Anonyme [1649], LOVANGE A MONSEIGNEVR L’ARCHEVESQVE DE BORDEAVX, Sur la Paix de Gascogne. , françaisRéférence RIM : M0_2327. Cote locale : C_4_48.
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LOVANGE
A
MONSEIGNEVR
L’ARCHEVESQVE
DE
BORDEAVX,
Sur la Paix de Gascogne.

A PARIS,

M. DC. XLIX.

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Loüange de Monseigneur l’Acheuesque
à Bordeaux, sur
la Paix de Gascogne.

 


IE crois que c’est chose impossible
De loüer assez dignement
La prudence & le jugement
De ce Prelat incorruptible,
Qui fait luire aujourd’huy sa grande charité,
Quand il a tout quitté,
Afin d’ayder à sa patrie,
Qui sans son extréme vertu
Alloit estre à iamais fletrie,
Pour auoir trop bien combatu.

 

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C’est ce grand Pere de l’Eglise
Qui doublement persecuté,
(Son bon pere l’ayant quitté
Dans la dangereuse entreprise
Que formoient les subjets contre nostre grand Roy
Engagea librement la Foy
Qui les remettroit en concorde,
Et si-tost qu’il s’en est meslé,
Vn chacun soudain luy accorde,
Tout ce dont il auoit parlé.

 

 


Vous auez tant seruy la France,
Appaisant ce sousleuement,
Qu’elle met en vous seulement
Dés maintenant son esperance,
Ne luy desniez pas vostre vtile secours,
Taschez de détourner le cours
De ces meschans insupportables,
Qui sans auoir compassion,
Nous accablant sont detestables,
S’y portant auec passion.

 

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Accordez-nous vostre entremise,
Et nous aurons tout à souhait,
Car nous vous croyons si parfait ;
Que si vostre seule entreprise
Ne nous fait aussi-tost obtenir ce grãd bien,
Nous n’esperons rien,
Amolissez vn peu les membres,
Qui nous tiennent dans la rigueur,
Ou bien nous couperons les arbres
Qui nous ont osté la vigueur.

 

 


Si vous nous faites cette grace,
Nous aurons obligation
A cette grande affection,
Qui est commune à vostre race,
Mõsieur, souuenez-vous que vous estes François,
Et que de vous nous faisons chois,
Pour adoucir vn peu la Reine,
Que nous supplions d’vn grand cœur,
Que promptement elle rameine,
Nostre petit Roy grand vainqueur.

 

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Vous pouuez traiter cette affaire,
Auec tant de dexterité,
Que sans nulle difficulté,
Vous l’obligerez à le faire,
Au desir tres ardent qu’à la France de voir
Son Roy dans le pouuoir ;
Si vous formez cette entreprise,
Nous la verrons venir à bout,
Puis que sans aucune surprise,
Si vous voulez, vous pouuez tout.

 

 


Si vous faites cela, la France
Vous deura tout son bon-heur,
Et elle vous rendra l’honneur
Que merite cette assistance,
En ordonnant par tout qu’on vous fasse des veux,
Ainsi qu’aux Bien-heureux :
Puis que vous maintenez sa gloire,
Que vous estes son Protecteur,
Tant qu’elle aura de la memoire,
Vous regnerez dedans son cœur.

 

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Qui retarderoit vos loüanges,
Sans doute seroit criminel,
Ie ne crois pas qu’aucun mortel
Doiue vous postposer aux Anges,
Vous les esgallés tous par vostre saincteté,
Vous les passez en dignité,
Car vous commandez à l’Eglise,
Et quand ils viennent en ce lieu,
Toute leur puissance est soûmise,
A la vostre à cause de Dieu.

 

 


Enfin Monseigneur de Bethunes,
Si i’entreprends de mettre au jour
Vos vertus, ce n’est que l’amour
Que j’ay de les rendre communes,
A tous ceux qui voudront pour vous mieux honorer,
Les faire par tout adorer,
Si ie n’en ay pas la puissance,
Au moins ie feray mon deuoir,
Publiant par toute la France,
Vos vertus & vostre pouuoir.

 

FIN.

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