Anonyme [1649], LE COVRIER ESTRANGER, CONTENANT LA LETTRE DE CREANCE QVE L’ARCHIDVC LEOPOLDE A ENVOYEE A Messieurs de la Cour du Parlement de Paris. Ensemble ce qui s’est passé en ladite Cour sur le mesme sujet: & la Harangue faite par Messieurs les gens du Roy à S. Germain en Laye. , françaisRéférence RIM : M0_826. Cote locale : C_1_45.
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de voir vostre Majesté sans autre equipage que celuy de vos Robbes, qui
sont les marques de nostre profession, le caractere exterieur de la Magistrature
que vostre Majesté nous a communiquez, auec lesquels nous esperons flechir
son couroux & son indignation, appeller de sa puissance à sa bonté, & luy demander
la justice qu’elle ne refuse à personne. Ainsi l’Escriture nous enseigne
que la Majesté diuine estant offensée contre son peuple, & le voulant chastier,
le premier des Pontifes, se faisant mediateur entre Dieu & les hommes, ne se
seruit d’autres armes que de la priere qu’il auoit sur les levres, & de l’Encensoir
qu’il tenoit à sa main : Il auoit pour toute sorte de defenses les habits de sa profession
auec lesquels il s’opposa à la colere du Ciel, & resista à la violence & à la
necessité qu’il deuoit apprehender, ce qui rendit son intercession efficace & glorieuse.
Quant à nous Madame, nous abordons vostre Majesté l’amertume dedans
l’ame & l’humilité dans le cœur, pour la supplier d’auoir agreable les excuses
de son Parlement qui a differé d’entendre son Herault, de crainte d’offenser la
Royauté, & de faire preiudice au point de la Souueraineté, de la conseruation
duquel ils sont jaloux plus que tous les hommes du monde & au surplus ils nous
ont chargé de protester à vostre Majesté l’obeyssance, les respects & les soubmissions
toute entiere du Parlement. Apres quoy la Reyne ayant commandé à
Monsieur le Chancellier qu’il nous fist entendre sa volonté, il nous dit que sa
Majesté auoit satisfaction toute entiere des paroles & des asseurances que nous
luy auions données ; mais qu’elle ne pouuoit en estre absolument contente, si
elles n’estoient suiuie & accompagnées d’effets veritables, apres lesquelles nous
pourrions esperer les tesmoignages de sa bienveillance toute entiere, & dans
la conseruation de l’authorité Royalle, l’asseurance de tous les particuliers :
Qu’encores qu’elles ne peut cognoistre les Arrests du Parlement pour des deliberations
d’vne Compagnie Souueraine, attendu l’estat present des affaires,
qu’elle ne changeroit pas neantmoins de volonté, & que nous esprouuerions
tousiours les effets de sa bien veillance quand nous nous mettrions en nostre
deuoir, dont sa Majesté donnoit ces premieres asseurances par la seureté qu’elle
promettoit des personnes & des fortunes de tous les particuliers sans en excepter
vn seul. Apres quoy Monsieur le Duc d’Orleans prenant la parole, nous
dit qu’il s’estonnoit fort que le Parlement ne rendist pas promptement ses
obeyssances à la Reyne, y eu qu’il y estoit obligé en toute sorte de façons, &
qu’il en auoit tousiours donné les exemples ; pouuant au surplus se promettre
de la bienveillance de la Reyne toute sorte de bons traictemens, & pour le general
de la Compagnie, & pour tous les particuliers : En suite Monsieur le Prince
nous dit qu’il n’auoit rien à nous adiouster à ce qui nous auoit esté reprensenté
de la part de la Reyne & de Monsieur le Duc d’Orleans, que nous pouuions
asseurer le Parlement que la Reyne n’auoit autre intention que le bien de l’Estat
& la conseruation de l’authorité Royalle, dans laquelle est contenu le salut
du peuple & la fortune de tous les particuliers. Ainsi nous estans retirez nous


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