Anonyme [1649], LE PACIFIQVE OV L’ENTRETIEN D’ARISTE AVEC LVCILE, SVR L’ESTAT DES AFFAIRES presentes. Eccles. 4. Il y aura vn conseil de Paix entre l’vn & l’autre party. , français, latinRéférence RIM : M0_2641. Cote locale : A_7_1.
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qui dans l’vn & dans l’autre Party, ne respirent que le
feu & la flamme, ou du moins les broüilleries, les diuisions &
les desordres, à qui le nom de Paix, qui est celuy de Iesus-Christ
mesme, fait horreur, & par qui nous verrions déchirer
les plus chers enfans de nostre Patrie deuant nos proptes
yeux, auec plus de cruauté, que par les ennemis estrangers
& les plus inhumains, si leur pouuoir respondoit vne fois à leur
malice.

 

Ie ne veux pas tant de mal, à ces cruels ennemis de l’Vnion,
disoit sainct Augustin, à cause qu’ils ont commerce auec les
meschans, que parce qu’ils sont eux-mesmes intolerablement
malicieux. Ils ressemblent à ce mauuais arbre, de qui la racine
deuore le meilleur de la substance de ceux qui sont plantez auprés
de luy. C’est pourquoy ils sont detestables deuant Dieu,
& deuant les hommes ; C’est pour cela qu’il ne les faut point
escouter, quand ils parlent, & c’est enfin pour vne raison en
quelque façon pareille à celle-là, mais toutesfois plus forte,
comme dans vne occasion plus importante, que le grand Constantin
preferant sagement la Paix de toute l’Eglise de Dieu,
à toutes les grandeurs de son Empire, accourut auec tant
de diligence & de zele, au celebre Concile de Nicée, où apres
auoir donné des loüanges dignes d’vne bouche si noble, à tant
d’illustres Peres, qui composoient vne si memorable & si saincte
Assemblée, laquelle auoit procuré le repos de l’Eglise vniuerselle,
il employa toutes les forces & tous les ornemens de l’Eloquence,
pour leur rendre graces, & pour faire les sacrez Eloges
de cette Diuine Paix.

Apres cela, Lucile, que puis-ie mieux faire, que de finir
cét entretien par vne priere plus forte dans le silence, que dans
la parole ; plus ardente dans le cœur, que dans l’organe de la
voix, ou dans les traces de la plume, qu’il plaise à la Bonté Diuine,
de veiller elle-mesme, à la nourriture du Prince, de tenir
tousiours son cœur de sa propre main, de faire couler luy-mesme
dans cét esprit encore si tendre, ou par ceux qui sont choisis
pour cette instruction Royale, des maximes qui soient toutes
sainctes : en luy apprenant, qu’il n’y a rien de plus noble ny
de plus magnifique, que d’écouter auec affection, les prieres



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