Anonyme [1649], LE DVEIL DE PARIS SVR L’ELOIGNEMENT du Roy. , françaisRéférence RIM : M0_1064. Cote locale : C_2_54.
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Ou si mon Roy m’entend, & qu’vn trait de pitié
Flechie en ma faueur sa plus tendre amitié,
Il rend si noire à lors ma candeur innocente,
Que cette amitié passe en vne haine ardente.

 

 


Quoy plus ? n’appren-je pas qu’à ce facheux moment,
Qu’auec mille sanglots ie conte mon tourment :
Qu’à ce moment fatal où toute languissante,
Ie parle à mon LOVIS d’vne voix defaillante,
Ce barbare Destin qui se plaist en mes maux,
Emporte encor plus loin cet adorable Heros ?

 

 


Comme moy Saint Germain, perd ce petit Achille,
Compiegne le reçoit & cette heureuse ville
Par ce depost sacré devient vn Paradis
Remply des voluptez que nous eusmes jadis.

 

 


Ah ! ce sensible coup rend ma disgrace extréme,
Il m’oste tout espoir, il m’oste la voix mesme :
La force me defaut, & iusques dans mon cœur
Se glisse vne funeste & mortelle langueur.

 

 


Mon cher Prince Adieu dõc, puisqu’il faut que i’expire,
Mais sache que ie suis le cœur de ton Empire,
Qu’il en tire sa force & ses meilleurs esprits,
Et qu’il perit du coup qui fait perir Paris.

 

FIN.



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