’en boy.
Tous les Diables, tous les Diables, Prennent les Monopoleurs, Car ces traistres miserables Nous cause de grands mal-heur.
Crions viue, crions viue, Le Roy, & le Parlement, A celle-fin qu’ils nous priue De nostre peyne & tourment.
Cousin Gilles, Cousine Gilles, Donne à boire au voisin Luc, Car ie voy qu’il est débille, Et me semble tout caduc.
Quoy qu’on die, quoy qu’on die, De tout ce bruit là qui court Ie feray pourtant la vie, A ces bruits faisant le sourd.
I’ay enhayne, i’ay en hayne, Ces Coquins de Maltotiers Fussent-ils tous à la Gesne, Ie le voudrois volontiers.
On trauaille, on trauaille, A nos maux diminuër C’est pourquoy ie fais gogaille Et j’y veux continuër.
Du Commerce, du Commerce, Ie ne veux point me mesler Quand vn tonneau est en perce, I’ayme bien mieux grenoüiller.
Quoy qu’on fasse, quoy qu’on fasse Il me faut donner du vin, Aprés ie fais vne Farce, Quand ce seroit Tabarin.
Il faut boire, il faut boire, A la santé de Broussel, Et l’auoir dans sa memoire, Car il est beny du Ciel.
FIN. L’arriuée de Monsieur de Beaufort, dans la ville de Paris, sur bechant, Adieu donc belle Aminte, &c.
Beaufort courage martial, Est venu pour finir nos peynes Il est hors du bois de Vincienne Tout en dépit du Cardinal, Ce Prince magnamme, Ce grand cœur de Beaufort, Les Parisiens estime, Qui sera leur support.
Mazarin sera fugitif, Car par sa grande outrecuidance Il a tant fait souffrir la France, Et tenu ce Prince captif, Ce Prince magnanime, &c.
Chacun se doit bien réjoüir, Esperant sortir de misere, Ce vaillant Duc se delibere, Dans le bon-heur nous restablir, Ce Prince magnanime, &c.
Paris l’auoit bien souhaitté, Mais à present qu’il le possede, Il croit rencontrer le remede, Et trouuer sa felicité, Ce Prince magnanime, &c.
Voyant ses genereux exploits, Sa valeur & sa hardiesse, On cria auecque allegresse, Viue ce grand Seigneur François, Ce Prince magnanime, &c.
Chacun est contant & joyeux, A cause de sa déliurance, Car il nous donne esperance, Qu’on le verra victorieux,
Il est hardy plain de valeur, Et plus vaillant que son espée Heureuse soit son arriuée, Qui sera pour nostre bon-heur Ce Prince magnanime, Ce grand cœur de Beaufort, Les Parisiens estime, Qu’il sera leur support.
FIN. Le Salut des Partisans, & autres pieces du Temps.
Chantons tout haut, Gaudeamus, Le Parlement à le dessus, Et nous remet en nos estats, Alleluya, Alleluya, Alleluya, Alleluya.
Nous joüyssons par la bonté De cette ancienne liberté, Plus d’Impost l’on ne souffrira, Alleluya, &c.
Tous les Maltotiers sont camus, Ces mal-heureux n’en peuuent plus, Retournent en leurs premiers estats, Alleluya, &c.
Charles Picard tout le premier, Reprend l’estat de Cordonnier, Que jadis son exerça Alleluya, &c.
Tabouret veut aussi rentrer, Dedans l’honnorable Mestier, De Frippier tant il s’y ayma, Alleluya, &c.
Doublet malgré tous ses supposts, Reprend aujourd’huy les sabots, Que dans Paris il apporta, Alleluya, &c.
Pour le Févre chacun soustien, Que puis qu’il est venu de rien, En l’air ces iours il finira, Alleluya, &c.
Mesme l’on void que Guenegaud, Qui viuoit jadis à gaugaud, A grand’peyne il s’en souuera, Alleluya, &c.
Quoy qu’on ait veu Mõsieur Larcher, Auec grand train tousjours marcher Au Village on le trouuera, Alleluya, &c.
Sans rechercher l’extraction De Catelan, ny sa maison D’abord on croit qu’on le pendra, Alleluya, &c.
Et pour le regard d’Emery : Chacun soustient dedans Paris, Que le Diable l’emportera, Alleluya, &c.
Or-sus il nous faut réjoüyr, Et ne plus iamais se seruir De ces Diables incarnez là, Alleluya, &c.
Et ce Sorcier de Mazarin, Qui a soustenu tout le train, C’estoit pour troubler tout l’Estat, Alleluya, &c.
FIN. AIR DV TEMPS : Sur le chaut, Laissez paistre vos bestes.
LE Cardinal cét animal, Qui est cause de nostre mal, Et son Mulet & son Cheual, Il ruyne tout le peuple, Cét hypocrite & endiablé Cependant cét infame Fait encherir nos bleds, Quoy que ne soyez bestes, Pauures Laboureurs & Marchands, L’on vous veut faire paistre L’herbe parmy les Champs.
Il a rauy tous nos Louys, Pour enuoyer en son pays, Car les Iules en sont banis ; Mais s’il ne les rapporte Il se verra bien-tost puny, Le grand Diable l’emporte, S’il ne les va querir, Quoy que ne soyez bestes, &c.
Et ce pourceau de Chancelier,
La Melleraye s’en est meslé, Qui a esté bien estrillé Et par les Mariniers gaulé ; Les grands Crocs de la Gréue : L’on fait prompement retirer, Et eut des coups de pierre ; Par dessus le marché, Quoy que ne soyez bestes, &c.
Particele, ce gros Dragon, Il eut esté pendu dans Lyon, Ce qui luy fit changer son nom, S’enfuya de la ville Pour se souuer en Auignon, Les Iuifs le retirerent Comme leur Compagnon, Quoy que ne loyez bestes, &c.
Où estoient ces Monopoleurs, Tous ces Partisans & Volleurs, Et de la France les Mineurs : A lors des Barricades, Si l’on les eust peu attrapper Nostre braue Brigade Les eust fait escorcher, Quoy que ne soyez, &c.
Mais Nosseigneurs de Parlement, Donneront bien-tost Iugement : Contre ces traistres insolents Pour mettre à la potence, Et puis de là à Mont-faucon, Cette maudite engeance Helas ! qu’en dira-t’on ? Quoy que ne soyez, &c.
Grand Parlement à cette-fois, A ces Volleurs faites les Loix, Que le bon-temps fassiez reuoir Parmy toute la France, Comme autres-fois il a esté, Par vostre preuoyance, Et grande charité : Quoy que ne soyez, &c.
Et vous Bourgeois, prudents Soldats : Qui vous disposez aux Combats, Pour vn sujet si juste, helas ! Qu’vn Paris dans la France, Ne respire que pour son Roy, Pour estre en asseurance Et viure soubs sa Loy, Quoy que ne soy[illisible] bestes, Pauures Laboureurs & Marchands : L’on veut vous faire paistre L’herbe parmy les Champs.
AVTRES PIECES.
ANAGRMME. Voyez de Mazarin la plaisante Anagramme. Il y a Sazarin mettant s pour m.
Voyez vn peu quelle manie, Luy vient de saisir le cerueau, N’est-pas le traiter de grand ceremonie, Quand vn Prince du Sang luy oste son Chappeau.
FIN. Air de Cour nouueau, sur la plainte de l’Amour, contre la Guerre Parisienne : sur le chant, De la Courante de la Reyne, &c.
