Anonyme [1649], LE PHILOSOPHE D’ESTAT, OV REFLEXION POLITIQVE sur les vertus Ciuiles du Parlement, & Peuple de Paris. , français, latinRéférence RIM : M0_2751. Cote locale : A_7_8.
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pupille, en protegeant vn peuple oppressé, en rapellant
la paix depuis si long-temps bannie, & en
sacrifiant au bien public son repos, son thresor &
sa vie.

 

Sans doute les pages sacrées ne peuuent inspirer
de mouuemens plus Chrestiens, & la Charité ne
sçauroit estre plus parfaite ; l’interest a tousiours
tyranniquement vsurpé la recompense que meritent
les plus illustres actions. Les Alexandres, & les
Cesars se sont trouuez foibles à son atteinte, quand
ils se sont armez à la conqueste de tout le monde.

Mais en cét auguste Corps de nos Senateurs nous
voyons éclater l’action la plus noble & la moins
interessée, puisque prodiguant genereusement leur
vie pour le public, ils n’ont pour objet que le bon-heur
d’autruy ; c’est en cét illustre sujet que l’interest
ne se rencontre point, ou du moins qu’il ne dérobe
pas la recompense deuë à l’action : Ainsi ce noble
corps du Parlement tout plein de vertu, ne
trouue point de plus glorieuse recompense que la
vertu mesme.

Qui trauaille pour la fortune de ses successeurs,
merite de viure dans la memoire de ses parens ; mais
qui s’attache à la conseruation de tout vn Estat,
merite les vœux & les loüanges de tous les peuples
qui l’habitent.

Ces illustres boucliers & deffenseurs de l’equité
contre l’opression de l’innocence, ces grands esprits
qui particulierement éclaircis d’vn rayon surnaturel
de la Diuinité, sçauent faire parler les creatures



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