Anonyme [1650], ADVIS SVR LE GOVVERNEMENT DE L’ESTAT. , françaisRéférence RIM : M2_36. Cote locale : D_1_20.
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EXTRAICT DES Registres du Parlement de Paris,
Contenant la deliberation
dudit Parlement, prise y opinant
Mr le Duc d’Orleans, toutes
les Chambres assemblées.

Sur la Harangue faite par Monsieur de Voysin, Conseiller
Deputé du Parlement de Bourdeaux.

CE jour la Cour aduertie que Monsieur le
Duc d’Orleans estoit à la saincte Chapelle,
& venoit en Parlement, ont esté les
grands Chambre, Tournelle & de l’Edict
assemblées, & arresté que toutes les Chambres
seroient assemblées sur le sujet du Conseiller
Deputé du Parlement de Bourdeaux ; & à l’instant
Monsieur le President de Bellievre, Monsieur le
President de Longueil, & Messieurs Cheualier &
Viole, Conseillers, ont esté Deputés pour aller receuoir
ledit Sieur Duc d’Orleans à ladite saincte
Chapelle ; est entré peu de temps aprés ledit sieur

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Duc d’Orleans, auec lesdits sieurs Presidents &
Conseillers ; & ayant pris place, toutes lesdites
Chambres assemblées, Monsieur le premier President
a fait recit de la deliberation de Lundy dernier
touchant ledit Deputé du Parlement de Bourdeaux,
& que le Motif qu’auoit eu la Cour de prier
ledit sieur Duc d’Orleans de venir prendre sa seance
en icelle, estoit qu’en sa presence la Cour peust
faire vne deliberation digne de la grandeur de la
Compagnie, & de l’estat present des affaires publiques,
& auant qu’entrer en deliberation si le Deputé
du Parlement de Bourdeaux auroit Audience
ou non, Monsieur le Duc d’Orleans a dit à la Compagnie,
qu’il la vouloit informer comme le Roy
auoit mandé depuis quinze jours en çà Monsieur
le Duc d’Espernon pour se rendre prés de leurs Majestez,
que le mesme ordre luy auoit esté reïteré
depuis huit jours seulement, pour se rendre en la
Cour en l’vne des villes sur la riuiere de Loire, sur
le chemin du Roy allant en Guyenne, où le Roy alloit
auec vn esprit de douceur, & pour y pacifier
toutes choses ; qu’il n’estoit point mal satisfaict de
la conduite du Parlement de Bourdeaux ; & que s’il
auoit fait quelque chose où l’on peust trouuer à redire,
ledit Seigneur Roy sçauoit bien que sçauoit
esté par contrainte, qu’il pardonneroit à tous ceux
de ses sujets qui se rangeroient à leur deuoir, & qu’il
n’vseroit d’aucune rigueur contr’eux ; mais bien

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contre ceux qui se trouueroient auoir eu intelligence
auec les Espagnols, & que le procez leur seroit
fait par leurs Iuges & ledit Parlement ; Sur ce ladite
Cour ayant deliberé & arresté que ledit Deputé seroit
oüy, ont esté mandez les Gens du Roy, & fait
entrer ledit Deputé, qui a pris place au Banc du
Bureau entre Messieurs Rancher & Menardeau ; &
assis & couuert à dit, Qu’il auoit Lettre de la part
dudit Parlement de Bourdeaux adressantes à la
Cour, laquelle il a presentée & mise sur le Bureau
auec l’Extraict du Registre du premier Iuin dernier,
& les Arrests dudit Parlement des quatorze & quinziéme
dudit mois. Et lecture faite desdits Lettre,
Registre & Arrests, ledit Conseiller Deputé, oüy
en sa creance, Monsieur le premier President luy
a dit, Qu’auec regret on auoit entendu la lecture
de la lettre & sa creance, qu’il ne pouuoit
luy faire réponse que par le suffrage & commun
vœu de la Compagnie, & pour en deliberer
s’est retiré ; ont les Gens du Roy supplié la Cour
qu’ils peussent conferer ensemble pour prendre
leurs Conclusions, se sont retirez, & tost apres rentrez
ouïs en leurs Conclusions, eux derechef retirez,
a esté commencée la deliberation, & n’ayant
esté acheuée a esté remise au lendemain. Fait en
Parlement les Chambres assemblées le sixiéme Iuillet
du matin, mil six cens cinquante.

 

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Du Ieudy septieme jour de Iuillet, mil six cent
cinquante.

CE jour la Cour, toutes les Chambres assemblées,
ayant continué la deliberation du jour
de hier, sur le sujet du Deputé du Parlement de
Bourdeaux, A arresté que Registre sera fait des paroles
dites à la dite Cour par Monsieur le Duc d’Orleans
ledit jour de hier touchant Monsieur le Duc
d’Espernon, que ledit Deputé baillera sa creance
par escrit, la quelle, ensemble la Lettre addressante
à ladite Cour, & les Arrests dudit Parlement de
Bourdeaux seront enuoyez au Roy & à la Reine Regente
en France par Deputez de la Cour, lesquels
supplieront tres-humblement ledit Seigneur Roy
& ladite Dame Reine de pourueoir aux plaintes &
remonstrances dudit Parlement de Bourdeaux, &
par leur bonté donner le repos & la tranquillité à la
Prouince de Guyenne. Fait en Parlement les Chambres
assemblées ledit jour & au cy-dessus.

Chez Guillaume Sassier, Imprimeur & Libraire
ordinaire du Roy, ruë des Cordiers, proche la
Sorbonne, aux deux Tourterelles.

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