Qve vous nous causé de tourment Fascheux Parlement, Que vos Arrests, Sont ennemis de tous nos interrests, Le Carnaual à perdu tous ces charmes Tout est en armes, Et les Amours, Sont effrayez par le bruit des Tambours.
La Guerre va chassé l’Amour, Ainsi que la Cour, Est de Paris, La peure banit & les Ieux & les ris, Adieu le Bal, Adieu les promades, Les Senerades, Car les Amours, Sont effrayez par les bruits des Tambours.
Mars est vn fort mauuais Galand, Il est insolent, Et la beauté, Perd tous ces droits auprés de la Ferté On ne peut pas acordez les Trompettes, Et les Fleurettes, Car les Amours, Sont effroyez par les bruits des Tambours.
Mars oste tous les revenus, A Dame Venus : Les cheres sœurs, N’ont à present ny argent ny douceur On se duiroit pour vn sac de Farine, Les plus Diuines, Car les Amours, Sont effrayez par les bruits des Tambours.
Place Royalle autant d’Amants, Monstroient leurs tourments Où leurs destins, Estoit tousjours flatté par Constantin On n’entend plus au lieu de tant d’Aubaudes : Que mousquetades, Et les Amours, Pour tousjours n’ont plus que son des Tambours.
Que de plaisirs fait le Blocus, A tant de Cocus, Car desormais, Ils n’auront plus chez eux tant de plumets, Les cajolleurs Ces diseurs de sornettes, Font leurs retraites Et les Amours, Sont deserte par les bruits des Tambours.
On ne void plus desprits censé, Tout est renuersé Se Senateur, Trenche à present du bon gladiateurs Les Escheuins, Ont quitté la Police, Pour la Milice, Et les Bourgeois, Croient auoir droit de reformer les Loix.
FIN. La Chanson des Barricades de Paris, composée par six Harangeres, sur le chant, Lere-lenre, &c.
SIX vendeuses de poison, bis. Ont composée la Chanson, bis. Des Barricades dernieres, Lere-la, lere-lenlere, Lere-la, lere-lenla.
Comme ensembles elles beuuoient b. L’vne à l’autre se disoient, bis. Parlons vn peu des affaires, Lere-la, &c.
Vne vendeuse de sel, bis, Dit que Monsieur de Broussel, bis. Nous estoit fort necessaire, Lere-la, &c.
Pour le peuple supporter, Fut en prison arresté Mais il n’y demeura guere, Lere-la, &c.
Pour afin de le r’auoir, bis. Chacun se mit en deuoir bis Monstrant se qu’ils sçauoient faire Lere-la, &c.
Car les Bourgeois animez, bis. Aussi-tost se sont armez bis. Par vne façon guerriere, Lere-la, &c.
Toutes les Chaisnes on tendit, bis. Et les Barricades on fit, bis. Toimoignant nostre collere, Lere-la, lere l’en lere, Lere-la, lere l’en la.
Les Soldats espouuentez bis. De ce voir si-bien traitez bis. Tournoient le cul en erriere, Lere-la, lere l’en lere, Lere-la, lere l’en la.
Aussi les Colin Tampon, bis. Estoient froient comme glaçons bis. Car il ne eroyoient plus boire Lere-la, &c.
Ils estoient bien estonnez, bis. De voir qu’a coups de pauez, bis. On cassoit leur cermoniere, Lere-la, &c.
Et dessus la Melleraye, bis. On faisoit voller les grez, bis. Les bastons aussi les pierres, Lere-la, &c.
Et aussi le Chancellier, bis. En eut eu plus d’vn millier, bis. Mais il passa la riuiere, Lere-la, lere l’en lere, Lere-la, lere l’en la.
Mais ils out pour se venger, bis. Voulu premier assieger, bis. Mais il n’y gagnerons guere, Lere-la, &c.
Bien voir qu’au cõmencement, bis. Nous ayons quelque tourment, bis. Nous sortirons de misere, Lere-la, &c.
Crions tous de viue foy, bis. Viue Louis nostre Roy, bis. Aussi Monseigneur son Frere, Lere-la, &c.
Puis crions pareillernent, bis. Viue Nostre Parlement, bis. Qui sont nos Nosseigneurs & Peres, Lere-la, lere l’en lere, Lere-la, lere l’en la.
FIN. La chasse donnée à Mazarin, par les Païsans des Bourgs & des Villages, sur le Toclain : Sur le chant de Monteaux.
Bourgs, Villes & Villages, Le Tocsain, il faut sonner, Rompez tous les passages Qu’il vouloit ordonner, Il faut sonner le Toctain, Din, din, pour prendre Mazarin.
Nuitamment ce perside, A enleué le Roy Le cruel merite Estre mis aux abois, Faut sonner le Toclain, &c.
Ce meschant plein d’outrage A ruiné sans deffaut, Vous tous gens de Village, Vous donnant des imposts, Faut sonner le tocsain, &c.
Mettez-vous sur vos gardes Chargez bien vos Mousquets, Armez vous de halbardes, De picques & corcelets, Faut sonner le tocsain. &c.
Vertu-bleu se dit Pierre, Ie n’y veut pas manque Car i’ay vendu mes terres Pour les Tailles payer, Faut sonner le tocsain, &c.
Foin de cette bataille Chez-moy il n’y a plus Que les quatre muraille Tout mon bien est perdu, Faut sonner le tocsain, &c.
Pour payer les Subsites I’ay vendu mon godet, Ma poësle & ma marmite Iusques à mon soufflet, Faut sonner le tocsain, &c.
Moy pour payer les Tailles, I’ay vendu mes moutons, Ie couche sur la paille
Taistigué dit Eustache, I’ay vendu mes Cheuaux, Ma charuë & mes vaches Pour payer les imposts, Faut sonner le tocsain, &c.
Moy i’ay chose certaine, Vendu mon gros pourceau, Mes chevres & mes gelines, Pour payer les imposts, Faut sonner le tocsain, &c.
Coulas prit son espée Et des piarres en sa main, Dit faut à la pipée Prendre cét inhumain, Faut sonner le tocsain, &c.
Guillaume prit sa fourche, Et trouça son chapeau, Il dit faut que ie chouche Mazarin au tombeau, Faut sonner le tocsain, &c.
Nostre France est ruinée, Faut de ce Cardinal, Abreger les armées, Il est autheur du mal, Faut sonner le tocsain, Din, din, pour prendre Mazarin.
LE LIBERA DE IVLES Mazarin, ce meschant perfide Ministre d’Estat : Sur le chant, des Enfarinez.
Mazarin instrument du Diable, Tu nous fais souffrir par tes darts Te volià pris comme vn renard De tous costez chacun t’acable, Mazarin il te faut chanté D’vne voix bien triste & tremblante, Mazarin il te faut chanté Ton Libera me Domine.
Meschant perfide sanguinaire Monseigneur le Duc de Beaufort A promis de mettre ton corps, Tout en cendre & en poussiere, Mazarin il te faut chanté, &c.
L’on sçait toute ta Genealogie, Tu és le fils d’vn simple Marchant : Tu t’es par ton esprit meschant, Esleué par ta tyrannie, Mazarin il te faut chanté, &c.
Tu nous as fait prendre les armes, Nous te mettrons dans le tombeau, Le Duc de Beaufort bien dispos, Te mettra sous la froide lame, Mazarin il te faut chanté, &c.
Le Cardinal Saincte Cecile Ayant nos Louys d’or enleué Ne fut-il pas empoisonné Comme vne chose tres-vtile, Mazarin il te faut chanté, &c.
