Anonyme [1652], LE MERCVRE DE LA COVR, CONTENANT La Harangue des Deputez. La Response du C. M. La Trahison du Duc de Loraine. Le Magazin des Recompenses dudit C. M. Et celuy des Princes. TROISIESME PARTIE. , français, latinRéférence RIM : M0_2452. Cote locale : B_18_3.
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ils sont au mesme catalogue des Mazarins, il y en
a mesme beaucoup qui apprennent le Gascon, &
qui commencent à baragoüiner quelque rodomontade
pour se faire croire de Bordeaux. Enfin
ils disent que leur Duc estoit en mauuaise notte
quand il a fait ce coup-là, & qu’il falloit regarder
aux Epactes pour s’en donner de garde, quoy que
c’en soit, nous voila retirez d’vn grand bourbier,
& ie m’imagine desia vous voir dans vostre Pontificat
auec vostre mine seuere, faire aller tous ces
Frondeurs à courbette. Mais, Monseigneur, vous
sçauez ce que vous m’auez promis, ne trouuez pas
mauuais, si ie vous fais la mesme priere que le
bon Larron fit à Nostre Seigneur à la Croix, Memento
mei cum tu sis in Paradiso, Souuenenez-vous
de moy quand vous serez dans vostre Paradis, c’est
à dire, dans vostre grandeur, car vous n’auez pas
d’autre Paradis, vous auez ioüé vostre part de l’autre
au Hoc & l’auez perduë.

 

Le Sieur B. qui estoit là, & qui entendoit ainsi
jaser ce Perroquet, luy dit tout beau, il ne faut
point se moquer des chiens qu’on ne soit hors du
village, nous n’y sommes pas encore, vrayement
vous en verrez bien d’autres si nous viuons. Cela
n’empescha pas pourtant que le Cardinal Mazarin
n’allast trouuer le Roy & la Reine auec sa mine
bouffonne, pour les faire rire de tout ce qu’auoit
produit la trahison du Duc de Loraine : Il en fit
faire vne farce deuant le Roy, dont il estoit le premier



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