Anonyme [1652], LE PLAIDOYÉ DE LA MAISON ROYALLE, OV LA CAVSE D’ESTAT, montrant comme il faut borner I. Les interests des Princes du Sang. II. Les interests des Princes Estrangers. III. Les interests des Mareschaux de France. IV. Et les interests des autres grands de l’Estat. , françaisRéférence RIM : M0_2773. Cote locale : C_12_43.
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ou crimes d’Estat ; & quiconque est assez insolent
pour s’échaper iusqu’à ce point en la presence
de son Souuerain, doit s’asseurer qu’on le traittera
bien auec douceur, si toutefois on ne le punit point
en criminel d’Estat.

 

Par ce mesme raisonnement, ie conclus que les
paroles peu respectueuses ou dites auec quelque
sorte d’emportement ou de menace à vn Prince du
Sang sont criminelles d’Estat, puis que l’affront en
rejalit tout entier sur la personne du Roy ; & que la
satisfaction en doit estre également exigée, quoy
qu’auec quelque disproportion de rigueur, si toutefois
on veut que l’indifference ne marque pas le
peu de respect qu’on a pour la conseruation de la
Maiesté, qui ne peut estre plus dangereusement attaquée,
que lors qu’on l’attaque impunemeur dans
les personnes sacrées de ses Princes.

Ie sçay bien qu’on ne manquera pas de m’opposer
la response que Louys XII. fit en faueur de ceux
qui l’auoient trauersé pendant qu’il n’estoit que
Duc d’Orleans, que le Roy de France ne vengeoit point
les querelles du Duc d’Orleans : Mais ie dis auec d’Auila,
que ce Prince affecta sagement d’estre insensible à
ses propres interests, mesme lors qu’il fut en estat
de les pouuoir venger hautement parce que la vengeance
dans cette conioncture, eust marque vne
passion nourrie & fomentée de longue main, &
qu’il sembloit estre obligé par tous les principes de
la generosité, de ne se ressentir pas des affronts ausquels



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