Meschant remply de tyrannie Ne merite-tu pas la mort, Il faut que ton infame corps, Il soit trainé à la voirie, Mazarin il ce faut chanté, &c.
Tu as fait enleuer hors de France Nos Pistoles & nos Escus d’or, Nos Quadruples & nos Louys d’or Ton corps patira pour l’offence, Mazarin il faut chanté, &c.
Tu és l’inuenteurs des Subsistances, Le chef des Monopoleurs, Sur toy nous sommes les vainqueurs, Te voilà mis en decadance, Mazarin il te faut chanté, &c.
Fus-tu déja à tous les Diables, Toy & tous les Monopoleurs, Vous ne portez que du mal-heur Par vos esprits abominables, Mazarin il te faut chanté, &c.
Tous les diables ont pris les armes Afin de te bien receuoir Mais que tu sois dans les Enfers Proserpine tu auras pour femme, Mazarin il te faut chanté, &c.
Tu trouueras tes Camarades Dans ces lieux sombres & tenebreux
Tu as fait languir par tes souffrances Les Laboureurs & Vignerons, Ainsi qu’vn perfide larron, N’as-tu pas ruiné nostre France, Mazarin il te faut chanté, &c.
Tu seras mis dans la fausse noire Auec tous les Monopoleurs, Tune causera plus de malheurs Ny de cruauté sanguinaire, Mazarin il te faut chanté, D’vne voix bien triste & tremblante, Mazarin il te faut chanté Ton Libera me Domine.
CHANSON NOVVELLE, de Iules Mazarin, dit ie suis l’Arman : Sur le chant, Ha ! la voila, ha la voicy, celle qui charme mou soucy.
Preparons sans craindre rien Suiuons le Duc de Longueuille Il faut amatté Mazarin Ce Tyran natif de Cycile, Haro, haro dessus ce Cardinal Quine nous fasse plus mal.
Brisons la teste à ce Desmon Ce nous est vn signe effroyable De voir au lettre de son nom Ie suis Larman si redoutable, Haro, haro dessus ce Cardinal Qui ne nous fasse plus de mal.
Dans quel regne helas sommes nous N’y a-t’il qu’vn Beaufort en France Duc d’Orleans que faites vous, Monstré vn peu vostre puissance, Haro, haro dessus, &c.
Vous estes Princes de bonté Vous estes Seigueur débonnaire Protegeant nostre liberté Ferez ce que vous deuez faire, Haro, haro dessus ce Cardinal Qui ne nous sasse plus de mal.
Halas Prince que faites vous Vn Cardinal vous fait la guerre Et vous tenez aupres de nous Vn autre Arman d’estrange terre, Haro, haro dessus, &c.
Grand Duc monstrez-vous sans pareil Premier Protecteur de la France Chassant ce Desmon du Conseil Vous allegerez nostre souffrance, Haro, haro dessus, &c.
Et si l’on en parle par fois Ce n’est que de sa tyrannie Chassons du nombre des François Cét Arman natif d’Italie, Haro, haro dessus, &c.
Disant qu’on veut l’assasiner On luy veut donner deux cens gardes Il ne faut que pour nous ruïner Qu’vn pareil nombre de hallebarde, Haro, haro dessus, &c.
Gaston le peuple aux abois Remet en vous son esperance Et tous d’vne plaintiue voix Vous demãdons quelque allegeance, Haro, haro dessus, &c.
Gaston chasse ce Cardinal C’est luy qui ruyne nos Prouinces : Il est autheur de tout le mal Et le discord d’entre les Princes, Haro, haro dessus, &c.
Quatre-vingt mulets chargez d’or Ont déja gaigné sa Prouince Ce meschant veut ruiner encor L’authorité de nostre Prince, Haro, haro dessus, &c.
Assasiner ce Cardinal C’est gaigner plenier indulgence Ou bien il fera plus de mal Qu’vn Büillon n’a fait en France, Haro, haro dessus, &c.
Sus persons de coups, Parisiens, Les tripes de cette Eminence Il nous les faut ietter aux chiens Qu’il n’aye des tombeaux en France
Sur tout conseruons nostre Roy Innocent du mal qu’on nous donne, Et que tous fasse comme moy Pour luy conseruer sa Couronne, Haro, haro dessus, &c.
Crions viue les fleurs de Lys Viue nostre Roy débonnaire Faut grauer nos faits inoüis Dedans le Temple de memoire Haro, haro dessus ce Cardinal, Qui ne nous fasse plus de mal.
SVPLICATION A MONSIEUR le Prince, de quitter le party Mazarinistes : Sur le chant, Bachus est l’Amour ce Vollages.
Prince gardez que vostre haine Ne vous fasse beaucoup de peine, Sans fruict & satisfaction, Si vous joüez de vostre reste Dieu qui sçait vostre intention Vous là rendra toute funeste.
Quel abus a séduit cette ames, Qu’on void iadis dans les alarmes Cueillirs tant d’ilustres l’Auriers Faut-il que pour vne s’ensuë Le plus vaillant de nos guerriers En voulant nous tuër de tuë.
Quittez la cause Mazarine Prince de peur que sa ruyne Ne vous fasse tomber aussi, Venez vous joindre à vostre frere Le sang du Grand Montmorancy Fait que tout Paris vous renere.
La pauure France est d’esolée De voir ces filles violée Les Temples mesmes prophanez, Si iusque au cœur vos tràits la blessent Mourant des coups que vous donnez Qu’elle doit estre sa tristesse.
Vostre païs vous fait ces plaintes, Le Païsant fremit de craintes Le Laboureur au desespoir Abandonne ces meteries, Et celà ne peut esmouuoir Vostre cœur remply de furie
Si vous vous destruisez vous mesme Vostre mal n’est pas moins extresme Que celuy du pauure indigent Conseruez le peu qui demeure, Il ne vous passera pas l’an Si vous le mengez a cette heure.
Ces Lys qui font ces dignes marques De la candeur de nos Monarques Flestrissent au sang des innocens, Louis Prince plein de sagesse Les soustient de son bras puissant Et le vostre aujourd’huy les blessent.
Ce monstre issue de l’Italie Le matin de l’Espiphanie, A la rigueur de la saison Il exposa cette victime, Sur l’Autel de la trahison Pour nous mieux paslier son crime.
Pour mieux destruire nos Prouinces Pour esblouïr les yeux des Princes, Tu faits vn Rapt digne de toy, Pour rendre vn innocent rebelle Tu nous enleue nostre Roy En nous faisant vne querelle.
Vous Reyne pour qui nos sufrages Ont rendu tant de tesmoignages De l’amour qu’on auoit pour vous Vous eustent vn Roy par nos prieres Si Dieu ne l’a donné qu’à nous Pourquoy l’oster de la maniere.
Gaston faut-il qu’vn peuple voye Que vous courez apres la proye, Et protegez le rauisseur Vostre ame si chere à la France Partageant le gain du voleur, Partagera la recompence.
Si Louis Prince débonnaire Estoit encor dessus la terre, Et ce tigre chez les Romains,
CHANSON NOVVELLE sur la genereuse resolution d’vne Fille, qui veut mourir pour le seruice du Roy & sa patrie, & comme elle prend les Armes à se sujet : Sur le chant, Elle est reuenuë Denise.
Vne fille d’aupres de la Tournelle S’est voulu enrooler, Se promettent de faire des merveilles, Faisant d’elle parler, A pris party pour aller a l’Armée, Elle s’en est en allez Ieanne, Elle s’en est allee.
