Anonyme [1649 [?]], DIALOGVE D’INGRÉ, SVR LES AFFAIRES DV TEMPS. , guépinRéférence RIM : M0_1078. Cote locale : D_2_25.
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DIALORDRE D’INGRÉ
Sus les Affaizes du Temps
qui cort.

Rencontre de deux Ingrears, Loüet, & Brase.

Ioüet. HA, ha, hé Dieu te gare mon cousin Brase.

Brase. Ho, Ho, bon ior don mon cousin Loüet,
Mordié que ie te voy le vesage chagrigneux & maussade.

Asseuzément que tu as quioqua dafficusté dans ton intesieur.
Iarnidié ie le cray bian, car tot est pardu.
Teste dié tu és trejours aussi affaizant que de coustume.

Là, la, i’ay bean raison de m’affaizé, si cu auas oüy de tes poupres
ozilles cela que i’ay entendu, tu n’en fezais pas mins.

Ie ne sçay pas quelque tu veux dize, en m’a dit que i’azain
diminution stannée du quart de nos Tailles.
Est-ce la ce que tu en sçay ? y nia bian d’autres nouuelles c’est qu’in
nommé Margazin veut tot damanché & dapsé ce que nos bons
Monsieurs du Parlement auint prin grand peine à faize.

Et qu’est donc cet ouuriais là ?

C’est in qui est venu de l’Estallye.

De l’Estallye ! tan pis, ces Estallians n’ont fait que des treboüillemens
dans la France, l’ay bean memoize d’inne qu’on appelet là
Royne Cateline, i’attas encoze ieune verdlouzio : mais iarnidié à fit
bean du mau, Pis apres i’auons eu Mazie la meze du deffunct Roé,
à Pattet assé bonne famme, mais à lamenit le Marquis d’Ancre y velet
estre le maistre, y chassie & accartit’tot nos bons Princes, comme
stic veut faize.

Mais que ly dit donc noutre Royne ?

A n’en dit rean, à ly lasche tot faize.

Y veut rebailler encoze les Tailles aux Maltoutiers, & faize
reuenir Bargeronne.

O teste dié si y fait reueny ce vouleux là tot est pardu, iamais ie

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n’en releuezon asteuze quil à tot mangé & accorché tot ces pouures
gens de la Biauce & qui sont tot ruyné, y se ietteza su nous.

 

Va ie trouuezons des amis.

On fait Bargeronne si meschant, mais il ne l’est pae non, nan m’a
dit qui n’attet que le valet des Maltoutiez qui auint prins la Taille,
& qu’il fallet qui fist tot ce quy velint, autrement y l’eussint chasse ;
aussi y ly baillint bon gage, mais nan dit qu’il à tot mangé ses seruices
à leux baillé des carleuzes de vantre & qu’il est gueux asteuze.

Il n’y à que son bon voleux de Secretaize qui à esté le pus fin, possible
aussi nourira-il son Maistre.

Laschons là tote cette canaille de maltoutiez le bon Dieu les puniza
tou où tard, il ont trop fait de malusion, mais conte moy ce
qui ce passe.

Pardié men enfan il ont fait emporté noutre bon petit Roé à Sainct
Germain ia nué des Roes le pouure enfant, & pis il ont enuoyé des
soudars alentor de Pazis pour empesché qu’y ne leux vint des harnas
de guelle.

Mourdié cela leza bian aponté, & ie panse que nous pauures
Monsieux du Parlement attin bian abalobez.

Pas tant, car il auint encoze in petit de pain & de vin qu’an
ne se doutet pas, & pis apres il ont leué des soudais por en faire
venir tot leur sou.

A tou hasards, i’auon poussible bian deux cens poinsons de vin
tot peur d’Auuerna, moé, mon freze Cidras & mon freze Marcoux,
ie vouras qu’il en tinsint chasque nun, & qui ne leuissint point de
soudars, autrement tot est pardu, si le bon Dieu, la bonne Vierge
Mazie, Monsieur Sainct Loup, & Monsieur Sainct Ambrase nos
bons Patrons ny boutte la main.

