Anonyme [1649], LE PASSE PAR TOVT DV TEMPS, OV LA SOVRDE RENOMMĖE. , françaisRéférence RIM : M0_2729. Cote locale : A_6_76.
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des hommes, & la maturité de leurs jugemens.
Il est donc tres-facile de voir par cette disproportion
les auantages de l’vne sur l’autre, &
comme la sourde l’emporte hautement sur la volante.

 

Mais faisons voir la necessité du mot à l’oreille,
& sur tout en ce temps icy, ou tout le monde semble
auoir besoin de ses secrettes menées. Si ie le
cherche dans la Cour, ie trouueray que c’est là son
plus grand Regne, puisque la pluspart y craignent
le Reuers, soit de ceux qui dispensent en quelque
façon, ou qui peuuent receuoir des biens de la
fortune ; tous y gardent vn Respectueux silence,
& si l’on a quelque particulier sentiment, ou que
l’on ait veu quelque chose, on se défie mesme de
ses yeux & de sa bouche, croyant qu’ils ne pourront
pas garder le secret assez fidelement. C’est là
que si quelqu’vn ne doute point de la sincerité
d’vn amy, ils cherchent des lieux retirez, pour faire
valoir dignement le mot à l’oreille, voyant
qu’on interdit même les enfans de se parler hautement
ensemble. Voila le premier Regne de nostre
sourde Messagere, voyons son seconde.

Ie le veux faire voir dans Paris, ou certainemẽt
regne auec la deffiance, comme auec la mere de la
seureté. On n’ose pas dire librement ce que l’on
pense, quoy que les moins judicieux le diuulguent
hautement par les ruës. On sçait bien la



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