Elle a iuré deuant beaucoup de monde, Et aussi ses parens, Qu’elle vouloit estre vne vraye seconde, Pucelle d’Orleans, Aussi bien qu’elle elle manira l’espee, Elle s’en est en allee, &c.
Elle a iuré par l’espée qu’elle porte Que s’estoit son dessein, Qu’elle accommoderoit de bonne sorte, Le Cardinal Nazin, Car contre luy elle est sort animée Elle s’en est allée, &c.
Pour mon bon Roy & ma chere patrie, Ie m’en vais batailler, Ie perdray cent fois plutost la vie, Qu’on me voye reculer, Car au combat ie suis bien preparée, Elle s’en est, &c.
Elle faisoit dix mille caracolles Montée sur son Cheual, Disant ie feray faire des cabriolles Aux gens du Cardinal, D’vn bon Fuzil elle sera équipée Elle s’en est allée, &c.
Marchant sous la genereuse cõduite Du Grand Duc de Beaufort, Aux ennemis feray prendre la fuite, Où les metrray à mort. Et fuiront comme brebis esgaree, Elle s’en est, &c.
Ie ne seray iamais vne poltronne Ie le feray bien voir, Car iour & nuict faut que ie me sçavonne, I’en ay bien le vouloir, De l’ennemy ie seray redoutée Elle s’en est, &c.
Les Pistolets a l’arçon de la Seelle Les bottes & les esprons, Le iuste au corps plumme belle d’entelle Auec les gros boutons, De beaux galans elle est bien a iustee Elle s’en est, &c.
Iamais Roger, Olyuier de Castile, Roland Richard sans peur, Ne fera mieux que fera cette Fille, Car elle a trop de cœur, La saint Balmond ne sera plus estimée Elle s’en est, &c.
Car elle veut que d’elle chacun parle. Et le sont ses souhaits, Qu’elle soit mises dedans les Analles Parlant de ses hauts faits, Que la France luy sera obligée, Elle s’en est en allée Ieanne Tout droit à l’Armée.
L’ADIEV DE MAZARIN à la France, & la Confession qu’il a fait de toute ses fourberies, auparauant son départ : Sur le chant, Pourquoy cher Celadon, &c.
Adieu braues François, Si Noble & si courtois, Il faut que ie vous quitte
Deuant que de partir, Ie vous veux aduertir, De tous les volleries, Que i’ay fait en ce lieu, Voulant par tyranies Par tout mettre le feu.
N’ay-ie pas vn grand tort, Rauir vostre support, Louys le Roy de France, Et de nuict l’enleué, De ma grande arrogance, Ie ne m’en puis sauué.
Deplus à Chastillon, De ce Grand Chastillon, De sa mort ie suis cause, Voulant par trahison, Faire bien autre chose, En ruynant les Maisons.
L’on cognois mon sçauoir, Car c’est tout mon vouloir De guaster tout la France, Mais l’on c’est apperceu De mon intelligence, Dont m’en voilà déçeu.
Plusieurs ay fait languir, Et des armées perir, Par ma folle entreprises, I’ay le Grand Gassion, Sans nulle autre remises Fait tuer en trahison.
I’ay dedans & dehors, Rauy tous les thresors De cette pauure France, Et les Parisiens Reduit en decadence, Rauissant leur moyens.
Les pauures villageois, Ay reduit aux abbois, Et dedans la misere, Où ils sont maintenant, Dans leur douleur amere, Il me vont maudisant.
I’ay voulu affamer, Affin de ruyner Paris la bonne ville, Mon dessein desloyal C’est trouué inutille, En exentant ce mal.
Ie ne sçay où tourné, Car ie suis condamné Que si quelqu’vn m’auise Il me feront mourir, En faisant à leur guise, Me faut ainsi perir.
N’ayant nul reconfort. N’y point de passeport, Ie ne sçay où pretendre, De me pouuoir sauuer. Enfin me faut attendre, De me desesperer.
I’espere dans l’Enfer, Auec que Lucifer, Y faire mon entree, Et tous les Diablotins, A ma belle arriuée Y feront des festins.
Vous faut les armes en main Tuër ce Mazarin, Ce monstre detestable Sus courage François, D’vn cœur tres-aymable Mettons l’ay aux abbois,
Parauant mon départ : Me faudra tost où tart, Mourir de mort estrange, Car ie suis destiné D’estre mis dans les fanges Pour y estre traisné.
La vie & la mort de Monsieur de Clanleu, Gouuerneur de Charaton, lequel fut tué dans la Bataile, au grand regret des Parisiens : Sur le chant, Pauures Pescheurs resveillez-vous, &c.
Pleurons honorables François, Nostre bon General,
Il a seruy le Roy Louys, Dedans les Pays-bas, Montrant à tous nos ennemis, La valeur de son bras, A Courtray & mesme allieur, Il a montre son insigne valeur.
A Bergue & Ipre mesmement Il fit de beaux exploits, Faisant bien voir à ces Flamands, Et à ces Dunkerquois, Que pour son bon Roy sans tarder Sa vie dans ces lieux vouloit hazarder.
A Furnes, & au Fort Mardik, Ce vaillant Conducteur, Sur la mer parut fort hardy, Faisant de la terreur, Aux Vaisseaux qui vouloient entrer Dedans la place pour la seconder.
Monseigneur le Duc d’Orleans, Voyant qu’il auoit fait, En homme sage & bien prudent, Luy donna cét endroit, Pour en estre le Gouuerneur, L’appuy & aussi le vray deffenseur.
A Dunkerque pareillement, Ce Genereux Seigneur : Se battoit tousjours vaillamment Dedans les lieux d’honneur, Mais falloit-il qu’à Charanton, Estre tué par vn meschant poltron.
A Diximud il y a deux ans, Qui le prit pour certain, Deuant Léopold & ses gens, Vn Ieudy au matin, Et dont il en fut Gouuerneur Pour son courage & aussi son grand cœur.
Et au bout de huict iours apres Léopold vint Camper, Deuant la Ville tout exprés, Afin de l’assieger, Où a lors Monsieur de Clanleu, Faisoit des furieuses sortis sur eux.
Ce Guerrier soustint dix-huict iours, Comme vn vaillant Soldat, D’vn fort beau zele & plein d’Amour Donnant force combats, Dedans l’Armée & dans leurs Camp Taillant en piece d’aucun Regiment.
Il luy falut au mesme temps Bien-tost capituler Voyant qui n’y auoit nullement Quasiment de quartier, Car pour les Soldats qu’il auoit Furent tous prisonniers dans cét endroit.
Aprés celà il s’en-alla Trouué lors Gassion, Le supplier qui l’enuoya, A Louys de Bourbon, Lettre escripte de sa main Que la ville estoit renduë pour certain.
Gassion escript promptement Vne lettre au Roy, Qui s’estoit battu vaillamment Ayant par plusieurs-fois, Fait des sortys sur l’ennemy En montrant qui n’estoit pas endormy.
Mais tout celà n’empescha-pas Le mal-heureux dessein De ce perfide & ce Iudas, Qu’on nomme Mazarin, Car il le fit mettre en prison Par vne noire & mauuaise intention.
Dedans Amiens il fut vn an, Retenu prisonnier Mais les barricades arriuant Si-tost fit supplier Tous nos Seigneurs de Parlement Pour leur montrer qu’il estoit innocent.
Le Parlement ayant connu Point de mal à son fait Aussi-tost il s’est resolu Qu’il faloit en effet Que le Cardinal Mazarin, Contre luy eut quelque mauuais dedain.
