Anonyme [1649], LE FORT ET PVISSANT BOVCLIER DV PARLEMENT, EN FORME D’APOLOGIE. DEDIÉ AV ROY. , français, latinRéférence RIM : M0_1402. Cote locale : A_3_64.
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Monsieur le Prince y consent sous pretexte de recompenses imaginaires
de quelques places que l’on luy promet en droict de Souueraineté,
& dont l’on flate son ambitiõ naturelle ; Monsieur le Duc d’Orleans
ne gouste point de prime abord ce procedé, la consideration
de ce qu’il vous est par le sang le dissuade de tremper dans cét horrible
attentat, & ce vol sacrilege ; sa resistance fut grande par la connoissance
de son deuoir, & la bonté de sa nature ; mais comme il est
facile, il se laissa entraisner par la Riuiere dont il est obsede il y a tant
d’années, dont il a esté trahy tant de fois, & dont les mœurs sont aussi
corrompuës, & aussi basses que la naissance.

 

Le pretexte que l’on prit, SIRE, pour pallier cét enleuement, &
leur crime ; ce fut de mander par vne Lettre de cachet : qu’il n’y auoit
point dans Paris de seureté pour vostre personne : Qu’il y en auoit
quelques vns dans le Parlement qui auoient de mauuais desseins
contre vostre Majesté : Qu’il y en auoit qui entretenoient des intelligences
secrettes auec les ennemis de vostre Estat ; que pour cela vostre
Majesté auoit esté obligée de sortir de Paris : Cette calomnie,
SIRE, ne peust aucunement esbranler la conscience irreprochable
de cét Auguste Senat, lequel pour s’en purger apres vne assemblée
tenuë pour ce sujet, deputerent à S. Germain quelques vns de leur
Corps pour sçauoir les noms des accusez, s’instruire de leurs accusations,
& leur faire leur procez ; mais le silence des accusans, SIRE,
fut vne assez ample preuue de l’mnocence de ces personnes incorruptibles,
& vne marque indubitable du dessein qu’auoit ce Cardinal
de ietter de la discorde entre les Cours Souueraines, de fermer
les passages, d’arrester les viures, de bloquer Paris, de le reduire à la
faim, & à vne extréme necessité, pour diuiser le Parlement d’auec le
peuple, pour perdre les vns & les autres auec plus de facilité, estans
attaquez separément. Mais il se trompe, ils demeurent tous deux plus
vnis que iamais ; le Parlement apres auoir pourueu le premier iour à
la seureté & subsistance de la Ville, ordonne de prendre les armes
pour sa conseruation, pour s’ouurir les passages, pour repousser les
gens de guerre, lesquels la veulent obliger par toute sorte de violence
à rachepter la vie, la liberté, & le repos des habitans, abandonnant
les plus zelez de leur Corps à la fureur des Ministres, pour leur estre
sacrifiez comme de mal-heureuses victimes ; La patience luy échape
mais ce n’est que pour se deffendre ; & quoy qu’il deubt estre sensiblement
touché des conspirations que l’on tramoit pour sa ruïne,
pour auoir voulu seulement adoucir l’oppression publique, & guarir



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