Anonyme [1649], LE FORT ET PVISSANT BOVCLIER DV PARLEMENT, EN FORME D’APOLOGIE. DEDIÉ AV ROY. , français, latinRéférence RIM : M0_1402. Cote locale : A_3_64.
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continüelle, deffendant aux Compagnies de plus s’assembler que
par vostre authorité. Mais voyans que vostre authorité mesme dont
il pretextoit cette deffense, & auoit iusques alors pallié sa tyrannie,
estoit extraordinairement choquée, ils ne font point de scrupule
de contreuenir à ces ordres, pour examiner de pres, & expliquer
cette Declaration inique & frauduleuse auec la liberté de leurs
suffrages : Cette genereuse resolution iette les aggresseurs dans l’interdit,
estonne les Autheurs de ses diuisions, ils se desesperent de
voir que leurs fourbes sont reconnuës ; & croyant que le seul expedient
qui leur reste est la cruauté & la fureur, ils se resoluent d’enleuer
du Parlement ceux qui leur faisoient ombrage, & s’opposoient à
leurs entreprises : ils se seruent de l’occasion d’vne victoire pour
contenter leur rage, ils ioignent la fureur auec la pieté, l’ingratitude
auec la reconnoissance, les lauriers auec les chaisnes, les cyprez auec
les palmes, & troublant les acclamations populaires d’vne illustre
bataille gaignée sur les ennemis, lors que l’on acheue le Te Deum, ils
emprisonnent les plus gens de bien de nos Senateurs : Mais leur esclauage,
SIRE, ne dura pas long-temps, car la populace s’estant
souleuée à cause de cette capture sacrilege, & de cét execrable attentat ;
les Autheurs de cette action inique furent contraints de les remettre
en liberté, & les ramener triomphans.

 

Le Parlement, SIRE, pouuoit dés lors se seruir de l’occasion,
& ayant deux cens mille hommes sous les armes pour arrester la fureur
populaire qui alloit mettre tout en desordre, s’ils ne les eussent
prises, il pouuoit se vanger de cette conspiration par la perte & l’extermination
entiere de tous leurs conspirateurs. Neantmoins,
SIRE, il se contente de l’affranchissement des esclaues, & de la restitution
que l’on leur fait, quoy que contrainte & forcée, de tous
leurs prisonniers ; se persuadant qu’ils les vainqueront moins par le
fer & par les armes, que par la patience & la douceur ; mais ils se
trompent, tant s’en faut que cela amollisse leurs cœurs, qu’au contraire
cela les endurcit dauantage ; ils ont veu auec combien de zele
cét illustre Senat a calmé la sedition, a leué les cantonnemens & barricades,
a destendu les chaisnes, a remis les esprits en leur premiere
assiette, a fait baisser les armes, & rendu tout l’Estat pacifique. La
Reyne vostre Mere, SIRE, en a admiré les soins, reconnu l’affection
& le zele, promis de n’en perdre iamais la memoire, de s’en
ressouuenir eternellement, tesmoigné qu’elle n’a plus de cœur que
pour Paris, & qu’elle va reconnoistre cette obligation qu’elle a à



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