Il le fit sorty de prison Comme estant innocent Et luy d’vne bonne action, Vint salüer humblement Le Parlement dedans Paris, Durant que le siege y estoit donc mis.
Lors Charanton estant à nous Ces Messieurs luy ont dit Nous desiront que ce soit vous Qui nous serue d’appuy Et mesmement de Gouuerneur Car nous sçauons qu’avez vn tres-grand cœur.
Et cét honneste homme emmena Les Regiments leuez Et dans le Bourg il ordonna, Comme ils furent arriuez Les postes qui deuoient tenir Afin de voir les ennemis venir.
Il fut enuiron quinze iours, Sans qui l’aperceut rien Mais vne nuict tout à l’entour Le Prince estoit soudain, Et le matin estant venu Clanleu & ses gens les ont reconnus.
Le Prince aduança le premier Et ce grand Chastillon, Mais voicy douze Fuziliers, Qui tiroient tout de bon Sur eux & aussi sur leurs gens Dont ce Seigneur fut mis au monument.
De Condé voyant ce mal-heur S’en-vint sort rudement De tous costez donnant terreur, A tous les Habitans Car l’vn s’enfuyoit dessus l’eau Et les autres dans des petits bateaux.
Clanleu estant dessus le pont Il se vid entourer De plusieurs coquins & poltronds Qui vouloient l’attraper Mais luy à coups de pistolets Tua six Mazarins & six Polonois.
Vn Sergent traistre & peruers Luy donna dans les rains Vn coup qui le mit à l’enuers Et tomba pour certain Lors il s’écria ô mon Dieu, Pardon ie vous demande dans ce lieu.
A Iesus-Christ recommanda, Son ame & son esprit Priant la Vierge à son trespas Auec vn cœur contrit De luy vouloir faire ce don De ses pechez auoir remission.
Les Regrets de Madame de Chatillon, sur la mort de son cher Espoux : sur le chant, Que de tristesse & de deuïl, &c.
O ! Quelle grande pitié, Ie reçois dedans mon ame. De voir ma chere moitié, Reduit sous la froide lame.
C’est ce grand de Chatillon, Qui a tant fait de vaillance, En plusieurs occasions Seruant bien le Roy de France.
Il estoit le grand mignon, De Condé chose asseurée Mais pour luy à Charanton, Fut tüé dans la meslée.
Faloit-il qu’il entreprit, Vne Guerre illegitime, Contre ces meilleurs amis, Qui en ont tant fait destime.
Qu’est la cause de sa mort C’est ce mal-heureux infame : Qui a fait par-tout grand tort, Dont tout le monde le blasme.
Ce traistre de Cardinal, Commanda d’aller reprendre, Comme vn Desmon infernal Charanton sans plus attendre.
A lors mon cher Espoux dit D’vne parole agreable, Faut-il que ie me soit mis Du costé d’vn miserable.
En proferant ce discours, Il falut à l’heure mesme, Quitter là toute la Cour, Auec vn regret extresme.
Estant au Bourg arriué, On commença à ce battre, Où plusieurs furent tüés Dedans ce furieux desastre.
En combattant il disoit O ! mon Dieu qu’elle querelle ? Voir François, contre François, Que cette Guerre est cruelle.
Au mesme temps il receut Vn coup dans le petit ventre, Et tomba toute estendu, Ne se pouvant plus deffendre.
Puis aprés on le porta, Dedans le Bois de Vincenne, Où la Vierge il reclama Qu’elle eut esgard à sa peyne.
En mourant il regrettoit La faute par luy commise Mais qui n’auoit pû iamais, Refusé cette entreprise.
Il dit encore vne fois, Faloit-il faire la Guerre, Contre les pauures François, Qui souffre tant de misere.
Il faloit mieux s’en-allé La faire dans l’Angleterre, Pour la saincte Foy planté, Que n’on-pas contre nos freres.
Il demanda humblement, Pardon de sa grande offence Faites à ce grand Parlement, Qui est le premier de France,
Voilà comme il trespassa En prononçant ces paroles, Ce bas monde il delaissa A-Dieu son ame s’envole.
Aussi son propre Cousin, Fut tué dans cette attaque, Dés le Lundy au matin, Et plusieurs de grand remarque.
Et moy Dame de renom, On m’apporta la nouuelle De la mort de Chastillon, Mon cher Espoux tres-fidelle.
C’est ce meschant Cardinal Qui a cette mort causée Que mon bon mary loyal, Ma ainsi tost delaissée.
Ie prie Dieu de le placer, Dedans la gloire Eternelle Et vouloir recompenser Mon bien aymé mon fidelle.
Les Adieux qu’à fait Monsieur de Chastillon auant que de mourir, à sa Mere & à sa Femme : Sur le chant, O ! mort, tres-rigoureuse mort, &c.
A Dieu, ma chere mere adieu, A dieu donc ma bien aymée femme, Il me faut quitter ce bas lieu, Pour à Dieu rendre ma pauure ame, Si en mourant i’ay vn regret I’en ay vn tres-iuste sujet.
Ce n’est pas que ie crains la mort, Car ie sçay qu’il faut que ie meure, Mais c’est que i’ay vn grand remort, Que l’on m’en a aduencée I’heure, Dans vn Combat où i’ay esté N’en n’ayant pas la volonté.
Helas ! ce fut à Charanton, Où on donna vne Bataille, Qu’à cette iniuste occasion, Que i’ay trouué mes funerailles,
Car le seul sujet principal, De la Bataille mal-heureuse, Ce fut le meschant Cardinal, Dont l’ame trop embitieuse, Commanda sans nul raison Qu’on alla prendre Charanton.
C’estoit le Prince de Condé, Qui estoit Chef de l’entreprise, A moy il me viens commandé De me trouuer à cette prise, Dieu sçayt que mon intention N’estoit point à cette action.
Car en mon cœur ie connoisois, Que c’estoit vne grande follie, De faire la guerre aux François Estans tous de mesme patrie, Ce Combat ie ne pouuois fuïr Car il me saloit obeïr.
Adieu donc puissant Roy Louys Adieu Monarque débonnaire, Dieu vueille vn iour en Paradis Ie vous voye aussi vostre Frere, Si i’ay vn regret de mourir C’est ne vous pouuant plus seruir.
Si mon trespas j’eus rencontré Dedans vne occasion bonne, Ie prendrois la mort plus à gré Que pour vne prise poltronne, Que le Cardinal Mazarin, Vouloit auoir à perte ou gain.
Ma grande consolation, Quittant cette vie terrienne, C’est que i’ay la Religion Qui est la meilleur & certaine, Où on peut son salut trouuer Et auec elle se sauuer.
Ie ne serois plus prolonger Car il faut que mon ame expire, Ie prie Dieu me vouloir loger Là haut dans son Celeste Empire Ie meurs bien resout & contant, De tous mes pechez repentant.
Ie vous presente mes adieux, Ma Femme & Mere bien aymée Dieu vueille qu’vn iour dans les Cieux, Que nos trois ames soient placés, Pour le loüer incessamment Plein d’vn parfaict contentement.
L’aparision de l’esprit de Monsieur le Duc de Chatillon, au Prince de de Condé : sur le chant, Ie fuis vostre beauté, &c.
Avant que l’œil du Iour Eut commencé son tour, Et que la nuit, qui nous liure au sommeil, Nous eut remis dans les bras du resveil, On rendoit au repos, Ce que nature auoit mis en despost, Mais dans l’estat de ce silance L’esprit bat les corps De differans remords.
