Anonyme [1652 [?]], LE GRAND DIALOGVE DE LA PAILLE ET DV PAPIER, CONTENANT CE QVI CE peut dire de plus considerable sur ces deux sujets, auec leurs raisonnemens sur les affaires d’Estat, le tout en stile vulgaire. PREMIERE PARTIE. , françaisRéférence RIM : M0_1508. Cote locale : B_8_10.
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Seigneur, & de plat comme ie fus tousiours, me
rendit tout boufi d’orgueil voyant que ie paroissois
Spectandus in certamine Martio.

 

Il m’apartient de parler Latin, puis que i’apprens
aux hommes toutes sortes de langues, & que ie
suis sçauant comme les liures. Ce fut certes la
premiere fois que ie parus en champ de bataille ;
c’est pourquoy ie te puis dire asseurement, que ie
ne me trouuay iamais à telles nopces, d’où vient
qu’on ne doit point trouuer estrange si ie ne reüssi
pas tres-bien d’abord.

La Paille. On sçait assez que ceux qui te portoient
à leurs chapeaux ne firent rien, qui vaille la
peine d’estre imprimé sur tes cahiers, aussi ie ne
fus iamais plus estonné qu’alors que ie te veis si
fort en monstre ; mais moy ne fis ie pas merueilles ?

Le papier. Des merueilles en effect, parce
que tu rendis toute la plaine rouge de sang, &
i’auois tort de douter tantost de ta force, apres en
auoir veu cette redoutable espreuue ; voila ce que
c’est d’auoir bon maistre, mais enfin chacun à
son tour.

La Paille. Quoy tu serois assés vain pour croire
auoir ta reuáche & tu sçais que i’ay des Mars & des
Pallas de mon costé. Non, non, ne t’amuse point
d’vne si folle esperance, & si tu n’as rien de plus
prest, scache que tu ieusneras longtemps. Simon
Mars a des bras d’Hercule, tu dois sçauoir qu’il a
des yeux d’Argus ; & si ma Pallas a les yeux & le visage



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