Anonyme [1649], LE PARTISAN TENTÉ DV DESESPOIR PAR LE DEMON DE LA MALTAVTE, QVI LVY REPROCHE LES CRIMES de sa vie, & cause son repentir. DIALOGVE. , françaisRéférence RIM : M0_2722. Cote locale : A_6_61.
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Le Partisan.

Si ce sont là tes pretentions, tu n’y es pas encore.

Le Demon.

Mais vous y serez bien tost, ie veux dire au gibet, où ie vous attens.

Le Partisan.

Il y aura de la moderation, & l’on se contentera de nos biens, sans poursuiure
la perte de nos vies : cela estant inutile au bien de l’Estat, nostre
commerce aboly.

Le Demon.

Vraiment vous auez raison, laissez-les encore viure, ces sangsuës publiques,
pour affliger de leur presence ceux dont ils ont causé la perte : cela
auroit esté bon au temps que l’on faisoit la recherche de ces Financiers,
dont les crimes n’estoient que des pechez veniels à l’esgard des vostres, &
qui n’auoient en teste qu’vne chambre de Iustice, qui se contentoit de
presser seulement vn peu l’esponge : & non pas vn Parlement iustement
animé, pour auoir esté à la veille de sa perte par vostre moyen. Non, non,
vous deuez l’exemple de vostre chastiment par corps, de mesme que vos
biens la restitution des voleries estranges que vous auez commises. C’est
folie à vous d’en esperer autre chose, ou bien Dieu sera sourd à la voix du
sang espandu, des morts & des mourans par la misere publique que vous
auez causée, & de la vefue & de l’orphelin, qui tous crient incessamment
vangeance deuant son throsne, pour impetrer de sa iustice, qu’il n’vse
point de misericorde pour vous & vos semblables.

 


Il faut danser, mes bons amis,
Pour les crimes par vous commis,
La Cour vous prepare la note,
Dés long temps le Ciel ordonna,
Que vous danseriez la gauote
Au son d’vn Salue Regina.

 

Le Partisan.

Va, laisse-moy, fleau des ames affligées, c’est assez de ma memoire & de
ma conscience pour me tourmenter.

Le Demon.

C’est toy, tison preparé pour l’Enfer, qui peux estre appellé à bon titre
fleau, puisque Dieu s’est seruy de toy pour chastier son peuple. Mais apprens
que c’est sa coustume de luy pardonner, apres qu’il s’est reconneu &
humilié deuant luy, & de mettre ses verges au feu. C’est là ta recompense
comme à vn reprouué.

Le Partisan.

Va, tu n’es pas mon iuge, ny ne sçais les iugemens de celuy dont tu
veux que la iustice soit si rigoureuse.

Le Demon.

Non, ie suis ton tesmoin, auec ta conscience, & celuy qui produira deuant



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