Anonyme [1649], PROMPT ET SALVTAIRE ADVIS VIVE IESVS-CHRIST, Viue le Roy, & le Parlement, François & tous ses bons sujects. , françaisRéférence RIM : M0_2903. Cote locale : A_6_80.
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PROMPT
ET
SALVTAIRE
ADVIS
VIVE IESVS-CHRIST,
Viue le Roy, & le Parlement, François
& tous ses bons sujects.

M. CD. XLIX.

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PROMPT
ET
SALVTAIRE
ADVIS.
VIVE IESVS-CHRIST.
VIVE LE ROY, LE PARLEMENT
& tous ses bons sujets.

IL ne faut point tant de discours les playes sont trop
saignantes & fumantes en ce pays, les Lettres des Prouinces
escriptes auec les larmes & le sang, & dont la lecture
fait dresser les cheueux en teste, tant d’escripts d’honnestes
gens, tant de predications de vrays A postres & non
pas d’Apostats, comme ont esté aucuns de pieux Curez
& des interessez Pasteurs ; ne sont-ce par des aduertissemens
assez puissans par lesquels Dieu veut esueiller son
peuple, afin qu’il ne perisse pas par les charmes desquels
on ensorcelle son mal pour le rendre insensible.

Peuples vous n’estes que trop asseurez que tous ces malheurs,
si vous ny prenez garde, ne sont que des auant coureurs
d’vne perte irreparable de la pureté de la Religion
du Roy, de son Estat & de ses bons sujets, quoy que
tous innocens ; sa Majesté par son aage, les autres par la
sincerité de leur intention & simplicité de leur obeyssance,
qui est taxée de mutinerie pour ne vouloir en tout obtemperer

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à l’ambition & insatiable auarice d’vn estranger,
ennemy naturel de la nation Françoise & de ses supposts,
la plus grande partie pareillement estrangers, horsmis
quelques vns qui sont autant de viperes, qui donnent
la mort à leur propre mere.

 

Le Sainct Esprit asseure par les Prophetes que Dieu n’a
renuersé les Couronnes d’Antigonus, de Balthazard &
d’autres, & particulierement n’a ruyné le Royaume de Iuda
& de Solé, la populeuse Ierusalem, que lors que l’on a
prophané la Religion que les Publicains où Maltotiers
ont esté en vogue ; les Iuges ont neglige la cause publique,
& les Princes du peuple n’ont esteint le feu de leur ambition.

Que de prophanations lesquelles la plume n’ose escrire
des choses les plus sacrées, de l’Estre de Dieu mesme & de
sa representation reelle dans la Sacro-saincte Eucharistie,
que de blasphemes execrables & superbes insupportables
de ces canailles de Maltotiers, engressez du sang du peuple
& de la propre subsistance des pauures, & non pas des
superfluitez des riches, comme de certains flateurs à gages
nous veulent faire croire dans quelques Chaires de la verité
mesme, que de vols, de viols, de saccagemens, Barbaries
cent fois plus cruelles que celles des anciens Tyrans,
Turcs & Sauuages : Que de crucifiemens, escartellemens
de toutes sortes de personnes & tirées mesme des plus
qualifiez sont malicieusement tolerées & cruellement
commandez.

Mais quoy perdre le temps à parler, vn plus grand mal
& plus general presse ; peuple de Paris François gardez la
surprise Mazarine, ces armées passées d’Allemagne & de

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Suede que l’on fait demeurer aux aproches ce n’est pas
tant pour choquer l’Espagne, qu’elle mine que l’on fasse
qui n’est pas mesme beaucoup apparente, encore moins
conuaincante que pour ruyner la France.

 

Ceste force ouuerte n’est pas la plus à craindre, les pratiques
& intelligences secrettes sont les plus dangereuses,
la partie se lie plus fortement de iour en iour au milieu de
vous mesmes pour tous vous joüer en vn coup de dé, on
recule pour mieux sauter, l’on vous tourne comme de
pauures perdrix pour vous massacrer plus adroitement,
sans neantmoins que ces traistres cruels perdent le temps
dans les Prouinces qu’ils desolent ; rompez au plustost
toutes ces brigues, secoüez toute paresse, où vous estes
perdus, le plus prompt aduis en attendant de plus amples
est celuy-cy.

Peuple de Paris courez en foule de iour à autre au Palais,
faites qu’au plustost Messieurs du Parlement, j’entends
ceux qui sont reconnus pour veritables Francois, s’assemblent,
qu’ils appellent des Deputez de chascun Parlement
de France, gens de bien & bons compatriotes,
Que sans s’amuser à certains ordres soubçonnez, qui sous
pretexte de police estouffent les meilleurs desseins, chascun
quartier depute quelques bons habitans pour s’assembler
en vne Chambre du Palais & aduiser à ce qu’on
voira bon estre, & ainsi dans les autres Communautez
du Royaume qui auront leurs Deputez en celle-cy, gens
reconnus de nulle mauuaise intrigue & de probité.

