Anonyme [1649], LE MIROIR DES SOVVERAINS OV SE VOID L’ART DE BIEN REGNER, ET QVELLES SONT LES PERSONNES qu’ils doiuent élire pour estre leurs Commensaux, leurs Domestiques, leurs Seruiteurs, leurs Conseillers, & leurs Ministres d’Estat. QVEL EST LE DEVOIR DE TOVS ces diuers esprits; & quelle doit estre leur recompense. , françaisRéférence RIM : M0_2478. Cote locale : C_6_21.
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C’est par luy que Salomon est rempli de sagesse ;
que Daniel est doüé d’entendement ;
que Ioseph est pourueu de conseil ; que Samson
est comblé de force ; que Moyse est plein
de science ; que Dauid abonde en pieté ; &
que lob ne respire que son amour & sa crainte.
C’est par luy que les Saints foisonnent en
toute sorte de vertus ; que les humbles & les
debonnaires sont les bien aymez ; que les meschans
sont iustifiez ; que les pechez sont remis ;
que les morts sont resuscitez ; & qu’il les constituë
heritiers de sa beatitude éternelle.

 

Ainsi par vne prudence qui ne doit pas
auoir d’autre modelle que la Prouidence Diuine ;
Les grands de la terre & les Princes du
monde, sont obligez pour leur bien, de s’accommoder
aux differentes inclinations de
ceux qu’ils employent aux affaires, & de proportionner
les charges aux diuers sentiments
de leur ame. Il faut necessairement qu’ils se
seruent de la hardiesse des vns, pour execuenter
les entreprises plus difficiles & plus dangereuses,
& qu’ils vsent du conseil des autres,
pour l’employer aux occasions où la valeur est
moins necessaire que la prudence. Enfin ils
doiuent mesnager si accortement les humeurs
& les passions des hommes, que cette race
populaire n’ait iamais sujet de viser qu’à leur



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