Anonyme [1649], LE FESTIN BVRLESQVE DV FOVRBE OV LA MICARESME DES PARTISANS Traittez à la Cour par leur chef & Protecteur le C. M. , françaisRéférence RIM : M0_1376. Cote locale : C_5_7.
page précédent(e)

page suivant(e)

-- 7 --

la mer noire.

 

Le desert leué on vit paroistre dessus la table & deuãt
chacun de ces Messieurs vne seraine nuë chacune sa corne
d’abondance en main, representant le visage au naturel
des belles qui sont honorées de leur entretien à
Paris, qui ietterent à chacun de leurs galands des eaux
& poudres de senteurs, & chanterent des vandeuilles
pour obtenir deux augmentations de leur pension d’amour,
nouueaux carrosses & emmeublements à leur
retour à Paris.

Ces Dames disparuës l’on seruit la nape dans vn bassin
à lauer vn grand nombre de testes humaines dont le
spectacle deuoit faire horreur : mais ces Messieurs y trouuerent
de la consolation, voyant que s’estoient celles
de leurs ennemis & sur le doute qu’elles fussent naturelles,
quelques vns y porterent les mains qui les firent
estodnez, car ces testes se trouuerent auoir des dents
qui mordirent douloureusement ces curieux, en sorte
qu’ils s’en sentirent long-temps, & pour le tout disparut
laissant de la peur & de la confusiõ en l’ame de tous.

Et d’autant qu’apres vn si grand repas ils deuoient
auoir besoin de poudre digestiue, il en fut serui dans
vne boëte d’or vermeil, elle estoit composée de cendre
de tonnerre de la poussiere que fait le mouuement du
Zodiaque, & des essieux sur quoy roullent les deux polles
faite durant l’esté, auec vn peu de la suye qu’engendre
le feu elementaire au ciel de la lune son voisin, dont
chacun de ces Messieurs les Partisans prit vne cueilliere
pleine par curiosité que par necessité, pensant auoir
tous l’estomach du mesme aussi chaud que l’Autruche
ayant tant digeré d’or & d’argent depuis que le monopole



page précédent(e)

page suivant(e)