Anonyme [1652], DERNIERE ET TRES-IMPORTANTE REMONSTRANCE A LA REINE, ET AV SEIGNEVR IVLES MAZARIN, pour haster son depart de la France. , français, latinRéférence RIM : M0_1020. Cote locale : B_4_25.
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voix de tant de millions d’hommes qui repetent
souuent ce vers de Virgile en parlant de vous ?

 

Quid struit aut qua spe inimica in gente moratur.

Et de tant d’autres qui semblent vous dire auec luy,

I sequere Italiam ventis pete regna per vndas ?

Mais sur tout le murmure des ombres de ceux
que vous auez fait perir iniustement, pour establir
les fondemens de vostre fortune sur leurs ruines, ne
vous cause-t’il point de terreur, lors qu’elles semblent
pousser contre vous cette voix du profond de
leurs tombeaux ?

Exoriare aliquis nostris ex ossibus vltor.

Et crier aux Parisiens pour réueiller leur valeur
endormie,

 


Vos vnanimes densate caternas
Et Regem vobis pugna defendite raptum.

 

Que si cependant la passion qui vous preoccupe,
iointe aux mouuemens de vostre ambition, vous
empesche de gouster la force de nos discours & de
nos raisons ; i’espere que comme Cresus, qui dans
ses prosperitez s’estoit tousiours moqué de la sagesse
menassante de Solon, se souuint seulement de ses
aduertissemens sur l’échaffaut, en repetant plusieurs
fois son nom, qui fut cause que Cyrus son vainqueur
luy sauua la vie, dont il passa le reste dans vn
regne beaucoup plus moderé ; estant de mesme bientost
dans le peril, vous vous souuiendrez de nos Remonstrances,
dont ie beniray l’augure, si elles operent
en vostre sort les mesmes effets. Adieu.

FIN.



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