Anonyme [1651 [?]], LE MANIFESTE DV CARDINAL MAZARIN LAISSÉ A TOVS LES FRANCOIS auant sa sortie hors du Royaume. Contenant vne exact abregé de toutes les actions de son Ministere. Répondant à tous les chefs d’accusation qu’on luy a obiecté. Descouurant les motifs, les intrigues & la politique, dont il s’est seruy pour entreprendre, pour conduire, & pour establir tous ses desseins. Et le tout, sans que le Parlement, les Frondeurs, les Partizans des Princes puissent s’inscrire en faux, contre pas vne de ses propositions. Nonne morituro licet vni dicere verum Iuu. l. 3. , françaisRéférence RIM : M0_2390. Cote locale : C_11_4.
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ie reconnus enfin, que l’affaire quelque
difficile qu’elle fut, estant à la veille de son accommodement,
me reduisoit à celle de mon
dernier desastre, si ie n’en preocupois le funeste
succez auant la reconciliation, par l’emprisonnement
de ceux, dont la liberté m’estoit la
plus dangereuse.

 

Pour faire reüssir ce dessein ie n’auois qu’à
faire consentir la Reyne & le Duc d’Orleans,
ce qui me fut tres-facille, par le dégoust que ie
donné à la Reyne de supporter dauantage les
importunitez du Prince de Condé, qui pretendoit
iustemẽt que ses seruices passez ne pouuoiẽt
iamais le rendre excecif dans ses demandes ; &
par la jalousie dans laquelle ie ietté l’esprit
du. Duc d’Orleans, le preocupant de mille
mauuaises impressions au desauantage du Prince
de Condé, & luy faisant entendre que les
poursuittes que ce Prince faisoit pour emporter
l’espée de Connestable, ne tendoient qu’à se rendre
souuerain des armées, au preiudice de l’authorité
que son A. R. y possedoit en qualité de
Lieutenant General de l’Estat. Ces menées secrettes
me reüssirent si fauorablement, que ie
fis resoudre ces deux Puissances à l’execution
de la plus grande entreprise qu’on puisse brasser
sous vne Minorité.

Il est vray que i’ay trouué d’abord de la peine,



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