Anonyme [1651 [?]], LE MANIFESTE DV CARDINAL MAZARIN LAISSÉ A TOVS LES FRANCOIS auant sa sortie hors du Royaume. Contenant vne exact abregé de toutes les actions de son Ministere. Répondant à tous les chefs d’accusation qu’on luy a obiecté. Descouurant les motifs, les intrigues & la politique, dont il s’est seruy pour entreprendre, pour conduire, & pour establir tous ses desseins. Et le tout, sans que le Parlement, les Frondeurs, les Partizans des Princes puissent s’inscrire en faux, contre pas vne de ses propositions. Nonne morituro licet vni dicere verum Iuu l. 3. , françaisRéférence RIM : M0_2390. Cote locale : B_20_11.
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quelque façon, lidée qu’on auoit que i’estois, &
l’vnique, & le principal autheur de cette entreprise.

 

Apres ce succez fatal du siege, i’arrestay la Cour
à sainct Germain pendant quelque temps sur le
conseil qu’on me dõnoit, qu’il falloit vn peu laisser
rasseoir la fureur du peuple, auant que de reuenir
à Paris ; & qu’apres cela il n’y auroit plus de
danger d’y r’entrer, pourueu que ce fust dans le
carrosse du Roy, en compagnie du quel la simplicité
où l’aueuglement du peuple respecteroit vn
dragon. Cét aduis réüssit au gré de mes amis, & ie
me vis enfin restably dans mon Ministere, auec la
mesme authorité que i’auois auparauant.

Quelques mauuais Politiques m’ont voulu
rendre respõsable du carnage que ces desordres
firent de tant d’innocens, pour n’enuelopper que
peu de coupables ; ne faisant point de reflection
qu il vaut mieux perdre vn million de testes innocentes
pour s’asseurer d’vn coupable, que de risquer
l’authorité du Roy ou de ses Ministres, par
l’apprehension de ceste crainte seruille, & qu’il
est plus important qu’vn Souuerain soit absolu
apres le carnage de cent mille hommes, que dependant,
apres leur subsistance.

Neantmoins si ceste hardie entreprise ne réüssit
pas selon les premieres intẽtions que ie m’étois
proposé, les consequẽces, & les suites n’en furent



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