Anonyme [1652], OBSERVATIONS SVR QVELQVES LETTRES ECRITES AV CARDINAL MAZARIN, ET PAR LE CARDINAL MAZARIN. , françaisRéférence RIM : M0_2572. Cote locale : C_12_35a.
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FIDELE TRADVCTION DV
Latin en François, de la Response que Nostre Saint
Pere le Pape a faite à la Lettre, que Monsieur le
Cardinal Mazarin auoit écrite à Sa Sainteté, sur
la retraicte de son Eminence hors du Royaume de
France ; & sur les Arrests donnez contre luy.

A Nostre bien aymé Fils Iules Cardinal de la Sainte Eglise
Romaine, appellé Mazarin, Innocent X. Pape,

NOSTRE bien aymé Fils, Salut, & Benediction
Apostolique. NOVS auons receu
vostre Lettre ; & vous pouuons assurer, que
les raisons, qui vous ont fait resoudre à sortir
du Royaume de France, nous ont esté inconnuës
iusques à present : n’ayants rien apris de ce
qui vous est arriué, que par les bruits communs.
Apres y auoir meurement pensé ; nous nous
trouuons obligez par le deuoir de nostre charge,
& sommes portez par nos soings paternels,
à vous dire franchement : que vous fairez bien
de vous souuenir que vostre profession Ecclesiastique,
doit estre accompagnée de charité, &
de douceur ; & aussi, que vous deuez conseruer
la memoire, des honneurs, de l’estime, & des
bienfaits, que vous auez receus de la liberalité

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des grands Roys, de l’affection des principaux
François, & des faueurs singulieres de ce Royaume,
qui vous a donné tant d’éclat & de biens.
Si vous y pensez comme il faut ; vous serez contrainct
d’aduoüer, que toutes ces graces, vous
ont imposé la necessité ; non seulement de faire
tous vos efforts ; mais de procurer en effect ;
que dans les rencontres des affaires presentes
tout le monde entende ; que vous preferez à vos
interests, & desseins particuliers, le bien d’vne
Couronne, & la tranquillité d’vne nation tres-illustre :
estant certain, qu’il n’y a rien si conuenable
à vostre condition ; que de seruir à la conseruation,
& repos des peuples ; sur tout de ceux,
ausquels vous auez beaucoup d’obligation. Si
vous en vsez de la sorte, outre que deuant Dieu,
vous vous acquiterez du deuoir d’vn bon Ecclesiastique ;
vous acquerrez parmy les hommes la
reputation de pieté, & de gratitude. C’est ainsi,
que vous prendrez vn tres bon expediant ; pour
deffendre la dignité de vostre Cardinalat ; estant
assuré, qu’en faisant paroistre ces belles qualitez
à vn Royaume qui est tres Chrestien, il vous
estimera & admirera : Car la beauté, & la force
d’vne veritable, & sincere vertu, l’exemptent
de toute sorte de mépris, & la rendent glorieusement
triomphante ; parce qu’elle respend vne
lumiere, qui ne reçoit point de soüilleure ; rauit
vn chacun en admiration, & attire à son seruice

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ceux mesmes, qui luy ont esté plus contraires.
Nos predecesseurs grands obseruateurs de
la Loy de Dieu, & tres-recommendables par le
mépris de leurs propres interests ; ont par cette
pratique ietté les fondemens de la splendeur &
Majesté du Clergé. Il vous faut imiter ces gens-là,
& suiure courageusement leurs demarches ;
pour maintenir la veneration, que les Chrestiens
ont pour les dignitez sacrées, par les mesmes
moyens qui l’ont produite. Le zele que nous
auons pour la maison de Dieu, & la Charité d’vn
souuerain Pontife, nous poussent à vous aduertir
de ces deuoirs, & à vous exhorter de vous en
acquiter, cependant que nous prierons nostre
Seigneur, de vous enuoyer, Mon cher Fils, sa lumiere
qui esclairera vostre prudence, & conduira
vos actions. Nous vous faisons part de la benediction
Apostolique. DONNÉ à Rome à
Sainte Marie Majeure, sous le Sceau de S. Pierre,
le huitiéme de Iuillet de l’an mille six cens cinquante
& vn, qui est le septiéme de nostre Pontificat.

 

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