Mais ny auet pas monjan de les bouté d’écord auparauant qu’y
s’enharnachissint pus auant dans ce tréboüillement là : que n’assembloit
y tous leux bons emys.

Mourdié c’est dommage que nos deffancts bons parassians & vartuzeux
parsonnages ne san en ce monde, Braze Vaillant, lean Lé
mouzeux, Loup Faucheux, Thomas Ieuslin, Sidrac Vaillant, Daniel
Gigot, Fiacre Sornicle, Bastian Poinlasne, lacob l’Auesque, Pasqué
le Grouz, Thomas Barbe, Genrian Iauoy, Flacre Malesio, Toussaincts
Panasse. & tant d’autres habilles gens qui sont mois

Hé où sont y asteuze, jarnidié y ne lascherins pas ça d’emparla, ils
en vianrin bian à bot eux, il en ont bian dabroüillé d’autres en leu
temps d’aussi plantuzeuse importation que steux-la.
Par la morgoüé y faut y bouté ordre auant que celasat pus auancé,

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autrement y nous fezins inne guairre qui nous reineret de fond en
comble.

 

Quand i’y pense, i’auon encoze bian pardu à la mort de l’Euocat
Boudin la morgoüé qu’il auat vne belle loquence & eust bian debagoulé
tot noutre fé, ie l’eussins habillé d’vne belle Iacquette à tuejos
d’orgues, les elezons à point luezans, & si i’en eussins esté quettes à
bon marché car io m’assuze qui se fust contenté d’vn quart de vin.

Il en fauret dabauché quéqu’autre.
Mordié quand y sont vn peti sauan y font tro les fiollans, hé y faudret
prendre queuque fort Poureuzeux qui sceut le tran tran des affézes,
car n’y en à qui ont si bonne gueulle.

Oûy, mais y n’auon point de Latein dans le cors.

Ho il n’en peur chaloûé pou le Latein, car cela sen l’Estallian, & en
n’en veut pas oüy parlé.
Pardié si n’en me veut créze i’iray bian moûé, & fezay vne harlangue
à la Royne, pourueu que ie sas accotté d’vne douzaine des pus appazans
des Parrasses d’au long de nous.

En connas-tu bean quéquvn en chaque Parrasse, cela soulageret
nos fras.

Aga, depez que ie n’allon pus au corsaincts ie ne quenasson pus
parsonne de nos voisins.

Obïan, y n’y à iemede quand tot cela se feza à nos despens ie n’en
mouzon pas, & si fezon grand bian par tote la France & per
noute Parasse, i’y vauras desia estre. Ie diras à la Royne, Madamoisalle
la Royne, si vous voulez bouté le dafinement à tous ces
treboüillemens illec, y faut que vous boutiez debors de la France ce
Margazin qui en est cause & qui no baille tant de chesmement, &
que vo remene note peut Roé dans son Louure & quou si mandez
Mousieur notre Du & tou nos bons Princes & nos bons Monsieus
du Parlement, & qu’a leu dizés à tretous, Messieux, ie ne me veux
pus mesler de rian que de prier Dieu, faites les affaizes de mon Fils
en sen Rayaume, & la paix aussi auecque mon Fréze le Roy d’Espagne,
& pis tous nos soudars & les siens yront contre le Teur.

Mordié Garçon que ta gueulle pette bian iarnidié que le serin
aize, & elle aussi, car apres çaie leux dirais tot ce qui fauret qui
fissint por rebouter tot en ordre, mais le principal seret d’apprendre
bean le mettié à notre peti Réo, per à cellefin qui ne laschist pas
faize vn autre, car quand in Maistre lasche faize sa breugne à son
valet, cela ne va pas bean, pren, le par toüé-mesme.

Tu dis la vezité, mais agatean ceux-la qui sont auprés de ly
ne ly aprenron pas por qu’il ayt tréjours affaize d’eux. FIN.

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