Anonyme [1649], LE HEROS PARISIEN AVX VRAIS FRANCOIS , françaisRéférence RIM : M0_1627. Cote locale : A_4_13.
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aduancé iusques à present, ie ne l’ay aduancé que pour
son interest, & pour sa gloire. Et toy, qui void ces
lignes, en verité voudrois tu soupçonner mes intentions
de quelque amour propre ? voudrois-tu en
douter ? Non, ie te le iure, ie ne le fais ny pour bien
dire, ny pour bien parler, mais pour bien exciter, mais
pour porter la rage au cœur d’vn ennemy si abominable.
Au Courage donc, François, au Courage : perir, où
vaincre : remporter le dessus, ou mourir. Hé ! ne nous
souffrons point accabler soubs nostre propre faix : soubs
le rapt, que fait du fruict de nos labeurs vn estranger :
& vn estranger, qui s’en mocque : qui le fait à nos propres
yeux, à nostre propre barbe. N’auons nous donc
pris tant de peine, tant trauaillé à la sueur de nostre
corps, que pour voir enfin vn homme, rauir en vn
iour, tout le fruict de nos trauaux, & de nos peines, Ah,
François, auons-nous du cœur. Vn vermisseau de terre
se redresse contre celuy qui le veut couper, & contre
qui nous tire iusqu’aux entrailles, il semble que nous
nous contentions de parler, que craignons-nous ? la
mort. Hé ! où nous en fera-t’on souffrir vne plus rigoureuse ?
Helas ! ie vous fais vous-mesmes iuge de nostre
martyre : Iugez vous mesme, nous n’auons rien que
nous puissions dire estre à nous : personne ne peut plus
subsister. Cherchez de quelle condition, que ce puisse
estre, à moins que ce ne soient, ou Partisans, où Monopoleurs :
vous ne les trouuerez que parmy des debtes.
Les trois Estats n’en peuuent plus, la Iustice ne va point,
les Nobles ne sont point payez, & demandez à ces pauures


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