Le Paradis & la felicité de Mazarin.
MESSIEVRS,
I’ose vous presenter vne chose que la posterité
aura pour remarque, que ce grand Philosophe
Hippomache, maistre des exercices à Athenes,
respondit à ceux qui louoient vn homme
de belle taille, grand, puissant, & qui auoit les
mains longues, comme fort propres à l’escrime
des poings, vous auriez raison, leur dit-il, si le
prix des vainqueurs estoit pendu en quelque
endroit esleué, ou les petits ne peuuent atteindre,
aussi confesserois-ie que l’auarice seroit
bonne, si les contentemens d’vne vraye felicité
se pouuoient achepter à beaux deniers contens,
nous en pouuons dire autant de ce traistre, auec
verité, qu’il est fort grand & puissant, & qu’il
a les mains fort longues, car il a si bien gaigné le
cœur de la femme la plus genereuse du monde,
qu’vd iour il montera sur le Trosne, & enuasira
la Couronne comme il a fait l’Estat, & qu’il
a mis la France à vne telle extremité, que la plus
part sont contraints de mandier, mesmes les personnes