Anonyme [1652], LE MERCVRE DE LA COVR, CONTENANT La Harangue des Deputez. La Response du C. M. La Trahison du Duc de Loraine. Le Magazin des Recompenses dudit C. M. Et celuy des Princes. TROISIESME PARTIE. , français, latinRéférence RIM : M0_2452. Cote locale : B_18_3.
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peuple, que ie fus iusqu’à la porte de la grande
Chambre sans mettre pied à terre, on bourdonnoit
de tous les costez, & chacun deuinoit ce que
Messieurs du Parlement deuoient faire : on alla semondre
Monsieur le Duc d’Orleans d’y venir, lequel
s’excusa sur ce qu’il estoit malade : on ne laissa
pas de tenir l’assemblée, en laquelle il ne fut rien
resolu, comme à l’ordinaire, & la partie remise au
lendemain. Cette deliberation faite, Messieurs les
Princes, & Messieurs du Parlement sortirent de la
Chambre. Ce fut là que ie vis bien des coups ruez,
des Mazarins bouleuersez, & dans cette confusion
pour vanger mes camarades, i’indiqué aux seditieux
deux Conseillers Frondeurs, disant que c’estoit
de francs Mazarins, d’abord ils furent estrillez
comme les autres, mais Monsieur de Beaufort
les garentit de la fureur du peuple, en leur representant
qu’ils ne l’estoient point, & pour les appaiser
vn peu, leur donna rendez-vous l’apresdinée à
la place Royale, leur iurant qu’il leur donneroit la
liste des Mazarins ; il y en eut beaucoup qui s’espargnerent
de disner, esperant y trouuer la nappe
mise : c’estoit à qui se fourniroit de bons marteaux
& de bons cizeaux pour enfoncer les portes, bonnes
bayonnettes & pistolets dans les poches. Enfin
ils virent arriuer Monsieur de Beaufort, tous luy
furent au deuant, desia vn d’iceux demandoit, par
qui commencerons-nous ? Mais Monsieur de Beaufort
leur dit, mes amis, encore vn peu de patience,


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