Anonyme [1652 [?]], LE CAMOVFLET DONNÉ A LA VILLE DE PARIS, pour la réveiller de sa LETHARGIE. , français, latinRéférence RIM : M0_620. Cote locale : B_14_10.
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Enfin elle te dérobe la pensée du futur,
dont le present estalle deuant tes yeux des
preuues incontestables ; Sors donc de ces malheureux
assoupissement, retire-toy du nombre
des morts, fais voir à toutes les nations de la terre,
qui attendent auec estonnement l’issuë de cette
sanglante tragedie : qu’enfin vne patience lassée
se conuertist en vne fureur d’autant plus à craindre
qu’elle doit ioindre par son retardement l’excez
à la raison. Sors de cét estourdissement qui te
conduit à vne mort inéuitable. Pauure Ville ! que
ie puis à bon droit comparer ta Lethargie à l’insensibilité
d’vn Cadavre, & que ie te puis dire
auec raison, Stulta quid bic somnus, gelidæ nisi mortis
imago, ô folle & insensée tu crois estre dans vn repos
aduantageux à ta conseruation, pendant que
tu es dans les ombres & dans les affres de la mort.

 

Psal. 40.

L’on te persuade que cette insensibilité est
loüable, & qu’elle n’est autre que l’effet d’vne
aueugle obeyssance que tu dois à ton Souuerain,
que c’est vn crime de rebellion que de conceuoir
les moindres sentimens de deffendre sa vie contre
vne Tyrannie manifeste ; ie sçay que ce sont
les flatteries de quelques interessez qui taschent
aujourd’huy de destruire par leurs discours empestez,
si peu qu’il te reste de sentiment pour ta
misere : mais sans s’arrester aux pensées des ces



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