Le Duc de Chastillon, Qui fut à Charanton, Pour l’interrest, d’vn Ministre odieux Blessé à mort d’vn coup iniurieux Sortis de son Tombeau, Demy couuert de son triste l’embeau, Pour remontrer à vn grand Prince : Le comble d’orreur, Où monte sa fureur.
Prince dis cette esprit, D’vn accent tres-hardy, Vous cognoissez, que pour vous auoir creu, Chastillon à des morts le nombre acreu Voyez à quoy me sert, Le vain support que vous m’auiez offert. Puis que la mort par sa puissance Oste les Lauriers,
I’estois bien abusé, De n’auoir mesprisé, Tous vos presens, cõme vn apas fatal, D’où d’escriuoit la source de mon mal Helas ! si j’eusse creu, N’en remporter que ce que i’ay reçeu Vous n’auriez pas par artifices Contre la raison Fait armer Chastillon.
Dans le sang des François, Contre-venez les Loix, Vous flestrissez, ces Lauriers plains d’effroy Que vous cueillaste à Lens & a Rocroy, Vous tachez vostre Nom, Et faites tort à celuy de Bourbon, Montmorancy aura la honte, De voir ses nepueux Prendre vn party honteux.
Mais encor n’estre rien, Pour vn Prince Chrestien, Que de songer, a dresser des Autels Aux faux honneurs que cherchent les mortels, Craignez vn Souuerain Plus grand que vous, & redoutez sa main, Si a punir elle est trop lante Son bras tout puissant N’en est pas moins pesant.
Pouuez-vous bien sans peur, Sans crainte & sans frayeur, Paroistre vn iour, deuant vn Dieu Puissant, Auec vn bras rougy de vostre sang Grand Prince où fuyrez-vous, De quelle sorte esuiter son couroux Estant dessus, de toute asile, Il n’est point de lieu Contre l’Ire d’vn Dieu.
FIN. Les trahysons de Mazarin descouverte ; Auec le Salué Regina, & l’Inmanus, qu’il doit chanter à la mort : sur le chant, De Lampon, &c.
Faudra pour punitions, bis. De toutes mes trahysons, bis. Qu’en tres-belle Compagnie Salué Regina je die, Deplus deplus, Et aussi mon Inmanus,
Ie suis pauure Cardinal, bis. On veut que ie fasse vn bal, bis. Dont la pitoyable dence, Se fera a la potence, Deplus deplus En disant mon Inmanus.
Qui fait que ie suis hay, bis. C’est que i’ay par trop trahy, bis. Car i’ay causé que la France, Est en vne grande souffrance, Faudra, faudra, Chanter Salué Regina.
I’ay enleué tout l’argent, bis. Qui rond le peuple indigent, bis. I’ay tant fait de Monopoles, Et tant vollé de pistoles Qui faudra, qui faudra Chanter Salué Regina.
N’auois-ie pas vn grand tort, bis Tenir Monsieur de Beaufort : bis. Dedans le Bois de Vincenne, Mais i’en porteray la peine, Me faudra, me faudra, Chanter Salué Regina.
Puis i’ay tint dans vne tour, bis. Monsieur la Mothe Haudancourt, bis. Faisant mourir ie le nemme, Monsieur Barillon braue homme, Trahysant, trahysant : A Courtray semblablement.
I’ay trahy pareillement, bis. A Naples tres-meschamment, bis. Et suis cause de la prise De ce grand Seigneur de Guyse, Me faudra, me faudra Chanter Salué Regina.
N’estois-je pas bien cruel, bis. Enuers Monsieur de Brousse, bis. Voulant par ma tyrannie, Qu’en prison finit sa vie, Mais aussi, mais aussi, Ie n’ay pas bien reüsi.
Paris i’ay fait affamer, bis. Et contre la Ville armer, bis. Et ruyner bien des Villages, Qui ont senty mes outrages Mais faudra, mais faudra, Chanter Salué Regina.
Mais aussi la nuict des Roys, bis. Inpertinant que j’estois, bis. I’ay en heure inopinée Sa Majesté enleuée, Tellement, tellement Qui m’en cuira rudement.
Aprés tous ces maux commis, bis. Il faudra que ie sois mis, bis. Sus vn eschaffaut infame Et là y rendre mon ame : Chantant chantant Vn Salué bien hautement.
LE GRAND COVRRIER General, rapportant toute les Nouuelles qui ce passe dans la France : sur le chant, Dites-moy Roy d’Espagne, &c. Le Gentil-homme.
IE te supplie arreste, Messager de Paris, Fais vn peu de retraite Viens-t’en en mon Logis, D’entendre les affaires, Seroit tout mon vouloir, Et te prie ne point taire Ce que ie veux sçauoir.
Le Courrier.
Ie veux de bonne grace, Dire la verité, Faut que ie satisfasse Vostre curiosité, Il faut que ie commence Parler du Cardinal, Qui veut ruyner la France, Par conseil infernal.
Le Gentil-homme.
Quoy il nous veux donc faire Cruellement pastir, Aussi ce temeraire, S’en pourroit repentir Ne donne piont de tresue, Encore à tes discours, Ie te supplie acheue, Que i’entende le cours.
Le Courrier.
Il nous vouloit reduire A telle extremité, Et aussi nous destruire Par la necessité, Faisant leuer du monde, De folle intention, Mais tout celà redonde A sa confusion.
Le Gentil-homme.
C’estoit donc son enuie, De nous ruyner en tout, Mais de sa tyrannie, En viendra-il à bout, Auez-vous vn grand nombre
Le Courrier.
Pour Generalissime, C’est Monsieur de Conty, Qui au Combat s’anime, Prenant nostre party, Puis de Beaufort ensuite, Et la Mothe Haudancour, Qui vont à leur poursuite Et la nuict & le iour.
Le Gentil-homme.
Manquez-vous point de viures, Tout n’est-il pas bien chair, Que peut valoir la liure De pain aussi de chair, Auez-vous pas disette, A Paris mesmement, Ie croy que l’on achepte Le tout bien chairement.
Le Courrier.
Ne faut point que ie mente, Tout est en grand’cherté. Le peuple se l’amente, De telle pauureté, Mais on a esperence Qu’aprés tout ce tourment On aura abondence, Des biens suffisemment.
Le Gentil-homme.
Auez-vous d’auantage, De Genereux François, Qui montre leur courage Pour vous à cette fois, L’Armée est-telle grande Estes-vous bien puissant, Affin qu’on se deffende Contre ces insolens.
Le Courrier.
Nous auons grosse Armée, Contre nos ennemis, Belle & bien ordonnée Et gens tous bien conduits, Le Marquis la Boulaye, D’Elbœuf & de Boüillon, Et Noirmoutier s’employe Pour cette occasion.
Le Gentil-homme.
Les Parlements de France Se sont joint & vnis, Faisant correspondence A celuy de Paris, Les armes ont voulu prendre Et se bien soustenir, Afin de ce deffendre De ce qui peut venir.
Le Courrier.
Ce vaillant de la Mothe, Ce hardy de Beaufort, Ils font si bien en sorte Par vn puissant effort, Par vne force agille, Et genereux exploits, Tous les jours dans la ville, Font entrer des Conuoys.
Le Gentil-homme.
Euste-vous bien du pire En perdant Charanton, Pour moy i’ay oüy dire Qu’on tua Chastillon, Clanleu dans la chamaille
Le Courrier.
