Anonyme [1649], LE MEMOIRE DES PLVS REMARQVABLES PIECES faites depuis le 26. Aoust iusques à present. Contenant vne particuliere description de toutes les affaires & negociations de l’Estat & des Barricades, auec l’emprisonnement de Monsieur de Broussel. Ensemble son eslargissement. , françaisRéférence RIM : M0_2444. Cote locale : D_2_1.
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de toute parts, & plus de six cens mille Bourgeois en arme
tous bien resolus, & auec bon ordre de quartier en quartier ; La plus
grande partie de l’entrée des ruës furent despauée pour ayder a faire
lesdites barricades, faisans des fossés remplie d’eau aux pieds de
plusieurs, principallement d’vne qui estoit vis à vis la porte de Paris :
Les premieres barricades commencerẽt au bout du Pont-Neuf
du costé du quay de la Megissierie, auquel coing il y auoit sept baricades,
tous bien gardez, & soustenus de bons Bourgeois, ainsi dans
les autres ruë de vingt toisse en vingt toisse, tous estoient bien barricadez
la moindre estoit capable d’arrester vne armée depuis les
Augustins iusques proche le Palais Royal, il y auoit plus de trente
place d’armes ; Les Bourgeois firent poser des sentinels proche le
Palais Cardinal, & vis à vis celle des Suisses qui n’osoient branler,
le tout se faisoit par l’ordre des Bourgeois : Mesme sur les dix heures,
le Parlement en corps alla au Palais Cardinal faire leur remonstrance
à la Reine, que si elle ne rendoit les prisonniers qu’ils n’estoient
maistre du peuple, & qu’ils ne respondoient pas du malheur
qui en pourroit arriuer, l’on se mocqua d’eux & les enuoya sans
rien obtenir ; mais en s’en retournant, comme ils arriuerent à la
trois ou quatriesme baricade, le bourgeois leur demanda pourquoy
ils ne ramenoient point leurs compagnons, & sans entendre aucune
raison ils voulurent prendre le premier President au collet, en luy
disant qu’il estoit vn meschant & qu’il respondroit des prisonniers,
ayant fait quelque resistance il s’eschappa, & tout le corps du Parlement
retourna trouuer la Reyne, arriuant au Palais Cardinal en
ce desordre la Reyne ne vouloit pas leur donner Audiance, mais ils
l’obtindrent à la faueur de la Reyne d’Angleterre qui estoit là presente,
le premier President se ietta à genoux deuant la Reyne, en
luy disant que tout le Parlement venoit implorer ses graces, & que
si elle ne donnoit ordre que les prisonniers fussent rendus dãs deux
heures tout estoit perdu, le Cardinal fit response qu’il n’y auoit
point tant de mal qu’ils disoient, le premier President luy repartit,
que s’il vouloit marcher dans Paris voir comme tout estoit disposé
à la reuolte que le Parlement le suiuroit, mais il n’en voulut rien faire
La Reine voulant encore renuoyer Messieurs du Parlement
sans rien obtenir, ny esperance de r’auoir leur prisonniers, luy dirent


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