Anonyme [1652 [?]], LE MANIFESTE DE MONSEIGNEVR LE DVC DE GVISE. Touchant les particularitez de son emprisonnement, & les raisons de sa ionction auec Monsieur le Prince. , françaisRéférence RIM : M0_2369. Cote locale : B_8_39.
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que plus il auoit raison d’esperer, que la
proximité du lieu me deuoit leuer toute sorte de méfiance ;
& qu’on n’auoit en partie ietté le choix sur
ma personne pour m’enuoyer au secours de Naples,
que parce qu’estant porté sur les lieux, & possedant
outre cela l’affection de plusieurs des Potentats
d’Italie, il sembloit à propos qu’on deuoit me
donner cét employ preferablement à tout autre. Ie
me donnay fort facillement à l’apparence de ses raison
sons, ausquelles ie me soubmis aueuglement parce
qu’elles estoit appuyées de l’authorité de sa Majesté
Regente : outre que les belles dispositions des Napolitains,
iointes à l’attente du secours qu’on me faisoit
esperer de la Cour, me firent conclure à l’obeïssance,
sans me donner le loisir de faire toutes les reflections
du danger qu’il y auoit à l’executer.

 

Quel en fut le succez : toute l’Europe n’en fut que
trop instruite à la honte des Lys & au desauantage de
la sincerité des parolles Royalles, puis que m’estant
transporté auec tant de cœur & comme ie l’ay du depuis
ressenty, auec beaucoup plus d’imprudence, à
l’execution de leurs volontez, ie me vis à faute de
secours, abandonné à la discretion de mes ennemis,
sans que leur bonté Royalle se soit iamais interessée
à procurer mon eslargissement, quelque obligée
neantmoins que sa iustice y fut par sa necessité de restablir
vn Prince, qui n’estoit tombé dans l’esclauage
que pour en auoir voulu affranchir par ses ordres,
ceux qui ne respiroient que l’honneur de porter
le ioug de sa Majesté.

A Dieu ne plaise neantmoins que i’impute cette
iniustice à la conduite de mes Souuerains, l’experience



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