Anonyme [1649], LE CONSEILLER FIDEL AV ROY. , françaisRéférence RIM : M0_765. Cote locale : C_1_30.
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chers & miserables, temps.

 

Qui auroit vny à ce compte tous les deniers & profits des Edicts
faits depuis 25. ans, ils se trouueroient suffisans pour entretenir
long temps vne tres-grande armée, sans molester vos pauures &
desolez subiets. Où au contraire tous ces deniers se sont dissipez,
vne partie employée en bastiments inutils, autre partie en luxe,
& la plus grande partie s’en est allée dans le gouffre insatiable de
ces maudits Monopoleurs & Partisans executeurs de vos Edicts.

A propos de Partisans, l’on sçait leurs Contracts aduantageux,
qui sont faits à leur profit, moyennant les bons presens qui se font
à ceux, qui les fauorisent, profitans encor plus par tels moyens,
que par le credit qu’ils ont en vos espargnes, & sans se mettre en
peine de faire verifier le tout par cét auguste Parlement, duquel
on ne sçauroit assez dignement loüer la fidelité & sincerité de
vie. Cecy, SIRE, n’est point vn conte fait à plaisir, & tout
ainsi qu’on a escrit les actions des siecles passez, les vostres, &
celles de vostre temps & regne, seront escrittes à la Posterité, &
qualifiées du tiltre qu’elles meriteront sans aucun déguisement ;
ce qui n’est pas de petite importance à vostre honneur.

Chassez, SIRE, ces traistres de Financiers qui sont autour de
vous, & qui succent vostre sang, comme sangsuës & harpies,
ennemis des gens de bien, & de vostre Estat, amis de leur bourse
& de leur profit particulier. Vous auez desia commẽcé par quelques
vns, chassez apres eux tous les autres qui les ressemblent :
car telles gens auancent la ruine de vostre Estat, & de vostre
pauure peuple. Dittes à ceux à qui vous auez tant donné, qu’ils se
contentent pour ce coup, & qu’ils sont trop goulus.

C’est vne chose tres asseurée, que si vous croyez, SIRE, vostre
flatteur politique estranger, & pernicieuse mousche, guespe
de l’Estat, il vous fera trébucher en vne peine incroyable, &
vous rendra si desnué de tout, que vous n’aurez iamais vn bon
iour qui vous soit paisible, & n’y aura si petit en vostre Royaume,
qui en sa condition ne se trouue plus heureux que vous.

L’on dit du Cardinal d’Yorck, qui gourmanda iadis toute l’Angleterre,
que quand il parloit, ou escriuoit, il disoit, Moy, & le



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