Anonyme [1651], LE MANIFESTE DE LA REINE REGENTE ET DE MONSEIGNEVR LE DVC D’ORLEANS Touchant la disgrace du Cardinal Mazarin. , françaisRéférence RIM : M0_2358. Cote locale : D_1_49.
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obligé ; & que pour faire plus heureusement
ioüer sa fourbe, il a mesme pretexté vne importunité
criminelle & tres-dangereuse dans le
regne d’vn Mineur, au desespoir qu’il auoit de ne
pouuoir iamais reculer à aucune des demandes de
Monsieur le Prince, sans commettre vn acte visible
d’vne ingratitude insupportable.

 

Son A. R. n’oblige pas moins Mazarin auiourd’huy,
que Monseigneur le Prince l’a obligé autrefois :
& si ce mauuais Ministre ne subsista pendant
le siege de Paris que par la seule poursuite de
ce Conquerant ; il est éuident qu’il ne subsiste pas
encor auiourd’huy que par la faueur de Monsieur
le Duc d’Orleans. Tellement qu’il est aisé à conclure
que cét illustre Oncle vnique du Roy reduit
cét Estranger à la necessité de releuer tousiours de
ses ordres par reconnoissance, ou de se redimer de
cet engagement par vn coup d’ingratitude. Ceux
qui en esperent ce premier, ne sçauent pas que le
moindre pretexte d’Estat, efface toutes les idées
qu’on pourroit auoir d’aucune méconnoissance ;
& qu’en matiere de Politique, du moins de celle
du temps, l’ingratitude bien conduitte passe souuent
pour vn coup d’adresse ; & la reconnoissance
opiniastre, pour vne simplicité qui n’est pas de
Cour : C’est pourquoy Machiauel enseigne que
les Princes qui protegent les Ministres d’Estat
contre les assauts de la haine publique, ne sont pas



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