Anonyme [1649], LE FORT ET PVISSANT BOVCLIER DV PARLEMENT, EN FORME D’APOLOGIE. DEDIÉ AV ROY. , français, latinRéférence RIM : M0_1402. Cote locale : A_3_64.
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qui deffendent les emprisonnemens violens en des Prouince,
estrangeres, il relegue sur ses frontieres les premiers de ce Senat Auguste ;
adjouste l’horreur & l’incommodité du temps à l’incommodité
& l’horreur du supplice, les fait partir au milieu de la nuict, &
employe le poison pour leur faire perdre la vie au milieu de leur esclauage,
& de leur bannissement Et pour cela, SIRE, (vostre Majesté
le pourra elle bien croire) il se sert de l’image & du caractere
de vostre Majesté, il abuse de vostre Sceau ; & comme vn autre
Aman dans la Cour d’Assuere employa le cachet de ce Prince pour
perdre toute la race Iuïfue, & mesme tous les plus grands qui estoiẽt
soumis à sa Couronne ; celuy cy se sert du vostre pour faire ioüer
ses machines, pour abattre le Rempart de vostre authorité, le Soustien
de vos conquestes, le sacré Depositaire de nostre salut, & de
vostre repos ; pour rompre le lien & la chaisne qui vous vnit auec
vos peuples ; pour perdre cét illustre Senat, qui a fait de si grands
biens à l’accroissement de vostre Estat, & à la splendeur de vostre
Empire : Qui a fait perdre à l’Anglois la Souueraineté qu’il pretendoit
de la Guyenne, en le condamnant de pur crime de felonnie.
Qui a maintenu la Loy Salique contre l’imprudente Declaration de
Charles VI. qui adjugeoit la Couronne de France aux Anglois : Qui
a iugé nulle la cession que François I. fit à Charles V. de la Duché
de Bourgogne, aux droicts de la Maison d’Orleans sur le Duché de
Milan, & au Royaume de Naples & de Sicile : & qui a rompu les
choses illicites, à quoy il s’estoit obligé ; cette cession estant violente,
à raison qu’il ne l’auoit faite que parce qu’il estoit son prisonnier :
Qui a reüny le Duché de Bar à vostre Majesté sur le Duc Charles de
Lorraine, à faute de foy & d’hommage : Qui a resisté aux Papes ennemis
de la France, approbateurs des injustes vsurpations de la Nauarre
par Ferdinand Roy de Castille : Qui a chastié les Legats du
sainct Siege, qui venoient fulminer des interdits contre la France :
Qui a puissamment deffendu les droicts de l’Eglise Gallicane : Qui
s’est enfin roidy contre ceux qui ont eu l’audace que de vouloir transporter
par vne alliance pernicieuse vostre Trosne en Lorraine, pour
le faire passer par apres plus commodément en Espagne.

 

Voila, SIRE, les attentats de ce mauuais Ministre, voila les obiets
de sa cruauté & de sa fureur : Mais voicy la patience de ce Parlement
celebre, il souffre ce traitement l’espace de cinq années, pendant
lesquelles abusant de la bonté de la Reyne vostre Mere, & de
celle de nos Princes, il s’est rendu par leur tolerance si puissant, qu’il



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