LES MERVEILLES
DE LA
FRONDE
DV GRAND
HERCVLES
DE PARIS.

 

COVLON ie dis sans raillerie,
Que vous deuez baiser les mains
Pour iamais à la Fronderie :
Car auant qu’il soit la Toussaincts
Vous serez sainct & tout le monde,
Dira sur le champ de la Fronde,
Cy gist de son long estendu
Coulon Frondeur qui fut pendu.

 

 

Comme l’on a gardé Brousselle
Et transferé le Parlement,
Affamé ce peuple rebelle
Et pris Paris en vn môment :

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Reduit Bordeaux & la Prouence,
Et mis en paix toute la France,
Ainsi vous verrez estendu
Coulon Frondeur qui fut pendu.

 

 

Pour aller en l’Hostel de Ville
Au bal en toute seureté,
Mazarin met en homme habille
Les basteliers de son costé :
Il s’est fait voir homme de teste
Car ayant fait telle conqueste,
On ne peut douter auiourd’huy
Que la Gréue ne soit pour luy.

 

 

Iulles tu deuient populaire,
Tu t’es acquis depuis deux iours
Dame Ieanne la grosse Harangere,
Qui te promet vn grand secours :
Veux tu scauoir ce que i’en pense,
Ie ne croy pas que dans la France
Desormais tu donne la loy,
Bien que Dame Ieanne soit pour toy.

 

 

Frondeurs vous n’estes que des gruës,
Vous estes tous en desarroy,
Le Mazarin va par les ruës,
Il y va mesme sans le Roy :

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Les basteliers auec la Halle
Sont maintenant de sa caballe,
Et voila ce grand Cardinal
Exempt de la peine & du mal.

 

 

Pour Bachamont la ieune enfance
Le doit sauuer de cette loy,
De gambiller sous la potence
Pour auoir irrité son Roy :
Il se repent comme son pere,
Et promet vn iour de mieux faire,
Tout prest de dresser vn Factum
Contre le President Charton.

 

 

Apprend de moy Iulles de Rome,
Pauure Ministre sans vertu,
Qu’aussi tost que l’on siffle vn homme,
Icy nous le tenons perdu :
L’on te fait d’horribles pieces
Retire toy prends tes trois niepces,
Et sur tout sois plustost party
Que Condé n’en soit aduerty.

 

 

Enfin malgré vous Seigneur Iulles,
Nostre Abbé sera Cardinal,
Si dans quinzaine il n’a ses Bulles
Ie preuois pour vous bien du mal :

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Vostre faute sera notoire
Vous n’aurez plus deschapatoire,
Et deuant le grand Iubilé
Vous pourriez bien estre exillé.

 

AVTRE.

 

ENCOR que Mazarin en gronde
Nargue du Coq viue la Fronde,
Le Coq n’est propre qu’aux faquins :
La Fronde est vne arme Royalle
Qui reduira tous ces coquins
A renoncer à la caballe.

 

 

Que Iulles donne des pistolles,
Et Sainctot de bonnes parolles,
La Railliere de ses bons vins :
La Fronde sans nul artifice
Aura les crochus fantassins
Incessamment à son seruice.

 

 

O que de laschetez infames
De carresser ses viles âmes,
Pour maintenir l’authorité :
Dauid auec sa seule Fronde
Ayant Gollias surmonté,
Se fist le plus grand Roy du monde.

 

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Fy donc du Coq, viue la Fronde,
Cét arme est propre à tout le monde,
Le Coq ne l’est qu’à peu de gens,
Il n’est bon que pour la Riuiere :
Et les Frondeurs & les Frondans
Frondent pardeuant & derriere.

 

FIN.

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