Anonyme [1652], LES VERITABLES MAXIMES DV GOVVERNEMENT DE LA FRANCE, IVSTIFIÉES PAR L’ORDRE des temps, depuis l’establissement de la Monarchie iusques à present : Seruant de Response au pretendu Arrest de cassation du Conseil du 18. Ianvier 1652. DEDIÉ A SON ALTESSE ROYALE , français, latinRéférence RIM : M0_3969. Cote locale : C_12_34.
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A
SON ALTESSE
ROYALE.

MONSEIGNEVR,

Si vous n’aymiez point la Iustice & les Loix fondamentales de l’Estat,
ie ne vous aurois pas dedié cet Ouurage pour le defendre de la colere, de la
fureur & de la rage de ceux, qui depuis quelques années ont vsurpé le nom
de Ministres.

Mais quand ie considere, que vous n’auez les armes à la main, que
pour destruire leur ambition dereglée, & punir tous les cruels attentats qu’ils
ont faits à la seureté publique ; Ie ne doute point, MONSEIGNEVR,
de la protection de vostre Altesse Royale, & que ce petit discours ne reçoiue
par tout vn fauorable accueil.

Vous auez enfin reconnu, MONSEIGNEVR, combien le nom de
Ministre, nouuellement inuenté, cette Authorité Bastarde a esté fatale à
l’Estat. Vous auez veu comme cette sorte de Gens n’ont point eu d’autres
Loix que leurs caprices, qu’ils n’ont fait seruir l’authorité du Roy
qu’à des entreprises criminelles, La Religion a souuent esté le iouët ce leur

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fortune, & pour dire tout, ils n’ont iamais inspiré aux Rois qu’ils ont
gouuernez que le feu, le sang & le carnage des peuples.

 

Vous sçauez aussi, MONSEIGNEVR, que ces Ministres ont
tousiours esté les Ennemis iurez des Princes du Sang. Combien de fois
ont ils persecuté vostre Altesse Royale, dans le temps mesme que vous
estiez l’heritier presomptif du Royaume. Ils ont tousiours defiguré vos
actions & vostre conduite, pour vous rendre odieux au peuple & à vostre
propre Sang. Ils ont esté assez insolens pour vouloir vous faire perdre
és auantages de vostre naissance, & les droicts de la Couronne, parce que
vous estiez la seule personne qui leur faisoit ombrage, & que vous murmuriez
contre leur gouuernement.

Vous voyez donc, MONSEIGNEVR, l’auantage & la necessité
qu’il y a de remettre auiourd’huy l’authorité dans le poinct legitime. Le Roy
y trouuera sans doute la souueraineté absoluë, il regnera par tout sans
soldats & sans armées. Tous les cœurs de ses Subjets seront autant de citadelles
pour luy. Ce sera pour lors qu’il ne trouuera plus de resistance,
Tout le monde obeyt à la Iustice & à la raison.

Les Princes du Sang ne seront plus aussi les esclaues de la fortune : on ne
les verra plus subjets à la violence des Ministres, qui s’esleuent tousiours
sur le debris des testes les plus illustres, & sur le mespris & les ruines des
plus Sainctes Loix.

Voyla, MONSEIGNEVR, le changement heureux que la France
conçoit auiourd’huy de vostre sage & genereuse conduite. Elle espere que
vous abbattrez l’Idole & l’Idolatrie. La corruption est si generale que
tout a besoin de remede. Enfin tous les Peuples attendent la reformation
de vostre Altesse Royale. Si cette occasion leur manque, ils n’attendent
plus rien de personne : vous en voyez donc le peril. Songez qu’il n’est pas
moins glorieux de conseruer des Couronnes, que de les conquerir, tout se
reünira à vous dans vn si genereux dessein. Pour moy ie protecte de viure
& mourir,

MONSEIGNEVR,

De vostre ALTESSE ROYALE, le tres-humble,
tres-obeïssant, & tres-fidelle
seruiteur A. B. C.

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Anonyme [1652], LES VERITABLES MAXIMES DV GOVVERNEMENT DE LA FRANCE, IVSTIFIÉES PAR L’ORDRE des temps, depuis l’establissement de la Monarchie iusques à present : Seruant de Response au pretendu Arrest de cassation du Conseil du 18. Ianvier 1652. DEDIÉ A SON ALTESSE ROYALE , français, latinRéférence RIM : M0_3969. Cote locale : C_12_34.