Anonyme [1649], LE CHEVALIER CHRESTIEN PARLANT DES MISERES DV TEMPS, A LA REYNE REGENTE. , françaisRéférence RIM : M0_696. Cote locale : C_1_14.
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de la Majesté diuine, contre ceux qui le prodiguent si
inutilement en des occasions si indignes de leur courage,
tesmoin cét incomparable Duc de Chastillon, qui mourant
à l’attaque d’vn meschant village enseuelit le glorieux
reste de sa famille auec sa personne dedans vn tombeau.
On expose encore plusieurs de vos subjets dans
cette malheureuse guerre, tesmoin tant de braues
Officiers, & tant de bons soldats qui sont morts à cette
prise abandonnée de Charenton. O guerre de Paris,
que tu me semble cruelle ! tu prepare vn tombeau à tant
de Princes, à tant de Seigneurs, & à tant de braues hommes,
qui periront peut-estre & à l’attaque & à la deffence,
tandis que ceux qui les animent diuersement par
leurs Conseils, & qui ne les esgalent pas en naissance, en
merite, ou en vertus, sont à Sainct Germain, dans les delices
de la Cour, libres des apprehensions de la mort, &
des rigueurs de la famine. O espouuentable guerre ! où
des millions d’Innocens se trouuent engagez par la prochaine
ruine de toute la France : ô guerre inhumaine ! où
ceux qui gagneroient, perdroient peut-estre les premiers.
Ouy, MADAME, I’ose dire à vostre Majesté que
Paris est blocqué par des trouppes, presque toutes
estrangeres ; mais considerez s’il vous plaist vne verité
tres-certaine, que vous estes plus assiegée, que Paris,
puisque presque toutes les Prouinces, toutes les Villes &
tous les Sujets de vostre Royaume, s’arment contre
vous à la deffence de la liberté publique desolée. Que si
la victoire estoit à nous, comme on le peut pretendre de
la iustice de nos desseins, qui ne tendent qu’à la gloire du


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