Anonyme [1650], LE GRAND COVRIER OV LE CELEBRE DEFENSEVR DV MARDY GRAS, ET SON DIALOGVE AVEC gros Guillaume, le Dodelu, & Frippe-sausse. , françaisRéférence RIM : Mx. Cote locale : C_1_48.
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Le Dodelu.

Ie meure (ie n’oserois iurer autrement, ma femme
me la defendu) si vous n’estes tous deux, deux plaisans
falots, vos discours sont aussi froids que si vous
estiez encore à ieun. Dites nous quelque chose de rare
du Mardy gras, & du bon Pere Liber, autrement
dit Bacchus, parlez scientifiquement des Saturnales,
& faites voir au monde qui vous escoute, que vous
auez leu les nuicts de Macrobe & d’Aulugelle.

Gros Guillaume.

Ce n’est point tant mal auisé à vous, ie voy bien
que vous auez commenté le liure de Inuentione, pour
moy, ie laisse à Messire Roger bon temps le soin de
vous entretenir de ces matieres, car il est tres sçauant,
il a bien leu les Metamorphoses, le Berger Extrauagant,
Rabelais, Marot, Saingelais, & i’oubliois à vous
dire, qu’il sçait sur le bout du doigt le Moyen de Paruenir,
& le Mormon. Or ça, or sus, or de par Dieu,
il me semble qu’il tousse, qu’il crache, & qu’il s’essuye
auec le deuant de sa chemise faute de mouchoir,
comme vn homme qui s’appreste à vous parler. Donnez-luy
s’il vous plaist vne audience fauorable, il ne
vous entretiendra que de choses facessieuses & conformes
au Carneual, il ne parlera point de la quadrature
du cercle, des cinq voix de Porphire, ny du
Secret des Longitudes. Escoutez, Messieurs, il ouure
la bouche pour vous parler, sans doute voila le plus
ioly garçon de tous ses freres.



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