Que toute la populace & pauures contraignent les
bien faisans qu’on reconnoistra qui se sont donnez à
Dieu & au secours du prochain, de s’assembler en vne

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Chambre du Palais pour pouruoir aux necessitez d’vn
chascun sur le bien qu’on designera estre propre pour cét
effet, ce qui profitera aussi à l’aduenir, tant pour toute
sortes de personnes incommodez que nommément
pour les pauures soldats estropiez ou non & leurs familles,
qui auront seruy le Roy & l’Estat.

 

Et afin qu’on aye plus de facilité à faire ceste juste contrainte,
voicy les adresses de quelques vns.

Le feu sieur Baron de Ranty ne pouuant ayder si ce
n’est par ses prieres profitera beaucoup si on va chez luy
s’enquester de ceux qui estoient de sa pieuse intelligence,
tant dans ceste ville que dans les Prouinces pour le
soulagement des pauures, principallement honteux : sa
maison est en la Parroisse Sainct Paul, ruë Beautreillic,
proche l’Arcenac, Monsieur l’Euesque du Belley.

Le sieur Regnard pres les filles Sainct Thomas, pres le
Faux bourg Mont martre.

Les sieurs de Chaumuel, le sieur Abbé de Matha & autres
aux Incurables.

Le sieur Abbé Normand, pres la porte Sainct Michel,
le sieur de Couttayes vers la Pitié, joygnant l’Image
Sainct Louys.

Les sieurs Curez de Sainct Germain de l’Auxerrois,
Sainct Merry, de Sainct Nicolas du Chardronnet & autres
zelez pour les pauures, entre lesquels ie ne nomme
point leur Chef, Monsieur le Coadjuteur de Paris qui
estendra ses soins aussi bien sur les pauures que sur le reste
du public.

Le sieur Camus, Faux bourg Sainct Iacques aux Carmelites,
& ceux que feront cognoistre les charitables &

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nullement bigottes habitudes, comme en sont de certains
à la mode, qui d’vn costé adorent le Veau d’Or de la
Cour & ses diaboliques maximes, & de l’autre veulent
couurir leur hypocrisie de quelque apparence de bien, ou
pensent s’absoudre de leurs brigandages par quelques
aumosnes d’vn bien qui ne leur appartient pas, & en laschant
5. sols, croyẽt pouuoir en retenir douze mille. Cain
offrit aussi bien qu’Abel vn Sacrifice, mais celuy-là attira
le feu de la collere de Dieu, & celuy-cy fut remply de son
Esprit parcẽ qu’il auoit le cœur net, à quoy Dieu regarde
premierement pour approuuer ou reprouuer les dons
qu’on luy fait.

 

Il ne faut se soucier des grands honneurs & moyens,
seulement de la pureté d’intention, & Dieu confond par
la priere d’vn homme de bien & sa simplicité les conseils
des prudens du siecle : ce qui me fait nommer ensuitte de
bon Pauure, le Coutelier, ruë de la Coutelerie à la Roze
blanche, le Mercier, Frere Michel vis à vis Sainct Paul,
outre qu’entre ces personnages cy-dessus designez qui
n’ont pas moins de jugement & de qualité que de pieté,
il s’en trouuera que la charité fera agir en ce que le
soubçon d’ambition leur feroit fuir.

Il faut demander pleine liberté d’escrire ou faire Imprimer
de bons aduis, ou autres choses profitables au public,
sauf à estre discutées, & l’on verra en consequence que
l’Estat sera en asseurance, les insendies, les vols, les sacrileges
& autres crimes & desseins énormes seront supprimez,
vn Ordre certain empeschera la confusion que l’incertitude
d’vn mal aussi certain, si on y pouruois, qu’est la
mort naturelle fortifie, les honnestes Bourgeois riches ne

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seront apauuris, les mediocres ne seront reduits au neant,
ny les pauures au desespoir, comme les pernicieux conseils
pretendent ; n’est ce pas vne chose estrange, que des
atheismes, des mensonges execrables des flateries & autres,
telles dangereuses pratiques peuuent estre ouuertement
Imprimez, & qu’on n’ose parler d’vn bon aduis, de dire
qu’en bien faisant & publiant choses Chrestiennes &
profitables au public, on apprehende les ministres de la
Iustice, qui forcez par la verité auoient justement condamné
ce qu’ils ont par apres indignement approuué,
sauf l’honneur des bons, partie par vne pusillaminité honteuse,
partie par vne correspondance criminelle deuant
Dieu & deuant les hommes, leur iniuste acquiescemens
ayant remis où plustost entretenu dans ces monstres impitoyables,
la fureur & la rage pour l’exercer plus audacieusement.