Par vne bien vaillance L’Archiduc Léopold, A enuoyé en France, Pour y faire vn accord Ces Courriers de vitesse Sont venus au Palais : Au nom de son Altesse Pour demander la Paix.
Le Gentil-homme.
Il a mandé par Lettre A Nostre Parlement, Qu’auec eux se veut mettre En accommodement, Que s’estoit son enuie De les vouloir seruir, Qu’au peril de sa vie, Nous viendroit secourir.
LE COVRRIER DE LA Cour, rapportant toute les Nouuelles qui ce passe à present dans Paris, & dans la Campagne, Sur le chant, De Praslin à pris Rose, &c.
IE vous prie de m’entendre, Vous Messieurs de Paris, Ce que ie viens d’aprendre Dans vn fameux Logis, Que ce grand Longueuille, Se montre fort habille Et se bat tous les iours, Contre Monsieur d’Harcour.
I’ay encore oüy dire, Qu’il en auoit deffait, Qui venoient pour reduite A mort des Villageois : Et ruyner leur Villages, D’vn cœur plein de carnage, Mais Dieu n’a-pas permy, Ce grand masacre icy.
C’a parlons ie vous prie, De ce grand Léopold, Qu’est dans la Picardie, Qui viens d’vn bon accord Pour le Roy & nos princes, Et pour nostre Prouince, Et pour faire la Paix, Auec les bons François.
Il a pour compagnie Monsieur de Noirmoutier, Qui iure & certifie Ne point donné quartier, A ces traistes rebelles Qui font chose cruelle, Aux pauures Paysans, Et aussi aux Marchans.
Il faut parlé ensuite Du Prince de Conty, Qui va à la poursuite, De nos fiers ennemis, Et Monsieur de la Mothe, Y va de mesme sorte, Et le Duc de Beaufort, Qu’on estime si fort.
Ne faut pas qu’on oublie D’Elbeuf & de Boüillon, Car ils ont bien enuie De battre ces poltrons, Et le sieur la Boulaye, Qui tous les iours s’employe Faire comme à Grancé, Qu’il a si mal traitté.
Parlons de la Trimoüille, Et de ces Poicteuins, Qui feront la dépoüille Du corps à Mazarin, Et dedans la Tourenne, La chose est tres-certaine Que si on le tenoit Mourir on le feroit.
A Bordeaux & Toulouse, Ont prit nostre party, Voyant la iuste cause Qu’on auoit dans Paris, Et mesmement dans Guyenne Et aussi dedans Vienne, Ont bien fait reculé Schombert sans plus tardé.
Il vint beaucoup de viures, Tant par terre que par eau, Et les chemins sont liure, A present de nouueau, Et mesme le Commerce, Est restably sans cesse, Comme à l’accoustumé Le Roy l’a ordonné.
Nostre Euesque merite Que l’on parle de luy, Car il à sa suitte, Des Soldats tres-hardy : Et Monsieur de Vandosme, A bien défait des hommes Qui venoient secondé Le Prince de Condé.
De Conty tres-ciuille, Et nos bons Generaux, Auecque Longueuille, Veulent que ce Maraut, Pour punir ces offences Sois mis à la potence Pour y estre pendu Ayant trop mal vescu.
Voilà ce que rapporte, Le Courrier de la Cour, Qui est venu en poste, Tant la nuict que le iour, Pour dire les Nouuelles Du Peuple tres-fidelle, Qui se sont ioints tretous Voulant mourir pour nous.
FIN. Chanson nouvelle, Sur la Declaration de nos Princes & Generaux, & de tout le peuple de Paris, sur le refus de Mazarin, & ne veulent point qu’il revienne jamais, Sur le chant, l’entend la trompette, &c.
Nos Princes déposes, Contre Mazarin, Et tous se propose, Punir ce Cocquin, Car il ne veulent plus Qu’à Paris il revienne, Ils y sont resolus, Parce qu’il nous maintienne.
Tous chacun fulmine, Vers luy cette-fois, Car il est la ruyne, De tous les Frauçois, Ha ! traistre Mazarin, Au Diable on te donne, Fussent-tu dans le Rhin, Où au fond de la Saune.
Ne faut pas qu’il oze, Venir à Paris, Car tous se dispose, Et grands & petits, De le bien chastier, Si jamais il y rentre. De grace ny quartier, Il ne doit pas pretendre.
Il pille la France, Prenant son butin, Faut avoir vangeance, Contre ce mastin, Ha ! traistre Mazarin, &c.
Faut que l’on assomme, Ce faux Cardinal, Et que l’on le nomme, Démon infernal, Ha ! traistre Mazarin, &c,
Toutes nos furies, Il pourra sentir, De ses volleries,
Par ses Monopolles, Il nous auoit pris Toutes nos pistolles, Et nos beaux Louys, Ha ! traistre Mazarin, &c.
Monsieur la Trimoüille A des Poicteuins, Qui feront dépoüille De ce Mazarin, Aussi pareillement, Le Duc de Longueuille, A beaucoup de Normands, Qui sont Guerriers habille.
Tout chacun conspire, Sa perdition, Et le peuple aspire, Sa destruction, Ha ! traistre Mazarin, &c.
CHANSON NOVVELLE, Sur la deliurance de Monsieur de Brousel, Conseiller du Roy en sa Cour de Parlement de Paris : Sur le chant, Thoinon la belle Iardiniere, &c.
NE faut point passer sous silence, Les faits de Monsieur de Brousel, Car par sa grande vigilence Et par son soing continuel, Rendra la France Florissante Qui ne sera plus languissante.
François il nous faut crier viue, Louys nostre Roy Tres-Chrestien, Aussi que tout bon-heur arriue A de Brousel homme de bien, La France luy est redeuable Par son conseil tres-admirable.
Heureux le iour de la Naissance A de Broussel homme estimé, Dans Paris & par tout la France, Il est de tout chacun aymé, A ce vertueux personnage, Tout Paris à rendu hommage.
Cette belle langue faconde Et son parler tout diuin, N’auoit-il pas rauy le monde ? Comme fit autre-fois Seruin, De Broussel en a fait de mesme Ce qui fait que tout chacun l’ayme.
Faut auoir dans nostre memoire Desormais Monsieur de Brousel, Car il nous ayme il le faut croire D’vn amour qui est paternel, Qui fait que par tout on l’admire, Et que tout bien on luy desire.
Prions Dieu benir ses années, Et qui les vueilles prolonger, Et que la paix nous soit donnée Affin de nos maux soulager, Et nous oster de l’indigence Et nous renuoyer l’abondance.
La France sera réjoüye, Aussi ses pauures Habitans, Qui pourront mieux gagner leur vie, Et desormais viure contans, Nous faut donc reprendre esperance De bien-tost sortir de souffrance.
Mais quel bon-heur pour sa lignée Que ses parens furent joyeux, Quand liberté luy fut donnée Et qui le reuirent auprés d’eux, Grand ioye en eut la populace, Qui à Dieu en a rendu grace.
LA HARANGVE DV du Peuple aux Generaux, pour reduire au Tombeau Mazarin, & la menace de tous les Bourgeois de la France pour le mal traité : Sur le chant, Helas Prince débonnaire, &c.
LE Cardinal Mazarin, Est vn faquin, Est vn faquin,
Il a fait beaucoup de mal, Ce deloyal, ce deloyal, Et tant causé de miseres Helas ! Generaux de Guerre bis &c.
C’est vn grand Monopolleur, Et grand Volleur, Et grand Volleur Qui ayt eu iamais sur terre, Helas ! Genereux de Guerre, bis. &c.
