Anonyme [1649 [?]], LE GOVVERNEMENT PRESENT, OV ELOGE DE SON EMINENCE, SATYRE, OV LA MILIADE. , françaisRéférence RIM : M0_1503. Cote locale : C_4_27.
LE GOVVERNEMENT PRESENT, OV ELOGE DE SON EMINENCE. Satyre ou la Miliade.
PEVPLE esleuez des Autels Au plus Eminent des mortels, A la premiere Intelligence, Qui meut le grãd corps de la France A ce soleil des Cardinaux, De qui d’Amboise & d’Albornox, Ximenes & tout autre Sage, Doiuent adorer le visage. Le Globe de l’Astre des Cieux Est moins clair & moins radieux, Ses rayons percent les tenebres, Produisent trẽte Autheurs celebres, Et font vn affront au soleil, Par cet ouurage non pareil. Que si vos debiles paupieres Ne peuuent souffrir les lumieres, De ce corps desia glorieux, Qui vous esbloüiront les yeux, Contemplez l’ame plus obscure, La sagesse & la foy moins pure, Le iugement moins lumineux De ce Polytique fameux Qui rend l’Espagne triomphante, Et la France si languissante, Dans ses ambitieux souhaits : Il ne veut ny trefue ny paix, Sa fureur n’a point d’interualles, Il suit les vertus infernalles, Les fourbes & les trahisons, Les pariures & les poisons Rendent sa probité celebre, Iusqu’en l’empire des tenebres, C’est le Ministre des enfers, C’est le demon de l Vniuers, Le fer, le feu, la violence, Signallent par tout sa clemence, Les freres du Roy mal traittez, Les Mareschaux decapitez, Quatre Princesses exilées, Trente Prouinces desolées, Les Magistrats emprisonnez, Les grands Seigneur empoisonnez, Les Gardes des Sceaux dans les chaisnes, Les gentils-hõmes dans les gesnes, Tant de genereux Innocents Dans la Bastille gemissans, Cette foule de miserables, Où les criminels sont coulpables, D’auoir trop d’esprit ou de cœur, Trop de franchise ou de valeur, Tant d’autres celebres victimes, Tant de personnes magnanimes, Qu’il tient soubs ses barbares loix, Dont il ne peut souffrir la voix, Dont il redoute le courage. Dont il craint mesme le visage : Ce grand nombre de mal-heureux.
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