Anonyme [1649], LE COVRIER DE LA COVR, PORTANT LES NOVVELLES de S. Germain, depuis le 15. Mars 1649. iusques au 22. , françaisRéférence RIM : M0_821. Cote locale : C_1_41_1.
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bien le sujet de son voyage. Mais il est certain que le Sieur de Lieutenant
de Monsieur de Mont-bazon à Soissons, n’a pas deferé aux ordres qu’il a receus
de la Cour, de remettre cette Ville-là au Mareschal d’Estrée, qui est depuis 15.
iours ou trois semaines à Chauny, ou aux enuirons pour cét effet ; & on apprehende
à la Cour qu’il ne soit d’intelligence auec les Ennemis.

 

Ce iour le Mareschal Duplessis-Praslin eut ordre de s’auancer auec la pluspart
des vieux Regiments tirez de la pluspart des quartiers qui sont autour de
Paris, faisant 5. à 6. mille hommes, du costé de Villiers-Cesterets, pour aller
au deuant des Ennemis, & leur empescher le passage de la riuiere d’Aisne, &
l’entrée de l’Isle de France, ou du moins les tenir en jalousie en attendant l’arriuée
des troupes d’Erlach.

Vendredy 19. les Députez du Parlement se rendirent à S. Germain, furent
chez Monsieur le Chancelier, & disnerent à la Capitainerie. Les Députez des
Princes y furent aussi, sçauoir Monsieur le Duc de Brissac, & les Sieurs de
Barriere, & de Grecy, & mesme le Sieur d’Atonuille enuoyé de Monsieur de
Longueuille : Mais il ne fut rien resolu, ny proposé de nouueau, à cause qu’on
trouua bon d’attendre les Députez du Parlement de Roüen qu’on sçeut estre
en chemin.

On se plaignit à la Cour des difficultez qu’on faisoit aux portes de Paris, de
laisser sortir ceux qui se vouloient retirer, & qu’on les obligeoit à poursuiure
des Passeports qui n’estoient accordez qu’auec peine, à cause que le Parlement
n’en donnoit plus, mais les Generaux qui auoient fait redoubler la garde. On
se plaignit encore du mauuais traittement qui auoit esté fait à quelques Allemands,
& autres gens de guerre : Les Députez au contraire se plaignirent de
ce qu’on arrestoit, & que l’on traittoit mal ceux qui apportoient des viures à
Paris, & que les Soldats continuoient de voler & de violer iusques aux portes
de la Ville, nonobstant la trefve : Mais il fut respondu que ces choses se faisoient
sans ordres ; & qu’on ne pouuoit pas empescher que quelques Soldats
ne se débãndassent, & ne commissent de pareilles violences à vne mousquetade
de S. Germain mesme.

Nouuelles vinrent de Munster que l’on commencoit d’executer le Traitté de
la Paix d’Allemagne du costé des Suedois & des autres interessez, & qu’on
s’estonnoit qu’on ne fist le mesme de la part de la France. Ce qui fit resoudre
d’y enuoyer le Sieur de Vauteste, pour tenir la main à l’execution des choses
accordées, au lieu du Mareschal de Turenne qui en auoit receu l’ordre.

La tresve deuant expirer à minuit, fut renouuellée pour autres trois iours.

Samedy 20. à cause de l’absence de Monsieur d’Atonuille, & de l’attente
des Deputez de Roüen, on ne fit rien dans la Conference, que s’entretenir,
quoy que le Comte de Maure s’y trouua, comme second Deputé des Princes.
On fit voir aux Deputez vne lettre du sieur Pardieu Gouuerneur de Guise, par
la quelle il connoit auis que le sieur de Legues, qui estoit dans l’Armée de l’Archiduc,
luy auoit escrit qu’il esperoit qu’il seroit bien aise de contribuer à la
déliurance de Monsieur de Guise des mains des Espagnols, en remettant sa



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