Et vous Monsieur de Conty, Et de Vitry, & de Vitry, Tous deux jetté l’ay par terre, Helas ! Princes débonnaire, bis. Ne le manquez-pas
Longueuille pour certain, Veut Mazarin, veut Mazarin, Pour le faire estre Forçaire, Helas Generaux de Guerre ! bis, &c.
D’Elbœuf auec de Boüillon, Bons Champions, bons Champions, Luy payeront ces salaires Helas ! ces Foudres de Guerre, bis Le mettront à bas.
Et vous Monsieur de Beaufort, Nostre support, nostre support, Tüé-donc ce temeraire, Helas ! Prince débonnaire, Ne le manquez-pas.
Et vous ce grand Haudancour : Dans vne Tour, dans vne Tour Vous teint quatre années entiere Helas ! Seigneur débonnaire, bis. Mettez l’ay à bas.
La Boulaye pareillement Homme vaillant, homme vaillant Le mettra dedans la biere, Helas, &c.
Et le sieur de Noirmontier, Vaillant Guerrier, vaillant Guerrier, Luy taillera des croupieres, Helas ! grand Foudre de Guerre, bis Ne le manquez-pas.
Pour Léopold & ses gens, Sont maintenant, sont maintenant, Qui l’atende en grand colere, Helas ! Generaux de Guerre ; bis. Ne le manquez-pas.
Il a fait empoisonné Cét enragé, cét enragé, Monseigneur de Bassompierre, Helas ! Generaux de Guerre, bis. &c.
Et pour Monsieur de Gassion, Par trahyson, par trahyson, Le fit tüé par derriere, Helas ! Generaux de Guerre, bis. &c.
Si il reuient dans Paris, Comme l’on dit, comme l’on dit On luy fera bonne chere, Helas ! Generaux de Guerre, bis, &c.
Et les Bourgeois de Roüen, Sont tres-contants, sont tres-contants Qu’on le jette à la riuiere : Helas ! Generaux de Guerre, bis, &c.
Dans Marseille, & dans Bordeaux, On des Vaisseaux, ont des Vaisseaux, Pour l’enuoyer au Gallere, Helas ! Generaux de Guerre, bis Ne le manquez-pas.
Dedans Rheims, & dans Chaalon, C’est tout de bon, c’est tout de bon, Qui coupprons ses genitoires Helas ! ces Faudres de Guerre, Ne le menquez-pas.
Dans Renne tous les Bretons, Bons Compagnons, bons Compagnõs Le tuëront à coups de pierres Helas ! Generaux de Guerre, bis. Tué-donc ce Iudas.
Et pour ceux-là de Lyon, Et de Dijon, & de Dijon, Le reduiront en poussiere, Helas ! &c.
Messieurs vous auez grand cœur Et grand honneur, & grand honneur Pour le mettre dans la biere, Helas ! Generaux de Guerre, bis. Mettez l’ay à bas.
FIN.
Le preparatif de Lucifer, de Pluton, & de Caron, pour receuoir Mazarin, dans ses Enfers : Sur le chant, Des Qu’en-dira-t’on ? &c.
Toy Mazarin qui veut troubler la France, Par ton esprit diabolique & meschant, Pour ton offence Le Parlement, On a predit de te faire mourir, Pour te punir.
Lucifer en attendant ta venuë A fait ballier pour te receuoir Toutes les ruës, Car ton sçauoir, Sera du sien estant son fauory, Tu és tout en luy.
Afin de receuoir ton Eminence, Les Diables se sont armez jusqu’aux dents. Car ta presence, Les rend contants En ce voyant seront tous resioüis Tes grands amis.
Les Diablotins t’attendent à la pipée Portant picques, corcelets, & mousquets, Auec espée, Et pistolets, Tambour battant veulent pour ton sçauoir, Te receuoir. Tu as autre-fois esté Courrier de Rome, Tu seras postillon de Lucifer, Comme vn braue homme Dans les Enfers, Peu à peu tu mettra tes Compagnons Prés de Büillon.
Caron te viens donner pour recompence, Proserpine pour ta chere moitié Ton Eminence, Sans en ralier, Merite bien de posseder son cœur, Et sa grandeur.
Caron t’attend auec impatience, Pour te traitter selon ta qualité, Pour asseurance, Tu és asseuré, Que tu entreras dans ce lieu tenebreux Trop mal-heureux.
Pernicieux vipere abominable, Qui nous cause en France tant de mal-heur, Trop miserable, Le Createur, Te fera tresbucher auec Lucifer, Dans les Enfers.
FIN. Histoire veritable d’vn malheureux Monopoleur, lequel a esté emporté par les Diables, prés la ville de Lyon : Sur le chant, De Bois-Vignon, &c.
Mon Dieu permetté par vostre Clemence, Que ie recite à l’honneste assistance, La punition aussi le grand mal-heur, Arriué à vn grand Monopoleur.
Ce malheureux par trop remply de rage, Ruynoit tous les pauures gens de Vilages, Par son esprit diabolique & meschant, A luy a tiré tout l’or & l’argent.
Pour attirer à luy tous nos pistoles Il inuentoit cent mile Monopoles, Faisoit souffrir les pauures Laboureurs, Pour faire venir ses parens grands Seigneurs.
Il commettoit encore bien d’autre offence.
Voulant faire payer quelque subsiste Au Paysant qui n’estoit pas licite, A mesme instant mirent les armes en main, Furent trouuer ce perfide inhumain.
Ce meschant Monopoleur prit la fuitte, Tous les Paysans furent à la pousuitte Il receut plusieurs coups sur son corps Si bien qu’il fut blessé jusques à la mort.
Prest à mourir ce traistre abominable, A tous momens il se donnoit au Diable, Ne voulant point receuoir confession Qui est la cause de sa damnation.
Estant au dernier souspir de sa vie, Sans regretter sa miserable vie, Il blasphemoit le nom du Createur, Comme vn meschant traistre persecuteur.
Tous ses parens pour couurir sa malice, Luy firent faire vn assez beau Service, Mais il auoit à l’article de la mort, Au Diable donné son ame & son corps.
Ayant mis en terre ce miserable, Diuerse fois vne voix effroyable, S’escriant pour moy ne faut pas prié Ie suis damné pour vne eternité.
Dans les Enfers an tang des infidelles : Me faut brusler dans les flames eternelle. Pour auoir fait languit les innocens, Ie suis priué du Sauueur tout-puissant.
Aussi-tost fut deterré par les Diables, Ayant pouuoit sur cét abominable, Ils dechirerent son corps par morceaux, Ne laissant point de chair dessus les os.
A ses parens subjet bien memorable, L’ombre s’aparut chose veritable, Et leur dit serué bien le Souuerain ; Ne vous damné pour l’argent qui n’est rien.
Voylà la vie & la fin miserable, De ce meschant vipere trop miserable, Seruiteur Domestique à Lucifer, Pour sa recompence il est aux Enfers.
Dans nos corps ne seront point l’auarice, Au doux Iesus rendons humble seruice : On n’entre point au Ciel par les grandeurs, Mais bien par la bassesse & la douceur.
Prions Iesus & la Vierge sa Mere, Qu’il leur plaise estre à nos heure derniere, Afin qu’vn iour dedant le Firmament Nous nous puissions voir tous ensemblement.
FIN.
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Anonyme [1649], RECVEIL GENERAL, De toutes les Chansons mazarinistes. ET AVEC PLVSIEVRS QVI N’ONT point estées chantées. , françaisRéférence RIM : M0_3055. Cote locale : C_8_44.