Anonyme [1649 [?]], LE GOVVERNEMENT PRESENT, OV ELOGE DE SON EMINENCE, SATYRE, OV LA MILIADE. , françaisRéférence RIM : M0_1503. Cote locale : C_4_27.
page précédent(e)

page suivant(e)

-- 9 --


Contre le Parlement Auguste,
Il a l’ardeur d’vn renegat,
Et sous mains les choque & les bat :
Mais son auarice est extréme,
Et dans sa dignité supreme,
Il fait le geux & le faquin
Comme s’il n’auoit pas du pain,
Son ame basse & mercenaire
Le rend plus cruel qu’vn corsaire
S’il y va de son interest,
Ou quãd quelque maison luy plaist,
Il ne croit point d’illustre ouurage
Que de s’enrichir dauantage,
Et pleure de n’auoir encor,
Peu gagner vn million d’or,
La F. cette Serruriere,
Cette lay de, cette fripiere,
Ce dragon qui rapine tout,
Qui court Paris de bout en bout,
Pour auoir aux ventes publiques,
Les meubles les plus magnifiques,
Et ne donnant qu’vn peu d’argent,
Elle fait trembler le Sergent,
C’est à Seguier vne harpie,
Vn Demon, qui sans cesse crie,
Qu’il faut voler à toutes maias,
Que sans biens les honneurs sont
vains.
Elle contrefait la bigotte,
Et se laisse leuer Ia cotte,
Assaisonnant ses voluptez,
D’eau beniste & de charitez,
Son mary caresse les Moynes,
Elle carresse les Chanoines,
Et fait auec chacun d’eux
Ce qu’on peut faire estant deux,
Des Noyers nouueau Secretaire,
Merite bien quelque salaire,
Car il est assez bon valet,
Quoy que ce ne soit qu’vn triboulet,
Et ne cognoist point de prudence
Que la plus Iasche complaisance,
Et cherche son element,
Par vn infame abaissement,
Sa vertu n’est point scrupuleuse,
Et d’vne ad esse merueilleuse,
Quitte le bien, & suit le mal,
Selon qu’il plaist au Cardinal
Vne legere suffisance,
Passe en [illisible] y pour grande science,
Et le signale entre ses veaux,
De Lomenie & Phelipeaux :
Son ame est esgale à sa mine,
Elle est petite, foible & fine,
Et n’a point du tout cét esclat,
D’vn grand Secretaire d’Estat,
Sa splendeur n’estant que commune,
Ne peut aux yeux estre importune,
Et son naturel bas & doux
Luy donne fort peu de jaloux,
Seruient, ton Noble genie,
T’a faict sortir la tyrannie
De ce regne, où les genereux
Sont tous pauures & malheureux,
Ainsi l’astre par la lumiere,
Esclatte vne vapeur grossiere,
Qui ternit toute la clarté,
Et qui nous cache sa beauté
Que si le Soleil chasse l’ombre,
Il perce le nuage sombre,
Espere que les enuieux
Te verront vn iour glorieux :
Mais le plus beau des Polytiques
Est Chauigny, dont les pratiques
Luy procurent auant le temps
Le venin des plus vieux serpens,
Il est fourbe, il est temeraire,
ARMAND l’a pour son Emissairẽ
Et vers Monsieur, & vers le Roy,
Et vers tous deux il est sans Loy,

page précédent(e)

page suivant(e)