Anonyme [1649], LE CHEVALIER CHRESTIEN PARLANT DES MISERES DV TEMPS, A LA REYNE REGENTE. , françaisRéférence RIM : M0_696. Cote locale : C_1_14.
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dans Paris, où tout le peuple verse des larmes de sang
dessus son absence. Ce beau Soleil, dissipant les tenebres
de nostre tristesse, & les obscuritez qui terniroient vostre
renommée dans les siecles à venir, y doit faire estimer Vostre
Majesté vne des plus sages, vne des plus vertueuses &
vne des plus Chrestiennes Princesses du monde.

 

On vous entretient peut-estre dans ces pensées, Madame,
que l’authorité du Roy se trouue enfermée dans
la ruine de Paris, que le Parlement n’authorisant pas par ses
Arrests les Declarations du Conseil, qui auoient mis les
tailles en party, s’opposé à l’authorité du Roy vostre Fils,
& que le peuple, prenant les armes soubs la conduitte de
plusieurs Princes donne lieu à vne guerre ciuile, qui ruineroit
l’Estat, & que par consequent vous deuez au peril de
vostre honneur & de vostre vie, conseruer au Roy l’authorité
dans son Royaume par la perte mesme de plusieurs
particuliers. Ne vous laissez pas surprendre à ces fausses
lumieres, elles vous conduiroient tres asseurement dans vn
estrange precipice de deshonneur & de blasme. Ce grand
Cardinal de Richelieu qui estoit plus grand Politique, &
plus zele seruiteur du Roy, que ceux qui sont aupres de
Vostre Majesté, croyoit tellement que l’authorité de Loüis
treizieme dependoit de la conseruation de Paris, qu’il ne
pensa iamais à sa ruine, quoy qu’il eust esté souuent choqué
par les menaces de ses sujets, & par les oppositions
de son Parlement. Le refus que la Cour a fait de condescendre
au party des tailles est necessaire aux finances du
Roy, puisque de plusieurs millions qu’on tiroit tous les
ans de ses sujets, il n’en vient pas le tiers dans les coffres



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