SECOND ADVERTISSEMENT
Aux Parisiens.

Affiche à Paris le 14. Iuillet 1651.

LE Cardinal Mazarin nostre ennemy mortel,
est aupres de Sedan, qui s’en vient à
grandes journées, apres qu’il aura ramassé les
Troupes qu’il a leuées à nos despens, pour l’escorter,
sur la parole que Monsieur de Mercœur
luy a portée, (croyant Monsieur le Prince pris.)
Que toutes choses estoient disposées à Brisac, à
Sedan, & à la Cour, pour fauoriser son retour en
France. Les Casaques de ses Gardes que ses Partisans
luy ont enuoyé, auec cent mille escus, doiuent)
seruir à sa conduite, & rendre son arriuée à
Paris plus glorieuse, que son Bannissement ne
luy a esté honteux. Les monopoles de ses Emissaires,
& les Assemblées secrettes qu’ils ont faites
en sa faueur, le font reuenir auec vn esprit
plus fier & plus cruel qu’il ne l’a jamais eu ; sur
tout, contre les Parisiens qui l’ont si ignominieusement
chassé du Royaume. Ses actions
passées nous doiuent assez persuader qu’il n’est
pas homme à leur pardonner vn si sanglant affront ;

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& c’est ce qui a obligé Monsieur le Prince,
auec les mauuais desseins qu’on auoit sur sa personne,
pour s’estre opposé auec ardeur à son retour,
de se retirer à Sainct Maur, comme il le declare
hautement par sa Lettre escrite au Parlement.

 

PEVPLE, Il est temps de songer à toy, ce
Grand Prince te monstre le chemin ; seconde ses
bons desseins ; & si le Parlement, pour quelque
consideration particuliere ne chasse ces Sangsuës
de l’Estat, auparauant qu’on donne le temps
à ton Ennemy de se saisir de Sedan & de Brisac,
d’où on ne sçauroit le faire sortir qu’auec la perte
de ton sang, & de tes biens. L’argent qu’il a
volé au Roy & au Peuple, luy entretiendroit
dans ces deux fortes Places vne Armée qui feroit
trembler toute la France ; & auec les intelligences
qu’il a dans Paris, par le moyen de ses
Amis qui gouuernent encore l’Estat, & qui attachent
la Cour à ses interests, ta perte seroit inéuitable.
C’est à toy donc à songer à ton repos,
Monsieur le Prince est encore à tes portes, invite
le de se mettre à la teste de tant de bons François
pour s’opposer au retour de nostre Ennemy
commun : Invite son Altesse Royale à seconder
ses bonnes intentions : Car si les persecutions
des amis du Cardinal Mazarin l’obligent à se retirer
à Bordeaux, tu ne dois point douter qu’incontinent

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apres, ce Traitre ne soit à tes portes. Il
luy est fort indifferend que Monsieur le Prince
soit encore son prisonnier, ou qu’il soit obligé
de luy quitter la place, pour se saisir de la Majorité
du Roy, afin qu’auec cette Authorité souueraine,
il puisse aisément se vanger contre Paris.
Si par l’esloignement de Mr le Prince il trouue
jour pour r’entrer dans cette Ville, c’est le
malheur que le France doit considerer comme
le plus grand & le plus fatal qui luy puisse arriuer.
Supplie donc Son Altesse Royale, de n’abandonner
jamais le party de Monsieur le Prince,
si juste & si necessaire pour ton salut ; Ossre
luy ton bras & tes assistances, donne luy ton se
cours, afin qu’il ne soit point contraint auec tous
ses Amis, de te delaisser, pour s’eschaper de tes
Ennemis & des siens ; ce qui causeroit la ruine
entiere de tout le Royaume, & principalement
celle de Paris, que ce Perfide regarde desormais
comme la principale victime qu’il doit immolet
à sa vengeance, pour les affrons qu’il en a receu.
Monsieur le Prince s’est esclaircy selon tes souhaits,
monstre luy maintenant la reconnoissance
que tu luy en dois auoir, afin que tu le retienne
aupres de toy, afin qu’il s’oppose vigoureusement
aux entreprises de ton Ennemy, & afin
qu’il te restablisse dans vne tranquillité heureuse,
qu’on n’entende plus parler que de la destruction

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entiere de tes Ennemis, & I’vnion indissoluble
de Son Altesse auec le Peuple.

 

FIN de la seconde Affiche.