Anonyme [1651], LE MANIFESTE DE LA REINE REGENTE ET DE MONSEIGNEVR LE DVC D’ORLEANS Touchant la disgrace du Cardinal Mazarin. , françaisRéférence RIM : M0_2358. Cote locale : D_1_49.
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estre que fort inutile, ne luy pouuoit par consequent
estre qu’importun ou redoutable ; & que
pour cette raison, il falloit ietter le soubçon & la
jalousie dans l’esprit du Duc d’Orleans ; & la
crainte de quelque grand desordre dans celuy de
la Reyne, pour les faire consentir au pernicieux
dessein qu’il auoit de faire arrester Monsieur le
Prince.

 

Il ne faut pas douter, que pendant que la vigueur
de la Fronde ne se relachera point ; l’impuissance
de subsister sans le secours du Duc d’Orleans, fera
condescendre Mazarin à toutes les soumissions
possibles ; & que mesme il n’épargnera point sa
bource, pour ménager plus asseurément l’esprit
de celuy, que la necessité de se maintenir luy fait
regarder comme l’azile imprenable de sa pauure
fortune : aussi ne seroit-il pas bon politique s’il se
comportoit autrement, & si mesme il ne sçauoit
adiouter à ses intrigues, les serments & les protestations
d’vne eternité de seruices. Mais supposons
que les quatorze ans sont écoulez ; que Mazarin
est enfin arriué iusqu’à la majorité, & que
mesme il s’est fortement ancré dans la faueur du
Roy, non moins par l’entremise de la Reyne, que
par la faueur de son A. R. Cela estant, n’est-il pas
vray que Mazarin se voyant à l’abry des orages,
n’est plus en necessité de se seruir de Monsieur le
Duc d’Orleans, pour n’en craindre point les menaces,



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