Anonyme [1652], LE FIDELE EMPIRIQVE OV LE PVISSANT HELLEBORE D’VN ANTI-MACHIAVEL : Pour contenter les Mal-contens de l’Estat, & affermir la Liberté des Peuples. "Cœcus est qui Veritatem odit." , français, latinRéférence RIM : M0_1387. Cote locale : B_18_33.
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du nom & de l’authorité du Prince, & sous cette
couuerture font qu’ils croyent seruir à leurs intentions, à
quoy ils asseruissent les interests du Prince & de l’Estat,
& ne s’en soucient qu’entant que cela sert à leurs fins ; font
entretenir ou abandonner les alliances, font la guerre
sous de mauuais pretextes, font donner les charges & les
commandemens selon qu’ils estiment estre à propos, non
pour le bien du public, mais pour l’accomplissement de
leurs desseins particuliers. Tous ceux desquels nous auons
blâmé les deportemens cy deuant en ont vsé ainsi. Or cela
estant, ce seroit vne grande simplicité de telles gens,
qui se disposent à quitter leur fortune, si le bien des affaires
du Prince le desire ; leur maxime estant au contraire,
de s’y maintenir & conseruer par quelque sorte de moyens
que ce soit, mesmes y allast il de la ruine des affaires de
leur Prince & bien faicteur.

 

Ce fut ainsi qu’en vsa l’Euesque de Vincestre, M. Pierre
des Roches : toute la Noblesse d’Angleterre s’estãt assemblée
pour se plaindre au Roy Henry III. d’Angleterre,
des extorsions & violences de cét Estranger, qui auoit dépoüillé
presque tous les Anglois de leurs charges, pour les
donner à des Poiteuins. Car le Roy s’estant aucunement
disposé à renuoyer cét Euesque, aprés y auoir esté exhorté
par toutes sortes de gens, mesme par ses Predicateurs ;
l’Euesque le mania tellement, qu’au lieu de ce faire, il le
fit resoudre à vn conseil violent, qui fut cause d’vne grande
& sanglante guerre, en laquelle perirent infinies gens
de bien, plusieurs illustres Seigneurs d’Angleterre, &
qui fut finalement appaisée par l’expulsion de cét Euesque
& de ses adherans : mais suiuie apres d’vne autre plus
grande : ce Prince s’estant derechef ietté entre les mains
d’autres estrangers plus qualifiez à la verité ; mais qui n’auoient
point d’enuie de faire leurs affaires, & ayant en outre
repris quelques vns des abherans de l’Euesque de
Vincestre : ce qui produisit tant de maux, & vne guerre si
furieuse, & accompagnée de si funestes effects, qu’il ne se



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