Anonyme [1651 [?]], LE MANIFESTE DV CARDINAL MAZARIN LAISSÉ A TOVS LES FRANCOIS auant sa sortie hors du Royaume. Contenant vne exact abregé de toutes les actions de son Ministere. Répondant à tous les chefs d’accusation qu’on luy a obiecté. Descouurant les motifs, les intrigues & la politique, dont il s’est seruy pour entreprendre, pour conduire, & pour establir tous ses desseins. Et le tout, sans que le Parlement, les Frondeurs, les Partizans des Princes puissent s’inscrire en faux, contre pas vne de ses propositions. Nonne morituro licet vni dicere verum Iuu. l. 3. , françaisRéférence RIM : M0_2390. Cote locale : C_11_4.
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Quoy que ce dessein me parust à son premier
abord effroyable ; Ie m’imaginay neantmoins
que i’en ferois porter tout le blasme au Prince de
Condé, si ie pouuois l’obliger d’en faire l’execution,
soubs pretexte que ie luy ferois conceuoir
que ce seroit le veritable moyen de remporter
plusieurs victoires en abregé ; s’il pouuoit faire
succomber le badaud, auec tous ses millions de
combattans, au petit nombre des soldats qui le
seconderoient dans cette entreprise. En effect, ie
l’ébloüy tellement du pretexte specieux de ceste
belle apparence, que ie luy fis espouser ma querelle
auec la mesme passion, que si c’eust esté la
sienne, l’engageant par mesme moyen à porter
le faix principal de la haine publique, & me resoluant
de me seruir vn iour de ceste mesme haine
pour m’asseurer de sa personne, supposé que la
necessité de seconder toutes ses inclinations ; &
l’impuissance d’en souffrir les importunitez, me
deust obliger à m’en defaire.

Que peut on trouuer à redire dãs ceste adresse ?
n’est elle pas bien cõduite ? n’est-elle pas bien menagée,
n’est ce pas à luy principalement qu’on
s’en est pris ; & n’ay je pas beaucoup contribué
par mes secretes menées à le perdre dans l’estime
du mõde, par le moyen des calomnies que ie faisois
semer soubs main, non moins pour en allumer
la haine dans les esprits, que pour effacer en



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