 

Courage peuple, si vne lasche complaisance porte d’abord
quelques Magistrats à vouloir empescher ce bon
dessein, la pluspart sera bien aise d’auoir pour excuse l’impossibilité
d’vne force causée par vostre multitude, & les
autres, s’il y en a de si desnaturez creueront en leur malice.

Quantité de Seigneurs & braue Noblesse sera rauie de
voir iour à la iuste vengeance qu’ils doiuent prendre des
viols faits aux personnes de leurs Dames & Damoiselles,
des pillages & ruynes de leurs Chasteaux, des indignes
supplices dont on a bourelé les plus qualifiez des barbaries
assouuies sur leurs suiets des bouluersemens de leurs
Eglises, des hachemens comme chair à paté de leurs Prestres
& Curez.

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Souz la foy de ce traitté on m’a fait retirer,
on m’a desarmé : mais il n’y a plus de foy, plus
de parole. Lors que ie croyois que tout fust appaisé,
on a esleué plus haut ce trophée de la liberté
publique, ce nid de tyrannie, deux cens
cens miserables paysans iour & nuict, les iours
de Feste ont esté contraincts de bastir leur prison,
de forger leurs chaisnes & celle de toute
la Guyenne, de faire les entraues des Perigordins,
Limosins & tous les peuples du voisinage :
on a multiplié le nombre des harpies rauissantes,
& de ses vautours qui ne se nourrissent
que de vostre sang : on a faict conduire de
Broüage sans ordre du Roy, par le complot de
deux Gouuerneurs, qui abusent de l’authorité
de leurs charges, des Canons, des Mortiers, à
Bombes à Libourne : on a enuoyé contre les
Loix de l’Estat, les Ordonnances, la derniere
Declaration, leuer la subsistance de quatorze
cens hommes, quoy qu’en effect il n’y aye
dans Libourne que trois ou quatre cens malheureux,
qui ne meritent pas le nom de Soldats,
& cette leuée, ou plustost vollerie publique,
se fait à main armée. C’est le suject du depart
de Monsieur d’Argenson de cette Ville,
inserée en la Declaration dõt la teneur s’ensuit.

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NOVS René de Voyer Sieur d’Argenson,
Conseiller du Roy ordinaire en
son Conseil d’Estat, Commissaire deputé par
sa Majesté, pour faire cesser les troubles de
Guyenne & de la Ville de Bordeaux ; Ayant
esté aduerty que nostre Ordre donné pour la
surceance du trauail du Reduict de Libourne,
& de la demolition de ce qui a esté faict depuis
le quatriesme du present mois n’a point esté executé ;
Nous partons presentement de la Ville
de Bourdeaux pour procurer l’execution d’iceluy,
suyuant les volontez du Roy, que Nous
auons receu depuis peu de iours plus particulieres,
& pour faire executer toutes les autres
clauses de nostre premier ordre faict pour pacifier
lesdits troubles de ladite Ville & prouince ;
Attendu que les Habitans de ladicte Ville de
Bordeaux nous ont tesmoigné qu’ils estoient
prests d’obeyr de leur part aux volontez de
leurs Majestez, & protesté n’auoir autre intention
que leur seruice. Faict à Bourdeaux le
vingt-huictiesme iour du mois de May mil
six cens quarante-neuf.

Signé ARGENSON.

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C’est le suject de nos armes : Tous ceux qui
seront ennemis du seruice du Roy, de leur patrie,
de la pieté, de la religion, qui ayment la
seruitude & les chaisnes, sont nos ennemis :
Ceux qui preferent l’interest du Roy, ses commandemens,
ses ordres à ceux d’vn Gouuerneur,
qui doit obeyssance à son Maistre, comme
tous les autres Sujects, qui a receu plus de
grace, de bien, d’honneurs, qu’autre du Royaume,
sont nos amis : Ceux qui demolissent
les Hospitaux, les Eglises, pour esteuer des
Citadelles, qui veulent opprimer le Clergé, la
Noblesse, le Tiers Estat, qui declarent la guerre
à Dieu, aux Euesques, à la Iustice, au Peuple,
sont nos ennemis, & nous partons pour
vanger la querelle de Dieu, seruir le Roy, &
nostre Patrie commune : Et esperons qu’il n’y
aura point d’homme si lasche, qui abandonne
nos interests, & soit traistre à son Roy & sa Patrie.

FIN.

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