Anonyme [1649], LE FORT ET PVISSANT BOVCLIER DV PARLEMENT, EN FORME D’APOLOGIE. DEDIÉ AV ROY. , français, latinRéférence RIM : M0_1402. Cote locale : A_3_64.
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sans crainte de perquisition, sans déroger à la noblesse, & sans
contreuenir aux bonnes Loix. Toutes personnes, SIRE, ont pouuoit
de s’engager dans cette vsure, dans ce funeste brigandage, dans
ce honteux peculat. Mais comme Dieu qui est le Maistre des Princes,
& qui en sçait ruïner les conseils & chastier la malice, ne peut
souffrir de tels abus, iniurieux à ses Loix & aux vostres, il ne manque
pas de susciter aussi tost le Clergé, lequel voyant qu’vn tel
ouurage estoit contraire & aux Loix de Dieu, & aux Ordonnances
de vos Peres ; qu’il insinüoit la corruption des bonnes
mœurs & du Christianisme, & qu’il aboutissoit à la ruïne entiere
de tous vos reuenus & de vostre Estat, ne le voulurent point
souffrir. Monsieur l’Archeuesque de Paris, & la Sorbonne arrestent
ce poison qui par son escoulement contagieux & si general, se
preparoit à donner de si puissantes atteintes sur le corps & sur l’ame
de vos sujets ; que les tuant tous deux d’vn mesme coup, l’vn
par le crime, & l’autre par la necessité & l’indigence, il eust remply
les tombeaux de cadavres, les Prisons d’esclaues, les Hospitaux
d’infirmes, & tout le Royaume de pauures, & l’Enfer de
damnez.

 

Le Parlement, SIRE, tout du moins autant zelé pour la Maison
de Dieu, que pour la vostre, s’oppose aux pernicieux desseins du
Cardinal, lequel se voyant poursuiuy d’assez prés ; n’estant retourné
à Paris, & ramené vostre Majesté que pour prendre vne occasion
plus fauorable à ses desseins, & au party des Monopoleurs : Que pour
esbranler les esprits des plus fermes au seruice du public : Que pour
corrompre les plus affectionnez aux interests de vostre Maiesté :
Que pour diuiser entr’eux les Officiers du Parlement, & negocier
des intelligences secrettes ; voyant la mine éuentée, ses malices découuertes,
ses desseins contredits, apres auoir attiré de Flandre, d’Italie,
& de Catalogne des troupes aux enuirons de Paris, fait distribuer
des deniers aux Officiers de guerre pour faire des recreuës, enuoyé
les ordres de tenir leurs troupes prestes au premier mandement,
fait vn fonds de quatorze millions de la despoüille de vos
troupes, & des gages de vos Officiers, pour le payement d’vne puissante
armée : en fin voyant tous ses desseins prests de reüssir, voyant
qu’il ne pouuoit voler vos finances, & y porter la derniere main : il
vous vole vous-mesme, il porte derechef la main sur vostre sacrée
personne, il enleue vostre Majesté de son lict : & pour la seconde
fois, il vous emporte à S. Germain à deux heures apres minuit,



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