Anonyme [1652], LE PLAIDOYÉ DE LA MAISON ROYALLE, OV LA CAVSE D’ESTAT, montrant comme il faut borner I. Les interests des Princes du Sang. II. Les interests des Princes Estrangers. III. Les interests des Mareschaux de France. IV. Et les interests des autres grands de l’Estat. , françaisRéférence RIM : M0_2773. Cote locale : C_12_43.
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du moins à la honte de seruir d’exemple, lors
qu’il manquera de respect pour se soumettre.

 

Les desolations publiques n’ont jamais esté les punitions
des crimes particuliers : Et le Ciel n’a iamais
affecté de signaler l’horreur de ses vengeances, que
dans le chastiment des impunitez : Lors que Dieu
desola toute la Tribu de Benjamin, l’Histoire Saincte
rapporte, qu’il n’en eut point d’autre motif, que
celuy de l’impunité d’vn violement commis par vn
simple Soldat : Et cette seulle indulgence des Magistrats
fut capable de mettre les foudres entre les
mains de la Iustice de Dieu, pour les luy faire lancer
sur tous les descendans du mignon d’Israël.

On sçait bien que nos passions ont esté tellement
déreglées par la premiere desobeyssance de celuy en
qui nous auons tous peché, qu’à moins que de les
violenter par vne continuelle force d’esprit, il n’est
pas possible de les retenir tousiours dans la defference
qu’ils doiuent à ses ordres : Et que la pante que
nous auons vers le crime est si glissante, qu’il faut
necessairement que nos reflections nous opposent la
terreur des Loix, pour nous empescher de faire aucun
faux pas, ou pour nous obliger de nous tenir constamment
debout.

C’est pourquoy les Loix n’ont point laissé de crime
qu’ils n’ayent estonné par la crainte d’vne punition :
Il n’y a que le Parricide qui parut autrefois si
desraisonnable à ce Sage Legislateur de Lacedemone,
qu’il ne crut point estre obligé de luy préscrire



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